05 Sep

Photographes 4.0

Un photographe espagnol pendant la semaine professionnelle de Visa pour l'Image. © Olivia Comte

Un photographe espagnol pendant la semaine professionnelle de Visa pour l’Image. © Olivia Comte

À Visa, les professionnels de l’image conseillent aux photographes de devenir plus visibles sur la toile.

« En ce moment, je passe des mois sans parvenir à publier quoi que ce soit », se désole Lizzie Sadin, photographe chevronnée. « Alors que j’ai déjà travaillé avec plusieurs grands journaux et eu de nombreux titres. » Elle a reçu le Visa d’or en 2007 et le prix Pierre et Alexandra Boulat en 2010.

Elle participait jeudi à la table ronde « Vente et visibilité des photographies sur internet » pour écouter les conseils de Claudia Zels, présidente de l’Ani (Association nationale des iconographes) et chef du service photo de Management. L’iconographe estime que « le marché a beaucoup changé avec l’arrivée des amateurs sur internet. Ils ont pris une grande place dans la photo illustrative et touristique. » Continuer la lecture

Visa booste les envies d’appareils photo

    Pour beaucoup d'amateurs et de professionnels, le festival est l'occasion d'investir ou de renouveler son matériel.  © Samuel Hauraix

Pour beaucoup d’amateurs et de professionnels, le festival est l’occasion d’investir ou de renouveler son matériel. © Samuel Hauraix

Visa pour l’Image stimule les amateurs de belles images. Et leurs envies de matériel. Dans les rayons photo des magasins, les vendeurs s’activent et se frottent les mains.

Quelques gouttes de sueur perlent sur le front de Christophe alors que la file s’allonge devant la guérite de son rayon. « Durant cette semaine, les ventes d’appareils photo augmentent de 20% », lance le responsable photo du magasin la Fnac entre deux clients venus s’équiper pour plusieurs milliers d’euros de boîtiers, objectifs et autres sacoches. Fatigué, débordé, mais satisfait, il lance : « J’ai fini ma journée depuis vingt minutes. Je ne devrais déjà plus être là… mais je suis seul en rayon aujourd’hui ».  Continuer la lecture

Regards de photographes sur Israël et la Palestine

Mouna Saboni raconte la vie quotidienne de jeunes Palestiniens dans un camp de Bethléem. © Mouna Saboni

Mouna Saboni raconte la vie quotidienne de jeunes Palestiniens dans un camp de Bethléem. © Mouna Saboni

Quatre photographes. Quatre approches du conflit entre Israël et la Palestine pour l’exposition El Haal, à Perpignan jusqu’au 7 septembre.

« On a l’impression que le temps ne passe pas dans cette région du monde. C’est comme si nous assistions à un drame cyclique », explique Monica Santos, de l’agence de direction de projets culturels, Masasam. « De nombreux photographes sont allés sur place pour photographier ces violences, cette haine entre deux peuples. » Continuer la lecture

L’industrie agroalimentaire sous le regard d’Alvaro Ybarra Zavala

Avia Terai, province de Chaco, Argentine, novembre 2012. Milagros Alcaraz (6 ans), atteinte de spina-bifida, ne bénéficie d’aucune prise en charge médicale. Elle peut à peine marcher. Bien que le matériel utilisé ne respecte pas les normes en vigueur, l’épandage aérien est effectué avec le consentement des autorités et en toute impunité, avec les conséquences que l’on connaît pour la communauté locale. © Alvaro Ybarra Zavala/Reportage by Getty Images

Avia Terai, province de Chaco, Argentine, novembre 2012.Milagros Alcaraz (6 ans), atteinte de spina-bifida, ne bénéficie d’aucune prise en charge médicale. Elle peut à peine marcher.Bien que le matériel utilisé ne respecte pas les normes en vigueur, l’épandage aérien est effectué avec le consentement des autorités et en toute impunité, avec les conséquences que l’on connaît pour la communauté locale.© Alvaro Ybarra Zavala/Reportage by Getty Images

L’exposition ‘’Récit d’une terre meurtrie’’ revient sur les conséquences de pratiques agricoles controversées.

Solution ou poison ? Les méthodes de l’industrie agroalimentaire continuent de diviser. Le photographe Alvaro Ybarra Zavala propose au public de l’église des Dominicains de réfléchir avec lui aux conséquences de pratiques agricoles dénoncées pour leur effet sur la santé.

Le photographe espagnol s’est rendu entre 2012 et 2014 en Argentine et au Brésil, pays qui autorisent l’emploi de pesticides interdits au sein de l’Union européenne. Le reportage est édifiant : malformation congénitale, empoisonnement chimique, hydrocéphalie… L’utilisation ou la pulvérisation des produits peut être fatale pour les populations vivant à proximité des zones concernées.

Alvaro Ybarra Zavala n’a pas pour autant oublié de regarder du côté de la production, en fixant son regard sur une usine de l’entreprise Monsanto à Rojas, en Argentine. Production de semences transgéniques, machine à dispersion d’insecticide… Les images interpellent. Comme une machine bien huilée qui broierait tout sur son passage.

Alexandre KLEIN

Israël et la Palestine au coeur de Saint-Jacques

Valentine Vermeil s'est intéressée aux fêtes religieuses en Palestine et Israël. © Laura Morel

Valentine Vermeil s’est intéressée aux fêtes religieuses en Palestine et Israël. © Laura Morel

Philippe Deblauwe, fondateur de l’agence photographique Picturetank, présente le travail de plusieurs de ses photographes sur Israël et la Palestine. Tout cela, dans son propre appartement, au cœur du quartier gitan de Perpignan.

La rue Llucia. Une rue étroite du quartier Saint-Jacques à Perpignan. Les habitants s’y croisent, s’y interpellent. Certains s’attardent quelques instants pour parler aux femmes, assises sur des chaises en plastique au milieu de la chaussée. Des enfants jouent un peu partout, se courent après en criant. La vie ne s’arrête jamais au cœur du quartier gitan. Continuer la lecture

Et les lauréats de Visa 2014 sont …

À l’occasion des soirées de projection des 3 et 4 septembre au Campo Santo, six prix ont été décernés.

4 septembre. Visa d’or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge

Jeudi, le prix du Visa d’or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a été remis au photographe français William Daniels pour son travail en République Centrafricaine. Ce prix est destiné à illustrer l’obligation de respecter la mission médicale dans les situations de conflit ou de violence armés. Créé en 2011, il est doté de 8 000 euros grâce à la Fondation Sanofi Espoir.

Le marathon d’un jeune photographe à Visa

Tim Robinson montre son travail à l'agence Polaris. © Marie Collinet

Tim Robinson montre son travail à l’agence Polaris. © Marie Collinet

Les jeunes photographes sont nombreux à Visa. Ils sont là pour se faire connaître. Mais dans la foule, certains semblent perdus. Tim Robinson, un photographe encore amateur de 24 ans, s’est préparé pour être le plus efficace possible.

8h45 : Le réveil est difficile pour Tim Robinson. Après neuf mois de voyage entre le Pakistan, l’Inde, Londres, il est à Perpignan pour le festival Visa pour l’image. Une grande première pour ce jeune Australien de 25 ans. Il sait qu’il doit être en forme pour présenter ses deux grands projets photos aux agences. Il quitte son hôtel du centre-ville sans petit-déjeuner. L’endroit est un peu miteux, mais c’était le moins cher de la ville. 40 euros la nuit, tout de même.

9h45 : Sacoche d’ordinateur à la main, sac en bandoulière, le photographe en herbe enfile son badge d’accréditation (60 euros). Un peu hésitant, il se glisse dans la file d’attente en bas du palais des Congrès. Il veut être l’un des premiers à gravir les deux étages pour arriver devant le stand de Getty. Il espère pouvoir obtenir un rendez-vous. Avec ses tongs et son jean troué, le grand rouquin se la joue cool. Mais le stress monte. Il commence à transpirer. Le temps qu’il se rafraîchisse, les premières personnes sont déjà rentrées.

10h03 : Dans la salle des agences, au deuxième étage, une bonne dizaine de personnes attendent devant Tim face au stand de Getty. Quand son tour arrive, il n’y a déjà plus aucun créneau pour la journée. Le planning étant fait au jour le jour, on lui conseille de revenir demain encore plus tôt. Mais le bureau n’ouvre qu’à 10 heures, Tim ne voit pas comment il pourrait arriver plus tôt. Il reste courtois malgré l’absurdité de la réponse et la fatigue. Continuer la lecture

Photographe de guerre, profession sans improvisation

Monrovia, Liberia, 23 juillet 2003. Cri de guerre. Ce soldat des forces pro-gouvernementales vient de tirer une roquette sur les forces rebelles près d’un pont stratégique de la ligne de front. Malgré l’appel au cessez-le-feu des dirigeants du groupe rebelle LURD, les affrontements ont persisté dans la capitale. © Chris Hondros / Getty Images

Monrovia, Liberia, 23 juillet 2003. Cri de guerre. Ce soldat des forces pro-gouvernementales vient de tirer une roquette sur les forces rebelles près d’un pont stratégique de la ligne de front. Malgré l’appel au cessez-le-feu des dirigeants du groupe rebelle LURD, les affrontements ont persisté dans la capitale. © Chris Hondros / Getty Images

Couvrir une guerre, travailler au cœur d’un conflit et affronter le danger. Les aînés l’ont vécu. De jeunes photographes y aspirent. Au risque d’en oublier l’essentiel. La préparation, l’humilité et la maîtrise des techniques de la photo, tout simplement.

Au premier plan, le brassard et la carte de presse accompagnent deux Nikon. À côté, des stylos, un carnet de notes, une lampe de poche Maglite et une brosse à dents. Le tout déborde d’un Domke marron qui semble accuser le poids des ans. Jusqu’ici, l’image illustre (presque trop) bien la panoplie du parfait photoreporter. Au fond, placé derrière un magnétophone, un objet incliné sur une chaise interpelle : une kalachnikov. Elle éclipserait presque l’idée de reportage pour laisser place à la guerre. Au combat.

Patrick Chauvel, puisque cette photo lui appartient, a couvert des dizaines de conflits. Ses aventures ont construit sa légende. Celle dont rêvent aujourd’hui de jeunes photographes. Au risque de tomber dans la caricature.

 « Moi, ce que je veux, c’est trouver la petite histoire dans la grande. » Le discours est rôdé et les mots répétés à l’envi. La vingtaine à peine passée,  ce photographe a déjà suivi deux guerres. Il a même commencé par ça. « Je voulais faire un reportage sur un conflit », lance-t-il, plein d’aplomb. Continuer la lecture

La photo du jour : « Quand j’ai lu la légende, j’ai eu froid dans le dos »

Rebelle libyen exhortant les habitants à fuir alors que des obus tirés par les forces kadhafistes atterrissent sur la ligne de front à Ben Jawad, à 150 km à l’est de Syrte. Centre de la Libye, 29 mars 2011. A Libyan rebel urging people to leave as shells fired by Gadhafi's forces landed on the front outside Bin Jawaad, 150 km east of Sirte. Central Libya, March 29, 2011. © Anja Niedringhaus / Associated Press

Rebelle libyen exhortant les habitants à fuir alors que des obus tirés par les forces kadhafistes atterrissent sur la ligne de front à Ben Jawad, à 150 km à l’est de Syrte. Centre de la Libye, 29 mars 2011. © Anja Niedringhaus / Associated Press

Chaque jour, les festivaliers de Visa pour l’image se prêtent au jeu de commenter une photo dont ils ne connaissent ni l’auteur, ni le contexte. Il s’agit aujourd’hui d’un cliché issu de l’exposition Hommage de Anja Neidringhaus, photojournaliste allemande tuée en Afghanistan en avril dernier.

« Cet homme pousse un cri de joie. » En découvrant la photo, William, 19 ans, est sûr de lui. « Il vient de libérer quelqu’un, c’est certain. » L’étudiant scrute le visage de l’homme. « Il exulte. Comme un soldat après une victoire, c’est pour ça qu’il est à genoux sur le toit d’une Jeep. » À ses côtés, Anthony est du même avis. « Il célèbre quelque chose, ça se voit à la façon dont il tend les bras. » « Comme un joueur de foot à la fin d’un match que son équipe aurait gagné », ajoute en souriant William. Loin de la réalité.

Angélique, 33 ans, est plus prudente que les deux étudiants. « Je ne pense pas que ce soit un cri de joie mais plutôt d’encouragement, comme quelqu’un qui va au combat. » La jeune femme est sur la bonne voie. À côté d’elle, Sterenn ne dit rien. Elle a déjà vu l’exposition d’Anja Niedringhaus et connaît donc le contexte de la photo. Continuer la lecture

04 Sep

Yunghi Kim, le storytelling d’abord

A l'exposition « Le long cheminement de l’Afrique : de la famine à la réconciliation 1992-1996 » la légende suivante décrit ce cliché "Camp de Kibumba, près de Goma, Zaïre, août 1994. Un million de Rwandais ont fui les combats entre Tutsis et Hutus, entraînant, selon les organisations humanitaires, le plus grand exode de réfugiés de l’histoire moderne. Le monde était sous le choc et les services d’urgence n’étaient pas préparés, ce qui a favorisé la propagation rapide du choléra dans les camps, provoquant la mort de milliers d’autres personnes. © Yunghi Kim / Contact Press Images"

« Camp de Kibumba, près de Goma, Zaïre, août 1994. Un million de Rwandais ont fui les combats entre Tutsis et Hutus, entraînant, selon les organisations humanitaires, le plus grand exode de réfugiés de l’histoire moderne ». © Yunghi Kim / Contact Press Images

De 1992 à 1996, Yunghi Kim, photoreporter américaine (Visa d’or News en 1997), a couvert quatre ans de conflits africains, de la Somalie à l’Afrique du Sud, en passant par le Rwanda. Ni ses clichés, ni ses légendes ne prennent la mesure de ces drames. Pour elle, l’émotion de l’instant prime sur le contexte. Aussi tragique soit-il. 

Entourée d’une vingtaine d’admirateurs de son travail, Yunghi Kim présente au couvent Sainte-Claire son exposition « Le long cheminement de l’Afrique : de la famine à la réconciliation, 1992-1996 ». Un travail mené lors de la famine en Somalie, avec les réfugiés du Rwanda ou encore lors de la libération de Nelson Mandela en Afrique du Sud. « Il n’y avait jamais eu autant de morts en Afrique que durant cette période. »

Ce sont surtout les réfugiés rwandais qui ont nourri son travail. En août 1994, elle était parmi les exilés hutus dans le camp de Kibumba (Zaïre). Les légendes sont concises : « Rwandais ayant fui les combats entre Tutsis et Hutus ». Dérangeant, lorsque l’on sait qu’à cette époque les seconds venaient de massacrer les premiers. A aucun moment, le visiteur mal renseigné ne peut comprendre que des bourreaux se sont peut-être glissés dans ces photos. Continuer la lecture

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