Même si, selon un proverbe japonais, «ce n’est pas avec un éventail qu’on dissipe les brouillards» , la patience a ses vertus. Les défenseurs du milieu naturel du Doubs franco-suisse pourraient bien observer prochainement des changements dans la gestion des barrages sur le Doubs franco-Suisse.
En avril dernier, les pêcheurs de ce rivière à cheval sur la France et la Suisse faisaient circuler de nouveau une pétition et également une vidéo pour dénoncer les ravages des éclusées sur les poissons.
Un communiqué de presse publié lundi à Berne précise que des nouvelles mesures viennent d’être prises pour améliorer la gestion des barrages. Même si pour Christian Triboulet, président de l’association de pêche la Franco-suisse, «il n’y a rien de nouveau et cela ne va pas changer grand-chose», ce texte affiche un nouvel état d’esprit. Pour le garde-pêche de la Franco-Suisse Patrice Malavaux « le lissage des éclusées par des paliers supplémentaires est moins pire que ce qui se faisait avant, mais une rivière n’est pas faite pour passer quotidiennement de 2 à 40 m3 / sec, et vice versa, que ce soit en une heure ou en 3. Les effets dévastateurs restent les mêmes (…)On continue de faire des études alors que des rapports tout prêts ciblent déjà les nuisances des éclusées et proposent des solutions alternatives permettant de conjuguer production électrique et véritable respect de l’environnement. C’est encore très insuffisant et inquiétant si l’on n’envisage pas d’évolution à l’aube de l’écriture du nouveau Règlement d’eau de 2014″.
Depuis février dernier, les services des états suisses et français et les exploitants des barrages se retrouvent régulièrement pour tenter de faire évoluer la gestion des barrages vers une démarche plus respectueuse du milieu naturel. Cette fois-ci « on s’est mis d’accord, maintenant il faut que cela se fasse concrètement» précise le représentant de la DREAL. Franz Schnider, le représentant de l’office fédéral de l’énergie affirme même que le groupe de travail franco-suisse est «convaincu qu’il y a encore du potentiel si il il y a une meilleure coordination entre les ouvrages». Et c’est justement l’objectif du prochain essai grandeur nature qui doit être réalisé fin août. Dans un second temps, un modèle mathématique pourrait être mis au point pour gagner en réactivité.
Si il suffit juste de mieux travailler ensemble, pourquoi ne pas l’avoir fait plutôt ? Le dossier du Doubs franco-suisse est complexe. Trois groupes de travail existent et à chaque fois, les interlocuteurs sont français et suisses. D’où une certaine lenteur pour prendre des décisions.
Le 27 juin dernier, le groupe de travail binational pour l’amélioration de la qualité des eaux et des milieux aquatiques annonçait qu’il avait «décidé d’entrer le plus rapidement possible dans une démarche concrète et opérationnelle visant à rétablir la migration des poissons et le transport des sédiments dans le Doubs franco-suisse» grâce à des nivellements des seuils ou même l’installation de passes à poissons.
En deux mois, deux avancées ont été présentées, la politique des petits pas semble bien la seule applicable pour les rivières comtoises tant les dossiers sont complexes.
Isabelle Brunnarius