Visa pour l’Image, c’est 1,5 million d’euros de budget pour 4 millions de retombées. Si certains financements publics baissent, le soutien municipal et la part importante d’apports privés permettent au festival de voir l’avenir avec une relative sérénité.
Dimanche dernier, parmi les voix s’exprimant à l’ouverture de Visa, celle de Bernard Fourcade a ramené l’événement à sa cuisine interne. Le président de la CCI de Perpignan et des Pyrénées-Orientales a lancé un pavé dans la mare en laissant planer le doute sur le renouvellement de la subvention accordée au festival. « Je ne sais pas si on pourra être à vos côtés les prochaines années, a-t-il déploré, la crise économique entraîne la remise en cause d’un certain nombre de nos actions. »
Les 45 000 euros de la CCI – stables depuis 5 ans – représentent 5 % du budget de l’Association Visa pour l’Image : 912 558 euros (budget prévisionnel 2014). Leur perte serait un manque certain, d’autant que d’autres subventions diminuent, voire disparaissent. Selon l’association, les 70 000 euros de la Région en 2012 ne sont plus que 49 500. Dotée de 3 000 euros cette année, l’enveloppe de l’Union pour les entreprises 66 (le numéro du département des Pyrénées Orientales) en contenait 5 000 en 2013. Pour cette 26e édition, l’État, via la DRAC, a abaissé sa participation de 129 000 à 100 000 euros.
Une hydre à deux têtes
Confrontée à ces coupes, l’association peut compter sur le soutien de la mairie : 400 000 euros (392 000 en 2013). S’y ajoutent 550 000 euros de prestations techniques. Détaché par la mairie sur Visa, Arnaud Félici est chargé de la coordination du festival depuis 2005 : « La Ville met à disposition les lieux d’exposition et engage une centaine de saisonniers ». Les services municipaux sont aussi mis à contribution : « Les Espaces verts s’occupent par exemple de la végétalisation des sites comme le Campo Santo ».
L’Association Visa pour l’Image n’organise pas le festival, c’est le rôle du directeur artistique Jean-François Leroy, via Images Évidence. Le budget de Visa est d’1,5 million d’euros. L’association verse une prestation annuelle de 700 000 euros à la société. Charge à celle-ci de trouver des partenaires privées pour joindre les deux bouts. « Canon est notre principal contributeur » se félicite Delphine Lelu. L’adjointe de Jean-François Leroy ne donnera aucun chiffre.
Une gratuité intouchable
L’importance du financement privé de Visa limite l’impact d’une baisse des financements publics. « C’est un avantage par rapport à d’autres festivals, où le rapport est plutôt de l’ordre de 80 – 20 % », souligne Arnaud Félici. Le quasi équilibre public-privé de la manifestation permet de ne pas trop s’inquiéter pour son avenir. La fréquentation est toujours en hausse, de l’ordre de 4 à 5 % entre 2012 et 2013. Par ailleurs, le budget séjour des professionnels reste stable sur ces dernières années, environ 475 euros, un simple visiteur dépense en moyenne 150 euros.
Une chose est sûre, « il n’est pas question de revenir sur la gratuité et la qualité des expositions ou des projections, garantit Delphine Lelu. On préfère grignoter sur des dépenses qui apparaissent moins essentielles ». Dernièrement, les campagnes publicitaires dans les villes avoisinantes ont été réduites. Les dossiers de presse sont aujourd’hui uniquement consultables sur internet.
Les économies sont bien là, mais Images Évidence n’en fourmille pas moins de projets et réfléchit à des nouveautés. « Opter pour des formats de tirage plus grands, des expositions plus conséquentes, avec plus de clichés », avance la collaboratrice de Jean-François Leroy. Parmi les autres pistes, faire entrer l’ordinateur et la vidéo dans les salles d’exposition ou payer des droits aux photographes. Le premier festival français de photojournalisme a encore les reins assez solides pour se renouveller.
Vincent DANET et Amandine LEFEVRE