©PHOTOPQR/POPULAIRE DU CENTRE LEFEVRE /MaxPPP. Vincent Gérard conseiller municipal FN de Limoges
Depuis octobre 2014, le Front National, par l’intermédiaire de son conseiller municipal Alexandre Papilian, préside à Limoges, une commission municipale chargée d’examiner les aides accordées aux associations culturelles, sportives et sociales de la ville. Ce groupe de travail, mis en place par le maire Emile-Roger Lombertie (Les Républicains) avait provoqué la colère de l’opposition socialiste. Le 5 février dernier, les trois élus Front National du conseil municipal de Limoges ont dressé le bilan de leur première année de travail. Et ils ont accompagné cette conférence de presse d’une tribune dans le dernier bulletin municipal qui fait apparaître l’idéologie préoccupante du parti d’extrême-droite sur la vie associative et qui appelle une réponse du maire de la ville.
L’état des lieux des élus Front National n’est pas seulement chiffré. Ils ne se contentent pas de rappeler qu’en 2015, 319 associations ont reçu 1.981.823 €, pour un montant moyen de 6.212 €, ou que près du tiers de ces associations ont reçu moins de 500 €, ou encore que les associations sportives ont absorbé près de 42% de l’enveloppe globale. Dans le bulletin municipal, ils vont beaucoup plus loin affirmant : « il faut tempérer les élans communautaristes disons « naturels » ou stimulés à des fins électoralistes ». Ils dénoncent « les décennies de gouvernance de gauche » qui « avaient rendu le paysage associatif trouble voire opaque », avec « un climat clientéliste alarmant » qui ne « pouvait échapper aux règles de l’érosion du pouvoir, au laxisme et à la corruption ». Nous sommes loin des conclusions « techniques » d’un groupe de travail représentant l’ensemble des tendances du conseil municipal, et les trois élus du groupe « Limoges Terre de Gauche » dénoncent des « appréciations partisanes et sectaires ».
Les propositions de ce groupe de travail sont attendues dans quelques mois, mais déjà, les élus Front National précisent dans le bulletin municipal la ligne de conduite à suivre : « les associations doivent, en règle générale, s’autofinancer, (…) l’accent doit être mis sur la vie limougeaude (…) la municipalité, en règle générale, n’a pas à payer les emplois associatifs, et la tendance vers l’autosuffisance doit être vivement encouragée ».
Cette vision du monde associatif est profondément contraire à la loi de 1901 et à des décennies de pratique dans l’intérêt général, fondée sur le bénévolat et le service public. Sans l’aide de l’argent de la mairie, beaucoup d’associations devraient tout simplement cesser leurs activités, et en particulier, celles qui œuvrent dans le domaine social.
Certains ont pu voir dans cette présidence de commission, qui n’avait aucun caractère obligatoire, un geste du nouveau maire de Limoges à l’adresse des très nombreux électeurs du Front National (près de 2500 voix) qui se sont reportés sur sa candidature au second tour en mars 2014 permettant ainsi sa victoire sur le maire socialiste sortant Alain Rodet avec seulement 587 voix d’avance.
Mais aujourd’hui, alors que le Front National utilise cette présidence de commission comme tribune pour exprimer son idéologie, le maire de Limoges va devoir prendre clairement position.