« Nos valeurs ne sont clairement pas de gauche. Donc nous ne sommes pas des hypocrites (..) nos relais en France sont les députés nouvellement élus et les sénateurs UMP. Les délégués des Français de l’étranger- UFE siègent dans le même groupe que les sénateurs et les députés UMP à l’AFE (assemblée des Français de l’Étranger) il en est de même pour les élus ADFE et les parlementaires PS ».
En répondant aussi nettement à une mise en cause d’un site israélien, Robert Feldman, le président de la section locale de l’UFE (Union des Français de l’Étranger) a surpris. Et pas seulement son contempteur. S’il ne contient aucune révélation à proprement parler, le propos ébrèche en effet le dogme associatif de l’UFE qui prend soin habituellement de souligner son apolitisme. Récit.
Contexte local
Les choses ne se passent jamais tout à fait comme comme ailleurs en Israël et notamment chez les nombreux binationaux franco-israéliens. Majoritaires dans la 8è circonscription de l’étranger (Italie, Malte, Grèce,Turquie, Chypre, Israël), les électeurs israéliens avaient les cartes en mains pour faire élire un de leurs candidats. Certains d’entre-eux espérant ouvertement envoyer un « lobbyiste » israélien à l’ Assemblée Nationale ! Mais finalement, la forte abstention, les divisions à droite et le choc des ambitions personnelles ont ouvert la voie à l’élection de la candidate socialiste portée par les suffrages des communautés françaises des autres pays de la circonscription.
Pas de quoi apaiser on s’en doute les sempiternelles querelles entre les différents protagonistes de la droite » franco-israélienne « . D’autant que l’élection pourrait être « rejouée » après l’invalidation des comptes de campagne de l’élue socialiste.
UMP, Likoud, UFE, même combat !
C’est dans ce contexte qu’intervient début janvier, la charge, violente, du très « nationaliste » site JJS New contre Valérie Hoffenberg, candidate UMP battue en juin dernier.
Organisatrice d’une réunion politique aux côtés du Likoud en pleine campagne électorale israélienne ( scrutin le 22 janvier), Valérie Hoffenberg est accusée tout à la fois d’opportunisme et d’ingérence dans la politique intérieure israélienne. Or il apparait que la section locale de l’UFE est associée à l’événement…qui se retrouve ainsi dans la ligne de mire du rédacteur du pamphlet : » quoi de mieux que de se mêler de la politique intérieure d’Israël, en organisant des meetings électoraux pour ou avec le Likoud. On se fait ainsi et à peu de frais une clientèle. C’est ce que va faire ce soir à Netanya Valérie Hoffenberg, avec le soutien de l’UFE que je croyais être apolitique (..) quelle surprise que de voir sur le mail qui a été envoyé que le sigle de l’UMP est accolé au sigle de l’UFE (Union des Français de l’Étranger).
Droit de réponse et parler clair
La réplique ne se fait pas attendre sous forme d’un droit de réponse rédigé par Robert Feldamn, le président de la section locale de l’association.
Dans ce long texte déjà cité en exergue, le militant associatif assume tranquillement son engagement partisan et celui de sa section auprès des partis politiques de sa famille de pensée: « Il est (..) clair comme de l’eau de roche que l’immense majorité d’entre nous votent à droite de l’échiquier politique, cela n’est un secret pour personne. Le Likoud est donc un segment de la famille politique de droite en Israël qui séduit une partie de nos membres », avant de conclure mi provocateur, mi ironique : « Je suis affreusement navré que vous soyez surpris et choqué de la présence de l’UFE aux côtés de l’UMP mais il faudra cher ami vous y faire »
On peut saluer cette exercice de transparence inédit, même s’il s’agit d’un secret de polichinelle. Chacun sait que l’UFE est le pendant à droite de l’ADFE, à gauche. Très longtemps seule à représenter les Français expatriés, l’UFE (créée en 1927) a été mécaniquement déportée sur la droite de l’échiquier à la création de Français du Monde-ADFE (Association Démocratique des Français de l’Étranger)en novembre 1980 à initiative de militants socialistes.
Pas sûr pour autant que cette évidence locale ne fasse pas tousser le président de l’UFE, Gérard Pélisson, qui interview après interview, comme ici , en conclusion de ce long entretien au petitjournal.com , n’a de cesse de revendiquer le caractère apolitique de son association : » C’est dans ses gènes, dans son histoire. L’essence de l’UFE est apolitique. »
Affaire à suivre ?
MAJ Lors de ses vœux à ses adhérents, Gérard Pélisson, président de l’UFE a répété avec force sa profession de foi « plus que jamais notre association doit proposer une voix libre et indépendante de toute politique partisane. » Compte tenu de la concomitance des dates, peut-être n’avait-il pas encore été informé de l’épisode israélien.
