Administrateur au Centre de documentation des Français d’Algérie, Jean-Pierre Brun a écrit les légendes photos de l’exposition. © Alexandre Klein
Elles en ont fait du voyage, les photos exposées au Centre de documentation des Français d’Algérie pour le festival Off. De l’Algérie à Narbonne, pour revenir à Perpignan.
Des photos des années 1930 ressurgissent du passé, comme un album de famille. Avec « 1930, d’Alger à Port-Vendres », le Centre de documentation des Français d’Algérie propose au public, dans le cadre du festival Off, de revenir plusieurs décennies en arrière.
Une trentaine de photos en noir et blanc, dont l’auteur est inconnu, dépeignent le voyage d’un petit groupe parti d’Alger pour se rendre en « métropole », comme on disait à l’époque. Destination : Port-Vendres, Lourdes… Jean-Pierre Brun, administrateur du Centre, en réécrit l’histoire.
Les photos de l’excursion ont été sélectionnées dans un fonds d’archives de plus de 2 000 plaques photographiques, provenant du Cercle algérianiste des Pyrénées Orientales. « Quelqu’un avait donné, dans les années 80, ces plaques à un photographe professionnel de Narbonne. Le photographe en question nous les a confiées quelques années plus tard », explique la présidente du Cercle, Suzy Simon-Nicaise.
Accompagné de notes, le « trésor » du Cercle avait fait l’objet d’exposition en 2013. Une nouvelle série du fonds a été exploitée cette année : le voyage d’Alger à Port-Vendres.
La curiosité de cette exposition, c’est que l’on n’est pas ici dans le photojournalisme mais plutôt dans le docu-fiction. Les vieilles photos sont accompagnées de légendes écrites par Jean-Pierre Brun lui-même. L’administrateur du Centre de documentation des Français d’Algérie a passé quelques soirées à imaginer les réflexions qu’aurait pu livrer la femme du photographe amateur. « Je fixais une photo et je la ruminais J’essayais de voir ensuite ce qu’elle aurait pu dire pour chaque scène. » Ce qui donne un regard pour le moins surprenant et très personnel sur des scènes de la vie courante.
En dessous d’une photo d’autocar prêt à partir avec son petit groupe, la légende fictive évoque un dialogue que l’on peut ainsi résumer. Au chauffeur qui leur demande si, en Algérie, ils ont de si beaux autocars, l’épouse imaginée rétorque : « Oui, monsieur, et d’aussi modernes que les vôtres. Mais pour qui nous prend-il ? Pour des chameliers ? »
Les plaques et les tirages constituent un ensemble intéressant. Les professionnels auraient été « bluffés » par la qualité des photos, selon Jean-Pierre Brun.
Alexandre KLEIN