C’est un rituel. Comme à chaque ouverture de la pêche, les pêcheurs de Montgesoye offrent un pot au bord de la Loue. Avec cette année, une nouveauté qui pourrait bien alimenter les conversations au bord de la rivière.
Depuis le 1er janvier dernier, l’Union des pêcheurs de Montgesoye a renoncé à son agrément avec l’aval de la préfecture du Doubs. Ce n’est plus une AAPPMA, Association Agréée de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques. Les pêcheurs de Montgesoye ont voulu prendre leur indépendance, leur société est donc désormais privée. Une décision contestée par la fédération de pêche du Doubs qui a mené l’affaire devant le tribunal administratif.
Quelles conséquences pour les pêcheurs ? Jean-Marie Conche, le pilier de l’Union des pêcheurs de Montgesoye, me l’a expliqué. Cette année, il a acheté deux cartes. L’une dans son village (43 euros) pour pêcher chez lui et une autre à l’AAPPMA à Vuillafans (93 euros) pour s’acquitter du timbre national qui reste obligatoire. C’est en quelque sorte le prix de sa liberté. Jean-Marie Conche et ses amis pêcheurs refusent de se voir dicter par la fédération du Doubs un règlement intérieur. Ils veulent être maîtres chez eux. La Fédération, elle, souhaite que le règlement de pêche soit le même pour tous les pêcheurs, question d’équité.
Et pour les touristes qui veulent pêcher à Montgesoye ? Pour acheter la carte, c’est à l’ancienne ! Jean-Marie Conche et le nouveau président Serge Bottagisi veulent savoir à qui ils ont affaire ! Les pêcheurs de passage peuvent aller directement chez eux ou se rendre Bernard Pichot ( 15 rue de Besançon) pour acheter leurs cartes et connaître les règles spécifiques.
« Internet, c’est une magnifique invention. Mais, en vendant les cartes sur internet, on ne sait plus à qui on a à faire. Les pêcheurs ne viennent plus se présenter. On avait plus de contact avec eux »
m’explique Jean-Marie Conche. Et de préciser :
« Nous restons ouvert à tous ! Mais avec nos règles. »
A Montgesoye, les pêcheurs ont le droit de prélever une truite par jour comme dans le reste de la haute-vallée de la Loue mais elle doit faire plus de 30 cm. Les jours d’ouverture sont aussi différents et les modes de pêche sont précisés. D’où l’intérêt de discuter avec les locaux avant de sortir sa canne à pêche.
Et ailleurs, dans la haute-vallée de la Loue ? A Mouthier-Lods, c’est un peu un gymkhana ! Il y a deux associations de pêche, l’une a quitté la fédération de pêche » La Baume » et l’autre, une AAPPMA, « La truite de Lods-Mouthier ». Cela ne facilite pas trop la vie aux pêcheurs de passage. Si vous n’êtes pas du coin, c’est difficile de savoir où vous avez le droit de pêcher…
Il est loin le temps où les trois sociétés de pêche étaient parvenues à mettre au point une entente avec un même règlement et un même tarif moyennant un petit supplément tarifaire. Pour certains observateurs, on assiste à une sorte de privatisation de la Haute-Loue.
Et les truites, comment vont-elles ? Après quatre années de fermeture dues aux fortes mortalités de 2010 et la limitation à une prise par jour l’année dernière, elles semblent en forme. Mais cela ne veut pas dire que la Loue soit guérie…
Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius@francetv.fr
