05 Sep

Photographes 4.0

Un photographe espagnol pendant la semaine professionnelle de Visa pour l'Image. © Olivia Comte

Un photographe espagnol pendant la semaine professionnelle de Visa pour l’Image. © Olivia Comte

À Visa, les professionnels de l’image conseillent aux photographes de devenir plus visibles sur la toile.

« En ce moment, je passe des mois sans parvenir à publier quoi que ce soit », se désole Lizzie Sadin, photographe chevronnée. « Alors que j’ai déjà travaillé avec plusieurs grands journaux et eu de nombreux titres. » Elle a reçu le Visa d’or en 2007 et le prix Pierre et Alexandra Boulat en 2010.

Elle participait jeudi à la table ronde « Vente et visibilité des photographies sur internet » pour écouter les conseils de Claudia Zels, présidente de l’Ani (Association nationale des iconographes) et chef du service photo de Management. L’iconographe estime que « le marché a beaucoup changé avec l’arrivée des amateurs sur internet. Ils ont pris une grande place dans la photo illustrative et touristique. »

Si Claudia Zels admet que des sujets sont parfois illustrés par des amateurs ou grâce aux banques d’images, elle assure en revanche qu’ils ne sont pas capables de répondre à des commandes « pour l’actualité et la photo documentaire ».

Kilomètre zéro

Claudia Zels parle de sa façon de chercher de l’illustration. Elle admet favoriser des portails comme PixPalace, plus rapides à répondre à ses commandes. Quand les agences et le carnet d’adresse ne répondent pas, elle sélectionne encore sur internet. « Pour trouver des photographes, je passe par Google et les réseaux sociaux : Tumblr, Flikr, Pinterest, Facebook . »

Des propos qui font réagir Lizzie Sadin : « En tant que professionnelle, je ne veux pas voir mes photos pillées sur Facebook ». Claudia Zels n’est pas convainue : « Mais comment voulez-vous que je les trouve si personne ne sait ce que vous faites? ». Avant d’ajouter : « Les iconographes cherchent des personnes directement sur place – la pratique « kilomètre zéro » dans le jargon professionnel -, on nous demande de limiter les coûts ».

Claudia Zels conseille d’ailleurs aux photographes d’indiquer les lieux où ils se trouvent, et surtout de donner un contact concret sur leur site internet : « J’ai un carnet d’adresse numérique donc si je peux copier-coller, c’est pratique ».


Claudia Zels conseille les jeunes photographes… par F3languedocroussillon

« Le photojournalisme, c’est comme une boîte de nuit » 

Être visible sur la toile n’est pas toujours suffisant : « Le photojournalisme, c’est comme une boîte de nuit. Il faut être membre pour entrer, et pour être membre, il faut être entré une fois. », dit Jérémy Suyker. Les premiers temps, il a fait le tour des rédactions, s’est fait connaître, a relancé encore et encore.

Quatre années de baroud en Namibie, au Skri Lanka, en Iran, en Transnistrie et au Guatemala lui ont permis d’obtenir des parutions dans l’Actualité, un hebdomadaire canadien, Aller-retour, Photo 8, l’Equipe magazine entre autres. Le 4 septembre, un reportage sur l’Iran paraît dans la revue 6 mois.

D’autre reporters, connus comme Anne Rearick ou débutants comme Laurence Geai  répondent à des commandes privées ou corporates pour survivre et financer leur projets. Le slogan de Laurence Geai est d’ailleurs « Un mariage, un voyage » – elle couvre des mariages pour financer ses reportages. En plus de reportages pour la télévision. Jérémy Suyker a signé un contrat « avec une boîte dans le luxe »: « Le salaire sera plus élevé que tout ce que j’ai pu gagner ces trois dernières années ».

Mais il a d’autres ressources. Après avoir passé deux ans à Vaucluse Matin, il a les capacités de proposer des textes avec ses photos, et même de la vidéo, un atout dans le métier : « On est obligé de se diversifier », commente le photographe.

Olivia COMTE et Guillaume VERDU