05 Sep

Visa : une 26 ème édition en hommage au photo-reportage

Visiteurs à Visa

Visiteurs à Visa

Durant 15 jours, Perpignan devient la capitale du photojournalisme. Des dizaines de reporters photographes exposent, témoignent au festival Visa pour l’image. Des centaines de visiteurs remplissent les lieux d’expositions du centre historique.

Retour sur cette 26 ème édition marquée par la découverte de quatre reporters photographes du Vietnam du Nord, les nombreux hommages aux reporters disparus et le lancement d’un prix Camille Lepage. Il reste une semaine pour profiter des 26 expositions gratuites sans compter les accrochages du off aux quatre coins de la ville. Continuer la lecture

Un train pour le bout du monde

Un médecin et une infirmière du « Matvei Mudrov » font passer un électroencéphalogramme à Nadegda Gaskevitch. Elle a fait une chute sur la tête en 2003 et a besoin depuis de soins réguliers. © William Daniels / Panos Pictures / National Geographic Magazine

Un médecin et une infirmière du « Matvei Mudrov » font passer un électroencéphalogramme à Nadegda Gaskevitch. Elle a fait une chute sur la tête en 2003 et a besoin depuis de soins réguliers. © William Daniels / Panos Pictures / National Geographic Magazine

La lecture d’un article aura suffi à William Daniels pour choisir sa prochaine destination. En mars et mai 2013, il monte à bord du Matvei Mudrov, le train médical qui longe la Baïkal Amour Magistrale (BAM), ligne ferroviaire parcourant l’Extrême-Orient russe sur 4 000 km. Avec un objectif, photographier les oubliés de la Taïga.

« J’aime les bouts du monde, ces endroits délaissés auxquels quelques irréductibles s’accrochent coûte que coûte ». Après l’Afrique, la Russie. Après les couleurs chaudes et la lumière éclatante, l’atmosphère feutrée et glaciale de la steppe hivernale. Deux mondes s’affrontent dans les clichés du photographe. Le confinement et la tiédeur des wagons, et dehors de grandes étendues blanches et glaciales. L’exaltation d’un moment de fête cède ensuite la place à un espace silencieux et vide que la neige a figé. Continuer la lecture

Du street-art pour faire le lien entre les quartiers

© Collectif No rules corp

© Collectif No rules corp

Depuis lundi et jusqu’à dimanche, deux artistes de street-art travaillent sur le mur de la médiathèque Emile-Zola, donnant sur le quartier Saint-Jacques. Leur but ? Faire du lien entre deux quartiers et redonner un peu de vie à cet endroit désertique.

Il était fade et inexpressif. Aujourd’hui, impossible pour les passants de détourner le regard. Le grand mur de 400 m2 de la médiathèque Emile-Zola, donnant sur la petite place, a enfin trouvé sa vocation.

Depuis le début de la semaine, le duo Evazesir, du collectif No rules corp, travaille à la réalisation d’une fresque. « Ce mur était là. Il nous appelait tout simplement », explique Hector Madramany, coordinateur du projet. Après avoir rencontré plusieurs artistes de street-art, il a finalement retenu le projet d’Eva et Cyril. « Ce mur est à un point clé. Il marque la limite entre le quartier historique et le quartier populaire Saint-Jacques où les gens n’ont pas forcément accès à l’art, souligne le galeriste valencien. Certains sujets étaient incompatibles. La proposition d’Evazesir était parfaite. » Continuer la lecture

Nicolas Jimenez : « Il n’y a pas assez de réflexion collective sur le métier »

Nicolas Jiménez fait partie du jury de Visa pour l'image. © A. G.

Nicolas Jiménez fait partie du jury de Visa pour l’image. © A. G.

Nicolas Jimenez travaille depuis dix ans au quotidien Le Monde. Il en est aujourd’hui le directeur de la photo. Il fait partie pour la première fois du jury pour le Prix Visa d’or News. Sa semaine est un marathon : rendez-vous avec des photographes, des agences de presse, des membres du jury. Il nous en parle.

Quels sont les critères de sélection pour les Prix Visa d’or ?

Nous avons une réunion cet après-midi pour débattre du Visa d’or News. Je pense que les discussions vont être très centrées sur les clichés de Centrafrique. J’imagine que les travaux vont nous être présentés, suivi d’un tour de table. Les années précédentes, je faisais partie des présélections : nous déjeunions entre membres du jury avant de voter, souvent après de longues discussions.

Pourquoi avez-vous accepté d’être membre du jury ?

J’ai de l’affection pour ce festival. Jusqu’à la fin de mes études, j’ai travaillé chaque été pour Visa et quatre ans avec Jean-François Leroy (le directeur du festival). Ça me fait plaisir d’être de l’autre côté de la barrière. Le Prix Visa News est prestigieux et gratifiant pour moi et le journal. Continuer la lecture

1939, quand Capa photographiait la Retirada

Eric Forcada, commissaire de l'exposition

Eric Forcada, commissaire de l’exposition. © Julie Philippe

Ils témoignent d’un moment clé de l’Histoire. Quarante deux clichés de photo-reporters, dont trois de Robert Capa, illustrant la chute de Barcelone en janvier 1939 et la fuite des Républicains, sont exposés ensemble pour la première fois.

Soixante-quinze ans plus tard, cet épisode est encore bien présent dans la mémoire de ceux qui l’ont vécu. « Mon père quitte l’Espagne à pied le 4 février pour rejoindre les soldats républicains. il dit adieu à ses parents et prend juste avec lui un pull et un pantalon bleu marine, raconte Marie-Rose Tourné. Une fois en France, ils sont arrêtés et enfermés au camp d’Argelès. Quand mon père a vu ces pauvres gens qui crevaient de faim, malades, le manque d’hygiène, il a décidé de fuir, il s’est fait passer pour un pêcheur Français. Comme il avait les yeux bleus et les cheveux blonds, qu’il parlait bien français, les gardes l’ont laissé passer. À Perpignan, il a rejoint une amie et nous a retrouvés à Toulouse ». Marie-Rose Tourné, 82 ans, vit aujourd’hui à Perpignan. Continuer la lecture

Maryvonne Lepage : « Ce n’est pas parce que Camille a disparu que le journalisme doit s’arrêter »

Un livre en hommage à Camille Lepage est paru à l'occasion de Visa pour l'image. ©Amandine Lefèvre

Un livre en hommage à Camille Lepage est paru à l’occasion de Visa pour l’image. ©Amandine Lefèvre

Camille Lepage a perdu la vie il y a un peu moins de quatre mois alors qu’elle couvrait le conflit en Centrafrique. Un hommage et un livre la mettent à l’honneur à Visa pour l’image. De passage au festival, sa mère, Maryvonne Lepage, estime sa visite indispensable pour soutenir les jeunes photographes et poursuivre l’œuvre de Camille.

Un recueil de photos de Camille (Lepage) sort à l’occasion du festival dans le but de financer un prix à son nom. Qu’avez-vous ressenti en le découvrant ?

Beaucoup d’émotion. Le livre permet de sortir du monde virtuel de la photo que l’on voit sur internet. C’est important de pouvoir toucher les photos et les conserver. Tourner les pages, ce n’est pas la même chose que faire défiler les photos sur l’iPad. Ce livre correspond à Camille.

C’était important pour vous d’être présente à Perpignan ?

C’est normal que je sois là en la mémoire de Camille. Mais aussi pour les photojournalistes, notamment les jeunes qui démarrent dans le métier. Avec ma petite touche, je poursuis sa mission.

Quel genre de photographe était Camille ?

Elle avait du tempérament. Il en faut dans ce métier. C’était une bosseuse, un peu « jusqu’au-boutiste ». Camille avait envie de prouver aux autres et à elle-même qu’elle était capable. Continuer la lecture

[En images] Le coeur de Perpignan bat au rythme de Visa

La première semaine de septembre est sans doute l’une des plus animée de l’année. Du quartier Saint-Jacques au Castillet, visiteurs et photographes déambulent dans les rues ou prennent le soleil en terrasse. 

Pendant Visa, se promener dans le centre ville de Perpignan est un vrai bonheur. Ses hôtels particuliers aux balcons en fer forgé et ses ruelles étroites rappellent les villes de la Catalogne. Le quartier Saint-Jacques avec ses maisons colorées a l’atmosphère d’un sud comme on en voit rarement dans les centres d’autres villes françaises. Habité par une forte communauté de gitans catalans, il participe au folklore local. Continuer la lecture

Exposition de Klaus Nigge : le pygargue is watching you !

Pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) sous la pluie. Unalaska, îles Aléoutiennes, Alaska, janvier 2007. © Klaus Nigge / National Geographic Creative pour National Geographic Magazine Bald eagle (Haliaeetus leucocephalus), in the rain. Unalaska, Aleutian Islands, Alaska, January 2007. © Klaus Nigge / National Geographic Creative for National Geographic Magazine

Pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) sous la pluie. Unalaska, îles Aléoutiennes, Alaska, janvier 2007. © Klaus Nigge / National Geographic Creative pour National Geographic Magazine

Le photographe américain, Klaus Nigge, fait partie de la programmation décalée de Visa. Pas de guerre ou de scènes brutales dans son exposition, juste le portrait d’un oiseau : le pygargue à tête blanche, vous connaissez ?

Un aigle vous regarde droit dans les yeux, les plumes légèrement mouillées, le bec de marbre. C’est un pygargue à tête blanche. Puissant, majestueux, parfois drôle avec ses plumes ébouriffées.

Le photographe naturaliste s’est rendu à Dutch Harbor, dans le plus grand port de pêche de l’Alaska, pour traquer cet oiseau et le photographier de plus près. C’est réussi. Continuer la lecture

La Mongolie d’Olivier Laban-Mattei

Olivier Laban-Mattei © Julie Philippe

Olivier Laban-Mattei © Julie Philippe

A l’été 2012, le photojournaliste Olivier Laban-Mattei s’éprend de la Mongolie. Il décide d’y retourner en octobre 2013 afin de documenter « Le pays du ciel bleu ». Son objectif : donner la parole aux Mongols et montrer les conditions environnementales et sanitaires de ce pays. 

Quel a été votre premier contact avec la Mongolie ?

J’ai décidé de partir avec mon fils Lisandru, alors âgé de 11 ans en Mongolie en juillet 2012, pendant un mois. Nous avons réalisé un livre à quatre mains. Nous avions tous les deux nos carnets de voyage. Tous les soirs, on s’imposait des moments d’écriture. Je n’ai pas touché son texte pour ne pas le dénaturer. J’ai peaufiné le tout à notre retour.

Comme vous, votre fils a pris des photos…

Lisandru prend des photos depuis qu’il est tout petit. En Mongolie, il a photographié avec un Leica de 1960. Grâce à ça, il a pu créer des liens avec la population, et en particulier avec les plus jeunes. Les enfants ont un regard assez précis et percutant sur les choses. Ils décèlent des émotions que les adultes ne perçoivent pas forcément. Il s’est créé un vrai échange. J’ai beaucoup appris de lui. Quand on est reporter, on prend des automatismes. Le voir évoluer sur le terrain m’a permis d’apprendre à regarder les choses différemment. Continuer la lecture

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