25 Fév

Il y a 110 ans, à Borox…

Portrait de Domingo Ortega par Ignacio Zuloaga (Musée de Las Ventas, Madrid)

Portrait de Domingo Ortega par Ignacio Zuloaga (Musée de Las Ventas, Madrid)

Il y a 110 ans, le 25 février 1906, naissait à Borox, province de Tolède, Domingo Ortega, un des toreros majeurs du vingtième siècle. Encore analphabète à l’âge de 15 ans, il se paya des leçons avec ses premiers cachets et devint l’ami, au faîte de sa carrière, des intellectuels de son temps comme Ortega y Gasset. Sa tauromachie rigoureuse, presque aussi austère que les paysages de sa terre natale, se caractérisait paraît-il par son temple.

Quand il se préparait pour l’alternative (il la prit en 1975), Luis Francisco Esplá passait beaucoup de temps à tienter dans la ganadería Hernández Plá. C’est là qu’il a rencontré, à plusieurs reprises, le maestro Ortega. Esplá avait 16 ou 17 ans et Domingo Ortega près de 70 (et non 80, comme l’affirme Esplá). Quand la vache était bonne, le maestro descendait en piste et donnait quelques passes.

 

Luis Francisco raconte…

Je respecte énormément les anciens. Ils constituent un puits d’expérience. Il y a la légende. Mais c’était surtout la chance de voir un artiste de près de 80 ans se mouvoir en public : c’est très émouvant. Je ne ressentais pas ce qu’on ressent en voyant des personnes âgées, une sorte de piété. C’était tout le contraire. Il se dégageait de lui une impression de splendeur, de force, de connaissance, de solidité devant la vache. Le tout avec une lenteur stupéfiante. En résumé, j’étais dans l’admiration absolue. Il était impeccablement vêtu, il portait des jambières de cuir. Comme il était frileux, il portait toujours les gants. Il fumait le cigare. Je crois même l’avoir vu toréer avec le cigare à la main. Il maniait la muleta et on aurait dit que la vache en était éblouie. Il marchait dans l’arène avec une lenteur absolue. Il lui manquait juste un cendrier pour déposer ces cendres de temps à autre. C’était magique, Domingo Ortega.