« Je suis de nature pondérée et réfléchie. Mais là, sur ma posture morale intellectuelle, après le drame de Toulouse, je n’accepterai pas les polémiques politiciennes et abjectes »
« Je vous le dis à tous , Ça suffit ! Je pense ce que je dis, Oui, je suis juif en ces heures Oui, je me sens juif et j’ai eu une peine sincère pour cette veuve, ces familles. Je me fiche des quolibets sur la « forme » de mon témoignage instantané. Oui, je voulais crier ma colère. Et vite. Par mail ou tous moyens. Oui, je voulais faire entendre mon chagrin. »
Frédéric Lefèbvre en a assez. Assez d’être moqué à la moindre maladresse, assez d’être montré du doigt. Ce soir, dans le mail qu’il m’a fait parvenir, c’est l’homme, visiblement blessé, plus que le Secrétaire d’état qui s’exprime. Et qui cherche à contre attaquer !
Depuis, ce matin, j’avais fais part à ses conseillers de mon intention de consacrer un billet aux réactions provoquées par son adresse aux victimes du tueur de Toulouse. Les réactions d’indignation commençaient en effet à fleurir sur le net.
En concluant mardi son message de compassion d’un vibrant « Aujourd’hui, je suis juif ! », l’homme avait en effet semblé choisir ses victimes, provoquant l’indignation de la blogueuse Auror Gorius dans leplus.nouvelobs.com : « Quand Frédéric quand Frédéric Lefebvre (UMP) récupère la tuerie de Toulouse« .
En adressant son texte, par e-mail, aux électeurs nord américains de la circonscription des Français de l’étranger où il se présente, le candidat avait nourri la suspicion d’une « compassion électoraliste ». Alertés par la candidate Modem de la circonscription, lepetitjournal.com, puis le site américain frenchmorning s’étaient fait naturellement l’écho de la polémique « Le “Je suis juif” de Lefebvre provoque des remous »
Des questions, des émotions
Car à l’évidence, il y avait matière à s’interroger. Journalistiquement. Mardi, Frédéric Lefebvre avait été très clair en surlignant vers qui « allaient ses pensées » au moment de se recueillir et en demandant « pardon à tous ces amis juifs » pour « cette image obsédante d’un individu assassinant aveuglément avant de saisir la tête de sa proie, une âme pure de 8 ans, pour l’abattre froidement est atroce, odieuse, révulsante ». Mais ce faisant, le secrétaire d’état avait laissé largement de côté les autres victimes, les jeunes militaires, à peine mentionnés au début de son texte, « Après le meurtre d’hommes qui consacrent leur vie à défendre notre patrie », oubliant ainsi d’autres familles, d’autres origines.
Sur ce point, Frédéric Lefèbvre ne revient pas dans son mail de ce soir. Sur tous les autres, il le dit avec force, il assume. « Oui », il a envoyé « un mail », mais c’était parce qu »il voulait crier sa colère et vite. Par mail ou tous moyens ». Pourquoi un envoi ciblé sur sa terre électorale ? Pouvait-il ignorer, malgré les circonstances, les effets de son geste ? La réponse est en partie éludée. J’aurais préféré poser la question de vive voix.
Pour le reste, l’essentiel, l’émotion et la colère, les mots sont assez forts « Mon impuissance face à ces drames m’a révolté. Je soutiens ces veuves, ces familles, ces parents dévastés par ces crimes. »(..) « honte à cette polémique »(..) « Le cœur n’a pas à entrer dans des calculs, dans des réflexions rationnelles. Chers amis de la communauté juive, à laquelle je n’appartiens pas, je suis avec vous. »
Un tel plaidoyer pro domo est assez inhabituel. Frédéric Lefebvre demande le respect. Pour les victimes, bien sûr, mais aussi pour lui dont la fonction lui avait interdit jusqu’ici de répondre à des attaques faciles et grossières. Cette fois, c’est dit.
L’intégral du mail de Frédéric Lefèbvre
Et pour être complet, parce que la forme du mail, sa présentation elle même, n’est pas neutre, je vous le redonne intégralement ,sous son apparence originelle,