04 Sep

Jean-François Leroy : « Je ne veux pas que des mômes prennent des risques pour la gloire »

Le président de Visa pour l'image Jean-François Leroy (Crédit photo : Alexandra Avakian)

Neuf journalistes tués en Syrie. Cette année, la croisade de Jean-François Leroy, directeur de Visa pour l’Image, c’est la violence faite aux journalistes, les jeunes photo reporters en particulier. Il se sent une part de responsabilité, dit-il.

Paradoxalement, cette 24ème édition ne propose qu’une exposition sur le conflit syrien et présente davantage de sujets magazine. Un choix qu’il assume, guidé en priorité par le regard et le talent du photographe.

Après toutes ces années, comment évitez-vous de tomber dans la routine quand vous choisissez les photos ?

Je reçois plus de 4 000 propositions par an. Plus celles que je vais chercher. On regarde tout. On choisit en fonction de nos coups de cœur et de l’actualité de l’année. On ne peut pas tous les ans avoir une exposition sur les SDF. On les a traités 25 fois, en Inde, aux Etats-Unis, en France… Cette année, j’ai reçu 257 sujets sur les Roms. On ne peut pas faire les Roms dans tous les pays du monde tous les ans. Si je me mets à avoir des cases, ça va être vite rempli. Quand je lis Libé, Le Monde ou Le Figaro, il n’y a pas tous les jours un sujet sur le même thème. Moi, j’ai 24 numéros derrière moi, ils sont là. Je tiens compte de ce que j’ai déjà montré. Continuer la lecture

« On portait des masques à gaz et des boucliers ». Aris, photoreporter grec

Aris Messinis, photojournaliste à l'AFP depuis 2003.

Entre février et juin 2012, les rues d’Athènes ont connu des scènes d’une rare violence, conséquence d’une crise économique sans précédent. Louisa Gouliamaki, Angelos Tzortzinis et Aris Messinis, photojournalistes au bureau de l’AFP, couvraient toutes les manifestations, travaillaient au milieu des affrontements.

« L’onde de choc grecque », c’est le titre de leur exposition au Couvent des minimes. Aris Messinis nous en parle et nous livre son regard sur la situation de son pays.

C’est la première fois que vous exposez au festival Visa pour l’image. Qu’est-ce cela représente pour vous ?

« Je suis heureux d’être exposé ici. C’est probablement le plus grand festival de photo au monde. Ces photos ne sont pas une seule et même histoire. C’est une sélection, une partie de ce qu’on nous avons couvert. Cela représente avant tout deux années de travail, de dur travail… Dangereux parfois.» Continuer la lecture

Romain et sa « Boitafoto »

Le Nîmois propose de vous tirer le portrait à l’ancienne devant le Palais des congrès de Perpignan. (Crédit photo : Mylène Jourdan)

« Assied-toi sur le tabouret. Quand j’enlève le cache sur l’objectif, tu ne bouges plus pendant trois secondes. » Romain Lefèvre-Roland s’est autoproclamé « photographe de rue ».

Le seul en France, il dit qu’il l’a vérifié. Avec cet appareil insolite, en tout cas.

Tous les matins de la semaine pro, le Nîmois a prévu de se poster devant le Palais des Congrès, siège de Visa, pour « capter » les curieux venus se poser devant l’objectif de sa « Boitafoto ».

Ce mardi, il n’y a pas foule. Seul Michel, un photographe de Saint-Etienne, s’est prêté au jeu du portrait pour cinq euros. « Le résultat est sympa », dit-il. Romain s’est mis « sérieusement à la photo il y a deux ans ». Visa pour l’image, c’est une première. Continuer la lecture

Dix-huit ans derrière les « projos » et une première expo

Jean-Louis Fernandez est l'un des quatre réalisateurs des projections de Visa. Il expose pour la première fois au festival. (Crédit photo : Mylène Jourdan)

Depuis une dizaine d’années, Jean-Louis Fernandez est l’un des quatre réalisateurs des soirées de projection du Campo Santo. Pendant six jours, il offre aux spectateurs deux mois d’actualité en photos, glanées auprès d’agences du monde entier. Soit 10 000 à 15 000 images à trier pour n’en garder qu’entre 300 et 400 par « chrono ». Un travail colossal, exécuté en deux ou trois mois à Chagny, en Saône-et-Loire. Rivé sur l’écran, à regarder les images défiler, il repère d’un coup d’œil les meilleures.

Avec l’expérience, Jean-Louis Fernandez voit en quelques secondes « si c’est très bon, bon, ou à chier », et ne garde « que les plus fortes », sans jamais se laisser influencer Continuer la lecture

Massoud Hossaini : l’Afghanistan de l’intérieur

"Désolé mais je ne peux pas sourire devant cette photo". Massoud Hossaini devant l'image qui lui a valu le prix Pulitzer 2012 , "la petite Afghane en vert". (Crédit photo: D.K.)

Dans la nef de l’église des Dominicains, Massoud Hossaini présente l’Afghanistan à travers des scènes de violence mais également de la vie quotidienne. Ces trente-cinq photographies, il ne les a pas choisies et a laissé l’AFP, pour qui il travaille, piocher dans sa collection.

Le photojournaliste afghan était un peu débordé ces derniers temps après avoir reçu le deuxième prix au 55e World Press Photo et le prix Pulitzer pour la photographie de la « petite Afghane en vert ». Continuer la lecture

03 Sep

Julien Goldstein : « Je suis presque plus journaliste que photographe »

Julien Goldstein expose pour la seconde fois à Visa pour l’image. A travers un reportage en Turquie, en Irak et en Syrie, il s’est demandé ce qu’il restait du rêve kurde pour un « Grand » Kurdistan enfin autonome.


Comment est née l’idée d’un reportage sur le peuple kurde ?

Un peu au hasard, en fait. Avec le journaliste Olivier Piot, nous réalisions un tout autre reportage sur une minorité chiite en Turquie pour le magazine Géo. Le soir, nous parlions de choses et d’autres. Notre fixeur ne cessait alors d’évoquer “son” Kurdistan. Un peuple sans Etat, réparti entre quatre pays, qui a nourri un grand rêve d’unité. En cinq ans et treize voyages, nous avons donc cherché à voir ce qu’était devenue cette idée de “grand” Kurdistan, dans trois de ces quatre pays puisqu’il nous a été impossible d’obtenir les visas pour nous rendre en Iran. Continuer la lecture