Après quatre mois d’exploitation au départ de Rennes et Nantes vers l’Ile-de-France (puis Tourcoing), la SNCF dresse un premier bilan de son offre Ouigo. Les TGV bleu et rose ont transport 150 000 voyageurs. Dont un bon nombre auraient renoncé à leur escapade, faute de transport à un coût abordable. Entretien avec Tanguy Roumegoux, directeur général de Ouigo.
Vous avez transporté en quatre mois 115 000 voyageurs sur Rennes, 135 000 sur Nantes, pour l’Ile-de-France. Est-ce que ce premier bilan vous satisfait ?
Oui. Nous sommes à environ 11% de tarifs vendus qui sont des tarifs enfants, c’est à dire plutôt une cible familiale, ce qui nous permet de drainer un nouveau trafic.
C’est ça qui est intéressant dans les chiffres que l’on a depuis quatre mois, c’est que 45% de nos voyageurs n’auraient pas du tout voyagé sans cette offre Ouigo, donc nous sommes vraiment sur de nouveaux clients qui viennent compléter la clientèle du TGV.
Un quart de nos voyageurs déclarent qu’ils auraient pris un autre mode de transport que le train si Ouigo n’existait pas. Là nous sommes plutôt sur une clientèle qui d’habitude prend sa propre voiture, ou utilise le covoiturage.
Ce sont de bons résultats, avec un taux d’occupation de 70%, qui méritent d’être confirmés avec l’été qui est pour nous la période la plus importante.
Un des principaux enseignement de ces premiers mois, c’est que nous avons des clients qui n’hésitent pas à prendre d’autres modes de transport pour aller à Rennes, notamment en TER puisque 15 % des clients qui ont utilisé Ouigo à rennes viennent d’autres villes de Bretagne (Morbihan, Finistère, Côtes d’Armor).
L’autre bonne nouvelle c’est le taux de satisfaction puisqu’on a 90% de clients qui se déclarent ou satisfaits ou très satisfaits, dont 57% qui disent être très satisfaits. C’est important pour nous car le principal moyen pour promouvoir l’offre Ouigo c’est le bouche à oreille, avant toute forme de communication.
Quelle est la motivation de quelqu’un qui prend le Ouigo ?
Sans surprise la première motivation c’est le prix, c’est pour cela que l’offre a été conçue: très accessible tout en préservant les fondamentaux de la grande vitesse et un niveau de sécurité et de confort optimal.
L' »arbitrage » que fait le client en face du prix, c’est par rapport à un choix d’horaire réduit, un aller-retour quotidien entre Rennes et Nantes et l’Ile-de-France, et on arrive pas à Paris intra-muros mais à Massy-TGV, Marne la Vallée ou Roissy Charles de Gaulle. Mais cela a été pensé pour rejoindre facilement le centre de Paris ou d’autres gares en 30 ou 40 minutes.
Ca implique une clientèle un peu différente ?
Dans les grandes catégories nous avons une majorité de familles, mais aussi d’étudiants et de retraités. Des gens qui sont peut-être moins sensible à l’heure de départ du train et qui peuvent plus facilement organiser leur vie personnelle en fonction des contraintes de Ouigo.
Mais on trouve aussi 25% de CSP+, actifs, qui font un arbitrage par le prix en se disant « ce que j’attend du voyage c’est d’abord aller d’un point A à un point B, sans forcément un service particulier à bord ». Donc on a une grande mixité des voyageurs à bord d’un Ouigo.
Proportionnellement, nous avons beaucoup plus de nouveaux clients sur l’Atlantique (Rennes et Nantes) qu’on en a eu sur le sud-est.
Donc les modes de transports ne se concurrencent pas ?
On constate ce que l’on a constaté il y a plus de dix ans avec l’arrivée du low-cost dans le transport aérien, où l’on prédisait la fin des compagnies traditionnelles et où finalement cela s’est transformé en une augmentation du nombre de voyages et du nombre de voyageurs.
C’est un peu se qui se passe effectivement avec Ouigo. On l’a vérifié avec une étude réalisée l’année dernière, on a encore 60% des personnes qui renoncent à un voyage à cause du coût du transport. En proposant des prix très attractifs, on redonne envie et la possibilité de partir un week-end ou quelques jours. En général, ce ne sont pas des vacances longues mais plutôt pour aller voir de la famille, donc le facteur de coût c’est essentiellement le voyage.