27 Juin

Un ascenseur pour les poissons sur le Doubs franco-suisse !

L'ascenseur à poissons du barrage de Grosbois ( image EDF)

Ce n’est pas un poisson d’avril hors saison ! Les truites et les ombres du Doubs vont pouvoir prendre l’ascenseur pour remonter le Doubs franco-suisse. Par contre, pour le descendre, ils devront se débrouiller comme avant pour franchir l’imposant barrage de Grosbois avec ses 10 mètres de hauteur de chute.

Cette passe à poissons de luxe a été inaugurée aujourd’hui, près de saint Hippolyte, par EDF (l’exploitant de la centrale de Liebvillers) et l’Agence de l’eau ( le cofinanceur). La solution de l’ascenseur a été retenue car il n’y avait pas d’autres choix en raison du fort dénivelé.

Continuer la lecture

19 Juin

Nouvelle mortalité de poissons sur le Doubs Franco-Suisse

Les alevins piégés par un dysfonctionnement du barrage du Refrain le 16 juin 2013

Les pêcheurs de la  Franco-Suisse sont en colère. Le printemps avait pourtant laissé germer quelques espoirs… Les mortalités de janvier dernier avaient fait réagir la préfecture et une nouvelle méthode de travail entre les différents barrages du Doubs Franco-Suisse avait commencé à être appliquée.

« Les pêcheurs et autres amoureux du Doubs se réjouissaient d’une grande réussite de la fraie des truites et des ombres, suivie d’une bonne préservation des alevins par l’efficacité évidente des mesures en place. Les grandes eaux de ce printemps avaient en outre contribué à garder la rivière dans un état de propreté que personne ne se souvient avoir vu de manière aussi durable depuis bien longtemps. » La Franco-Suisse

Et puis patatra ! Patrice Malavaux, le garde pêche de la Franco-Suisse, fait une macabre découverte le 16 juin dernier : Continuer la lecture

31 Mai

Les rivières franc-comtoises et la transition énergétique

A première vue, cela pourrait être un dilemme, à bien regarder cela pourrait être une opportunité à saisir. Le débat actuel sur la transition énergétique met en lumière un paradoxe : deux objectifs environnementaux et gouvernementaux qui pourraient être contradictoires.
D’un côté, la loi sur l’eau prône l’amélioration de la continuité écologique et d’un autre côté, le Grenelle de l’environnement mise sur l’énergie hydraulique pour atteindre les objectifs fixés par l’Europe pour diminuer les gaz à effets de serre et développer l’utilisation des énergies renouvelables. 
Quelle ressource et quelle place l’hydro-électricité peut trouver dans l’enjeu de la transition énergétique ? Il y a-t-il un potentiel à développer en Franche-Comté ? Ces deux questions sont au coeur du débat, organisé par le cabinet Reilé, le 4 juin de 10h30 à 12h30 à la CCI de Besançon. Une initiative dans le cadre du débat national sur la transition énergétique. A cette occasion, France 3 Franche- Comté a tourné ce reportage.
les rivières et la transition énergétique en 2013.

Les intervenants du reportage : Gérard Marion, responsable environnement de la CCI 25, Vincent Porteret, de l’Agence de l’eau, Alain Migeon de la Société de production d’électricité de Fraisans, François Huger de l’ONEMA et Pascal Reilé, directeur du cabinet Reilé.

Qu’est ce que la continuité écologique ?
Selon la directive Cadre sur l’eau, La notion de continuité de la rivière, ou continuité écologique est un élément de qualité pour la classification de l’état écologique des cours d’eau. Il y est indiqué que pour les cours d’eau en très bon état « La continuité de la rivière n’est pas perturbée par des activités anthropogéniques et permet une migration non perturbée des organismes aquatiques et le transport de sédiments ». En clair, une rivière est en bonne état quand les poissons peuvent circuler en particulier pendant les périodes de reproduction et quand les sédiments ne stagnent pas.


Qu’en est-il dans notre bassin Rhône Méditerranée ?

Selon l’Agence de l’eau, 50% des rivières présentent des problèmes de continuité écologique et sédimentaire. Près de 2000 seuils et barrages bloquent la circulation des poissons et des sédiments.
Lors des Assises de la Loue, ces problèmes ont été pointés du doigt. Sur le site de la DDT, le groupe d’experts précise :
«Un Plan National de restauration de la continuité écologique a été mis en place dans le cadre du Grenelle de l’environnement. Ce plan identifie les ouvrages prioritaires à traiter pour améliorer les conditions de migration des poissons, de l’écoulement des eaux ou des sédiments de la rivière. 12 ouvrages répondant à cette identification se trouvent sur la Loue : ils devraient faire prochainement l’objet de travaux et dans 2 cas, être arasés.»

Comment augmenter la production d’hydro-électricité sans altérer la continuité écologique des rivière ?

Le Cabinet Reilé a recensé 543 unités de production sur les rivières franc-comtoises. Tous ne sont pas exploités. Si c’était le cas, on pourrait produire sur un an l’équivalent de l’électricité consommée par 115 925 ménages. Selon le cabinet Reilé, il est possible d’augmenter la production sans altérer le bon fonctionnement des rivières. Il suffirait de savoir bien travailler tous ensemble : services de l’Etat, fédération de pêche, producteurs autonomes d’électricité. Un travail de longue haleine mais pas impossible.
Très prochainement, un arrêté préfectoral publiera les listes 1 et 2 des rivières, un classement qui peut imposer une obligation de restauration de la continuité écologique dans un délai de 5 ans.
Cette publication est attendue avec une certaine inquiétude par les producteurs autonomes d’électricité. Auront-il les moyens financiers suffisants pour réaliser ces travaux ? L’Agence de l’eau a un budget de 414 millions d’euros (2013-2018) pour parvenir à l’objectif européen de 66 % de rivières en bon état écologique d’ici 2016. Certains travaux, comme les passes à poissons, peuvent être aidés financièrement jusqu’à hauteur de 80% mais, attention, à partir de 2016, les budgets vont diminuer… En clair, les premiers dossiers arrivés seront les premiers servis ! L’Agence de l’eau a estimé son budget pour pouvoir soutenir l’aménagement de 600 ouvrages et la restauration de 100 kilomètres de rivière.

Isabelle Brunnarius

Pour aller plus loin :

http://www.franche-comte.developpement-durable.gouv.fr/le-schema-regional-climat-air-a2006.html http://www.doubs.equipement.gouv.fr/rendu-du-rapport-d-expertise-sur-r511.html http://www.eptb-saone-doubs.fr/Le-projet-de-SAGE-revise-valide http://www.contratriviereloue.org/fichetravaux.php?id_theme=14 http://www.transition-energetique.gouv.fr/

20 Mai

Ouverture de la pêche aux carnassiers sur le lac de Vouglans

Contrôle des cartes de pêche sur le lac de Vouglans dans le Jura.

Dans le Jura, la pêche aux carnassiers est ouverte du deuxième samedi de mai au premier janvier. Les plus mordus étaient au poste dès 5 h 44 du matin sur le lac de Vouglans.

Pour aller plus loin, j’ai trouvé des informations  sur le site EauFrance. Les données remontent aux années 1980 mais elles sont intéressantes. Ici comme ailleurs, la population des poissons diminuait et il faut encore recourir à l’alvinage pour maintenir l’intérêt des pecheurs sur cette retenue, la deuxième plus grande de France après le lac de Serre Ponçon.

« Certaines publications portant sur la retenue du barrage de Vouglans (Verneaux & Vergon – 1974, CTGREF – 1977, Verneaux – 1986) ont mis l’accent sur les perturbations des structures physico-chimiques et biologiques causées par les sous-tirages d’eau profonde, ainsi que les effets inhibiteurs des marnages de grande amplitude (34m) sur le développement des hydrophytes littoraux, limitant ainsi la possibilité d’établissement de frayères et d’abris pour les poissons.

Il en résulte que la richesse spécifique du peuplement pisciaire dans la retenue de Vouglans est maintenue grâce à des alevinages répétés.

21 espèces ont été recensées dans la retenue au cours des 5 campagnes de pêche successives de 1971 à 1987. 5 espèces dépassent 90% de l’effectif : le Gardon (40%), l’Ablette (19%), la Brème (19%) et la Perche (13.5%) : ainsi les Cyprinidés euryèces (Gardon, Ablette, Brèmes) dominent le peuplement (78%). Les carnassiers (15.5%) sont surtout représentés par la Perche (13.5%) ; Truite, Brochet et Cristivomer sont présents.

La pêche de 1988 a permis de constater que le peuplement de la retenue artificielle de Vouglans est nettement dominé par les Cyprinidés d’eau calme, structure typique d’un peuplement instable avec dominance de Cyprinidés euryèces, entraînant le développement de la population de Perches. Ces dernières sont les seules espèces carnassières capables de se reproduire au niveau de branches immergées quand il y a correspondance entre période de fraye et niveau d’eau élevé.Ce phénomène justifie le passage de 1ère en 2ème catégorie et des préconisations sont à faire pour assurer la survie des carnassiers (cf. Chap. VI).

Aujourd’hui, le lac est toujours en première catégorie. Il a un statut de grand lac intérieur. Normalement, en première catégorie, il n’ y a pas de restriction de pêche. Ce statut protège les brochets et les sandres en limitant leurs prises à 5 brochets par jour et par pêcheur comme dans tout le Jura. La taille est aussi réglementée : 40 cm pour les sandres et 50 cm pour les brochets.

Et voici le résultat des échantillonnages de 2003. Un document transmis par le chargé de mission de la fédération de pêche du Jura Mehdi Elbettah:

« En 2008, le peuplement de la retenue de Vouglans est composé de 16 espèces. L’échantillon récolté est relativement complet avec cependant l’absence de la truite fario, de la vandoise, du toxostome et du goujon, échantillonnés les années antérieures à l’aide du protocole filets verticaux. Le peuplement est dominé par le triptyque perche-gardon-sandre, ces espèces présentant des abondances numériques et pondérales notables. A noter également la forte présence de la grémille. Ce triptyque représente 86,35% des effectifs et 72,1% des biomasses. »

Les sociétés de pêche de Clairvaux et Moirans remettent chaque année du poisson, en l’occurence  du Coregon. Des truites lacustres et des ombles chevalier sont également introduits. Mais, la fédération de pêche s’inquiète de la prolifération des silures. Cet espèce a été introduite illégalement par des pêcheurs. Ils aiment traquer ce poisson qui n’a aucun prédateur et le relâchent une fois pris. Le silure, qui peut atteindre les 2 mètres de long, peut provoquer un véritable déséquilibre écologique dans le lac de Vouglans dans les années à venir. « Le déséquilibre vient des pêcheurs et non du barrage » déplore Stéphane Pizzetti, garde pêche de la fédération du Jura.

Une inquiétude pas entièrement partagée par Mehdi Elbettah » Quant à parler de déséquilibre biologique, je serai beaucoup plus mesuré. A contrario du brochet, le silure ne se reproduit pas uniquement sur un type de substrat spécifique et est de ce fait beaucoup plus prolifique que ce dernier sur une retenue soumis à un important marnage mais dont la température estivale atteint des valeurs suffisantes pour permettre à l’espèce de se reproduire. Bien que le sandre soit présent en grande quantité, le silure a un régime alimentaire beaucoup plus large lui permettant aussi bien de se nourrir d’écrevisses que de brèmes. En l’absence de grands brochets pélagiques, le silures adulte a toute la place disponible pour devenir le prédateur n°1 des grands cyprinidés qu’abrite la retenue comme les brèmes communes et les gros gardons.
Il n’y a pour ainsi dire quasiment aucune compétition alimentaire entre le silure et ces différentes espèces de carnassier, et si le brochet est en régression c’est uniquement lié à la quasi absence de frayères favorables à cette espèce sur la retenue. Par contre, les pêcheurs ont tôt fait d’oublier le déséquilibre biologique qui a suivi l’introduction du sandre sur la retenue qui a conduit (en parallèle aux problèmes d’entrave à la libre circulation des poissons en amont du lac) à la raréfaction des ablettes et de son principal prédateur, la truite lacustre. Le sandre est beaucoup plus ichtyophage que le silure peut l’être, et bizarrement alors que cette espèce semble être en régression ces dernières années, ablettes et truites lacustres se font plus présentes … ». Le chargé de mission de la fédération insiste lui sur les difficultés de circulation de la truite lacustre à la fin de l’été. A ce moment là; pour aller se reproduire, les tuites n’ont pas la possibilité de franchir le saut de la Saisse.

Voici le reportage de Marion Branchais et Hugues Perret :

10 Mai

« Tes rivières fougueuses et généreuses où nous pêchions ensemble… »

Le tourisme à Arbois dans le Jura

La pêche peut-elle encore être un atout touristique pour le Jura ? Oui, répond le Comité Départemental du Tourisme du Jura. Ce département poursuit sa saga publicitaire entamée en avril 2012 et diffusée sur les ondes de France Info et France Bleu Grand Est. L’an dernier, la pub avait fait le buzz car elle avait été jugée sexiste. Certains pêcheurs avaient eux aussi pesté mais en évoquant plutôt une « publicité mensongère ». D’après eux, les rivières du Jura ne sont pas si généreuses que cela… Pour ce second volet, le comité du tourisme récidive et cette fois-ci évoque des « rivières fougueuses et généreuses où nous pêchions ensemble… »

Continuer la lecture

29 Mar

Les pesticides, première cause de dégradation de l’eau

Les pesticides sont la première cause de dégradation de l’eau. Un constat clairement affiché par l’Agence de l’eau. Aujourd’hui, lors d’une conférence de presse, l’Agence a rappelé que seulement une rivière sur deux du bassin Rhône Méditerranée Corse était en bon état écologique. « 49 pesticides interdits sont retrouvés dans les rivières et les nappes, précise Yannick Prebay, directeur des données et redevances de l’Agence de l’eau RMC. Une étude est en cours mais tout laisse à penser qu’il y encore un usage illicite de ces produits ».

Pour présenter cet état des rivières en 2011, l’Agence a synthétisé 3 millions d’analyses réalisées sur 850 stations. Un travail effectué les autres années mais qui n’était pas aussi accessible au grand public. Maintenant, l’agence souhaite mieux diffuser ses connaissances pour faire prendre conscience aux élus de la nécessité d’agir rapidement pour le rétablissement du bon état écologique des rivières. En 2015, la France devrait avoir 66% de ses cours d’eau en bon état. Un engagement du Grenelle de l’environnement calqué sur la directive cadre européenne sur l’eau.

Les deux actions prioritaires de l’Agence sont la lutte contre les pesticides et le réaménagement des cours d’eau pour assurer la continuité écologique.

Je reviendrai d’ici quelques temps sur la continuité écologique des cours d’eau, voyons plutôt pourquoi il est si important de lutter contre les pesticides. La semaine d’alternatives aux pesticides vient tout juste de s’achever.

En Franche-Comté, 44 captages d’eau ont été déclarés « prioritaires ». Des captages où il fallait agir rapidement pour diminuer la teneur en pesticides de l’eau prélevé. C’est le cas de la source d’Arcier qui alimente en eau, après traitement, les habitants du centre ville de Besançon.

Voici le reportage que nous avons tourné avec Laurent Brocard pour comprendre l’importance de la protection de ces captages.


La qualité de l'eau potable en Franche -Comté par F3FrancheComte

« Quelle eau boire demain ? » c’était le thème d’une journée de réflexion organisée le 13 mars dernier à Dole. Là aussi, le débat a porté sur la protection des captages et selon Nicolas Smeets, le président du syndicat de la source des Douins à Frasne le Château, « mieux vaut prévenir que guérir » :


Prevenir plutot que guerir par F3FrancheComte

L’agence de l’eau est formelle : il revient « 2.5 fois plus cher de traiter une eau polluée par les pesticides que d’indemniser les agriculteurs pour ne pas polluer ».

Le 21 mars dernier, le projet « Céréales et eaux » a été reconduit pour trois ans. Cette convention entre la coopérative agricole Interval, Interbio et l’Agence de l’eau a pour objectif de convaincre les céréaliers franc-comtois de passer à l’agriculture biologique. En raison des prix élevés des céréales conventionnelles , la transition espéré vers le bio n’a pas eu lieu.

Mais les agriculteurs ne sont pas les seuls responsables de la pollution des eaux par les pesticides : les particuliers seraient à l’origine de 30% de cette pollution d’où la charte « Jardiner naturellement » mise en place en Franche-Comté.

Lors du colloque de Dole, Eric Durand, conseiller régional EELV a précisé que « suite à l’appel à projet de l’Agence de l’eau et du conseil régional de Franche-Comté concernant la charte « O phytos », 57 communes et communauté de communes se sont engagées pour l’année 2012 dans cette démarche ». L’élu espère un « effet boule de neige ».

Reste LA question : quelles sont les conséquences de cette présence de pesticides dans les rivières et les nappes phréatiques sur la qualité de l’eau que l’on boit ?

Pour l’Agence de l’eau, il y a un lien même si l’eau potable française est « l’une des meilleures du monde ».

A Saône, le 7 mars, la Ligue de protection des oiseaux a demandé au conférencier Christian Pacteau de répondre à la question : «  Des pesticides dans l’eau… Quels impacts sur la biodiversité et la santé humaine ?

La conférence de Christian Pacteau à Saône

Selon Christian Pacteau, les analyses de qualité de l’eau c’est un peu « comme le reflet d’une photo floue prise dans une mauvaise lumière (…) rien ne dit qu’en dessous des normes ce n’est pas impactant pour la santé ».

L’Agence régionale de la santé n’est pas de cet avis. Certes, les normes définies dans les années 80 ont été définies en fonction de ce que les appareils pouvaient mesurer mais des travaux ultérieurs certifient que « la toxicité des molécules apparaît seulement à des seuils plus élevés que ceux fixés par la réglementation » précisent Eric Lalaurie, responsable du service santé environnement de l’ARS.

L’ARS vient justement de publier le bilan 2009-2011 sur la qualité des eaux du robinet.

En Franche-Comté, seulement 4.9% de la population reçoit de l’eau du robinet dont la teneur en produit phytosanitaires dépasse la limite autorisée.. Mais poursuit Eric Lalaurie « il n’y a pas de raison qu’il y ait des pesticides dans l’eau ». Et malgré les injonctions de l’ARS, certaines communes tardent à se conformer aux normes.

Le conférencier, auteur d’ouvrages sur les pesticides, ne veut pas tenir compte des normes, pas assez fiables à ses yeux, mais seulement de ce que l’on observe sur le terrain … Les pesticides ont des effets dévastateurs sur les animaux et sur les hommes. Les pesticides sont présents dans toute la chaîne alimentaire et s’accumulent dans les organismes même à très faible dose.  Cancers, malformations, maladies du système nerveux.

Pour les animaux, des études ont montré que les coquilles d’œufs diminuaient d’épaisseur compromettant ainsi la reproduction de certaines espèces d’oiseaux exposées aux pesticides. Pour les êtres humains, Christian Pacteau n’hésite pas à parler « d’imposture scientifique ». Selon lui, boire pendant une longue période de l’eau ayant une très faible quantité de pesticides est tout aussi néfaste qu’une exposition ponctuelle à des doses plus élevées.

La qualité des eaux de nos rivières est donc primordiale non seulement pour nos amis les poissons mais aussi pour nous. C’est bien pour cela que l’Europe et la  France vise pour 2015 l’objectif de 66% de rivières en bon état écologique. Un but qui ne sera sans doute pas atteint mais, peut être, qu’une prise de conscience plus général aura lieu d’ici là. La santé de la Loue et des rivières comtoises, c’est bien l’affaire de tous.

Isabelle Brunnarius

26 Mar

Le canton du Jura menace de porter plainte contre les exploitants des barrages du Doubs franco-suisse

« Nous perdons patience ! Depuis 2011, on ne voit rien se passer. » Joint par téléphone, Philippe Receveur, le ministre de l’environnement du canton du Jura reste calme mais ferme. Le canton du Jura pourrait porter plainte au pénal pour violation de la législation suisse de la pêche si les exploitants des trois barrages sur le Doubs franco-suisse n’agissent pas rapidement pour diminuer l’impact de leur éclusées sur la vie aquatique de la rivière.

« La situation se serait améliorée ces trois dernières semaines, donc on attend encore avant de déposer plainte. » me précise l’élu suisse. Philippe Receveur me précise qu’un rendez-vous avec les électriciens devrait bientôt avoir lieu. Pour lui, la nomination, d’un responsable environnement par le groupe E est bon signe. Sa stratégie pourrait se durcir seulement si les producteurs d’électricité ne montrent pas plus leur bonne volonté mais cela serait déjà le cas depuis quelques semaines.

L’association de pêche la Franco-Suisse confirme que les mortalités de poissons ont nettement diminué depuis que les exploitants ont commencé leurs essais pour améliorer leurs pratiques. Une amélioration qui vient tout juste après le coup de semonce du préfet du Doubs. Dans un communiqué publié début février, la préfecture jugeait « inacceptable » les mortalités de poissons. Un sentence qui semble porter ses fruits.

Agir pour le rétablissement de la continuité écologique des rivières est une des actions de l’Agence de l’eau car les conséquences écologiques de ce cloisonnement que sont les barrages sont nombreuses. Des espèces peuvent être en voie de disparition, on l’a vu avec l’Apron. Mais, ces situations sont réversibles d’où la mobilisation des associations et maintenant des élus et de l’Etat pour y parvenir.

Isabelle Brunnarius

Voici le reportage de nos confrères suisses de la RTS pour l’émission Couleurs locales.

21 Mar

La qualité des rivières, une nouvelle application pour Iphone

A priori c’est séduisant, pratique et utile. L’Agence de l’eau propose de télécharger une application gratuite pour Iphone pour connaître la qualité des rivières de Rhône Méditerranée et de Corse.  Illico presto, je l’ai chargée sur mon téléphone.  L’Agence de l’eau joue cartes sur tables et communique ainsi à tous  (enfin à ceux qui ont ce type de téléphone…) des informations habituellement accessibles pour les initiés sur le site internet de l’Agence. Dans son communiqué de presse, l’agence cible bien le grand public :

« Vous êtes kayakiste et préparez votre prochaine descente ? Vous vous apprêtez à faire une partie de pêche à la mouche ? Vous projetez de partir en vacances en famille à côté d’une rivière ou d’un fleuve et souhaitez en savoir plus sur la qualité de l’eau avant de vous baigner ? Tous les paramètres témoins de la santé d’une rivière – poissons, invertébrés, microalgues, polluants chimiques, acidité… – sont désormais mis à la portée de chacun grâce à l’application iPhone « Qualité des rivières ».

Une fois chargée, devinez quelles villes  je tape en premier pour connaître l’état de leur rivière ? Montgesoye, Ornans, Quingey… Cela marche bien ! Immédiatement, j’ai le tracé de la Loue qui apparaît sur mon écran …en vert ! Et oui, selon les critères officiels actuels, la Loue est en « bon état écologique ». Evidemment, sur place si on lève le nez de son téléphone, le touriste verra bien que le fond de la rivière est envahi par les algues, que les poissons se font de plus en plus rares et que l’on en croise encore avec de sales mycoses…

D’ailleurs l’Agence  reconnaît que « Seule la moitié des cours d’eau sont en bon état écologique dans les bassins Rhône Méditerranée et Corse. C’est encore loin des 66 % fixés à l’horizon 2015 par le Grenelle de l’environnement, malgré de nette améliorations dans le traitement des eaux usées. Aujourd’hui, la pollution par les pesticides et altérations physiques des rivières constituent les principaux facteurs de dégradation de la qualité des eaux ». Si le « bon état » des autres rivières ressemble à celui de la Loue… il y a vraiment du souci à se faire !

L’intérêt de cette application c’est aussi de voir l’évolution de l’Etat des rivières. Prenons le Doubs à Thoraise. En 2009, son état écologique était jugé « Bon ».  En 2010, il bascule en jaune  « Moyen » et il est toujours jaune en 2011. Et en 2014 ?

Si l’Agence de l’eau comunique autant ces derniers temps ( consultation du public sur l’avenir de l’eau, « Sauvons l’eau! » : soutien à l’agriculture biologique pour réduire les pesticides, annonce de la mise en ligne de l’état des rivières ..) c’est bien qu’il y a urgence. 2015 c’est demain et la France risque  de ne pas respecter ses engagements et pourrait bien payer des pénalités selon le principe établi par la DCE , la Directive Cadre sur l’Eau.

En proposant cette application ( disponible sur iPad à partir du 31 mai 2013 et sur les terminaux sous système d’exploitation Androïd à partir du 30 juin 2013), l’Agence de l’eau espère que le grand public soit mieux sensibilisé au mauvais état de nos rivières et à la nécessité de préserver cette richesse qu’est l’eau. Je vous recommande à ce sujet de faire le quiz sur l’application. Vous apprendrez, par exemple, que « 8% de la population du Bassin Rhin Rhône Méditerranée est alimenté par une eau dont la teneur en pesticides ou nitrates ne respecte pas en permanence les exigences sanitaires »…

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius@francetv.fr

09 Mar

Le Jura, terre de pêcheurs

Pour voir les photos, passez la souris sur la carte…

Nous avons le plaisir de recevoir des photos et un texte complet signé Claude Patrico. Une belle découverte du Suran, une rivière qui semble préservée. Voici le texte de ce pêcheur heureux :

« Le Suran est une rivière qui prend sa source  sur la commune de Loisia  en région de la Petite Montagne dans le Jura. Tout le long de son parcours, elle reçoit de nombreux affluents qui, en temps de sècheresse, jouent un rôle très important. Après avoir paisiblement serpenté pendant environ 77 km, dont 26 sur le Jura et 51 sur l’Ain, le Suran conflue avec la rivière d’Ain à Varambon.

Depuis début 2012, les deux syndicats du Suran du Jura et de l’Ain ont fusionné pour créer le SMISA (Syndicat Mixte Interdépartemental du Suran et de ses Affluents) qui a à charge la gestion du Contrat de Rivière.

Cette rivière du Suran a le grand privilège d’héberger le Castor sur certains de ses tronçons mais aussi sur ses affluents.

« Comme tous les ans, cette rivière du Suran classée en première catégorie, est très prisée par les pêcheurs de truites. Ce matin avec une température d’environ 4° les pêcheurs étaient au rendez-vous dans une brume qui laissait entrevoir quelques rayons de soleil en fin de matinée. Parmi eux, Dominique Desmaris, pêcheur chevronné depuis plus de 50 ans qui pour cette ouverture, vient de prélever un beau spécimen de 62 cm pour un poids de plus de 3kg, car oui dans le Suran on trouve encore de la belle sauvage. »

Quant à Nicolas Germain, il nous a fait partager la joie de se retrouver avec ses amis pêcheurs au bord de la rivière d’Ain à Crotenay : « Une rivière grossie par l’eau de neige avec des conditions de pêche très compliquées. Aucune truite de prise mais comme tous les ans, la convivialité était de mise autour du feu ! Heureux comme des poissons dans l’eau ces pêcheurs ! »

On attend vos photos ! Même si vous aviez l’habitude de pêcher sur le parcours fermé de la Bienne. Envoyez nous des photos, un peu comme un état des lieux.

Isabelle Brunnarius
Carte et infographie : Xavier Beisser et Pascal Sulocha

L’ouverture sur la Loue : une occasion pour débattre de son avenir

Pour voir les photos, passez la souris sur la carte…

Peu de monde sur les bords de la Loue... La rivière a pris sa couleur vert opaque de la fonte des neiges, le niveau est élevé. Le no-kill obligatoire sur tous le cours d’eau explique sans doute aussi le peu d’affluence le jour de l’ouverture, les amateurs de cette technique attendent des jours meilleurs. De mauvaises conditions pour les pêcheurs à la mouche qui préfèrent attendre le 1 er mai. A partir de cette date là, ils peuvent pénétrer dans l’eau pour engager leur duo avec la truite repérée.

Sur le Dessoubre, nous avons rencontré des pécheurs heureux de se retrouver ! L’ouverture reste une fête même si certains pêcheurs ont décidé, une fois  de plus, de ne pratiquer leur loisir préféré faute de poissons en bonne santé et en quantité.

En fait, seulement deux pêcheurs ont répondu à notre appel à photo pour la Loue, le Doubs et le Dessoubre….

Jean-Michel Blondeau du collectif SOS Loue et rivières comtoises a arrêté de pêcher, dégoûté par les misères de la Loue. Alors cet amoureux de la Loue ne nous a pas envoyé de souvenir de l’ouverture mais plutôt qui ne va pas calmer la colère des amis des rivières.
Jean-Michel Blondeau habite au bord de sa rivière en plein coeur d’Ornans. De son balcon, il photographie régulièrement le fond de la rivière… Cette année, malgré les trois crues  de cet hiver, la rivière n’a pas été nettoyée alors que d’habitude les mousses se détachent naturellement.  Des conditions qui devraient rendre difficile la reproduction des Ombres… Ils vont avoir du mal à trouver des espaces propres et adaptés pour déposer leurs oeufs.

La Loue n’est toujours pas en voie de guérison. Un message qu’ont voulu transmettre les experts de cette rivière au député EELV Eric Alauzet. Lors d’un déjeuner de travail à Mouthier, les universitaires François de Giorgi et Pierre-Marie Badot chargés des études sur la Loue, Maurice Demesmay, président du syndicat mixte de la Loue, Michaël Prochazka, un ancien de l’ONEMA, Georges Lauraine et Alexandre Cheval de la fédération de pêche du Doubs et Yvon Cattin, président de l’AAPPMA La truite de Lods Mouthier Hautepierre,  ont rappelé les enjeux du combat pour sauver la Loue.

Des échanges techniques pour « ouvrir les yeux du député » car l’évolution de la réglementation est indispensable pour en finir avec le paradoxe de la Loue. Ce paradoxe qui a retardé la mise en place du plan d’action; sur le papier, la Loue est dans les « normes » des rivières en bonne santé alors que, paradoxalement, dans la réalité elle est gravement malade… Il faut donc légiférer en tenant compte du caractère karstique du bassin versant.

Ces experts ont prêché un convaincu, le député est convaincu de la nécessité d’agir. Partant du principe que « les activités qui nuisent à l’environnement sont à terme condamnées », le député compte promouvoir une « écofiscalité » pénalisant les pollueurs tout en préservant les ménages à revenus modestes et les secteurs d’activités en mutation. « Il faut que chacun paye la détérioration qu’il fait sur l’environnement ».
Autre levier envisagé, l’interdiction des phosphates dans les lessives. Bref, des solutions existent encore faut-il un vrai courage politique pour les faire adopter. L’échec du gouvernement précédent à propos de la taxe carbone est encore dans nos mémoires…

Isabelle Brunnarius

Carte et infographie : Xavier Beisser et Pascal Sulocha