07 Sep

Le nouveau visage de l’agence Sipa

Mete Zihnoglu (Crédit photo : Céline Picard)

Un an après la mort de son fondateur, l’agence de presse longtemps spécialisée en photojournalisme Sipa Press se diversifie et archive l’héritage  de la « génération  Goksin Sipahioglu ».

Au Palais des Congrès, le directeur général adjoint de l’agence Sipa Press, Mete Zihnoglu, serre quelques mains avant de rejoindre son stand installé pendant la semaine professionnelle de Visa pour l’Image. L’ambiance est détendue, le tutoiement de rigueur. La « génération Sipa », décrite par Michel Setboun et Sophie Dauvillier dans 40 ans de photojournalisme, est au rendez-vous.  « Beaucoup de journalistes, aguerris comme débutants, sont passés par chez nous avant de rejoindre d’autres agences : nous sommes une grande famille et une référence depuis la création de l’agence en 1973», dit-il, sourire aux lèvres. Parmi eux,  Gérald Holubowicz : le photographe et auteur d’un e-book sur l’économie du photojournalisme, Sortir du Cadre,  a travaillé brièvement pour Sipa, avant de créer sa propre agence.

L’expérience dans l’une des agences trois  « A », nées dans les années 1970- Sigma, Gamma, Sipa – l’a marqué. « C’était une chance pour moi. Sipa est une référence en matière de production éditoriale. Mais, le modèle économique de l’époque était trop spécialisé. »

Secoué par la « crise du photojournalisme »,  le modèle référence est en crise : Sipa s’est séparé d’un tiers de ses employés en octobre 2011. « Les prix du marché de la photographie de presse se sont effondrés. C’était inévitable. En 2013, on gagnera davantage d’argent avec internet qu’avec la presse papier », analyse Gérald Holubrowicz. Sous l’impulsion de leur repreneur, Deustcher Auslands-Depeschendienst (DAPD), l’agence de presse spécialisée en photojournalisme va se diversifier dans les prochaines semaines en accueillant une filière orientée « texte».

Une nouvelle formule qui n’a pas plu à tous. « Goksin avait lancé Sipa Lab et d’autres projets. Nous restons dans la même philosophie en innovant du côté du web, de la télévision, voilà tout», se défend Mete Zihnogliu. Le site internet va être bientôt revu et corrigé pour afficher les nouvelles ambitions du groupe. Les photos de Goksin Sipahioglu vont progressivement quitter la page d’accueil pour rejoindre un onglet historique. « Nous ne l’effaçons pas de nos mémoires. Nous continuons à faire vivre son agence. D’une façon ou d’une autre. » Samedi, une rétrospective retraçant 40 ans de l’agence de presse est prévue  place de la République à Perpignan.

Céline Picard