Le département du Doubs vient d’acquérir le « Portrait de Juliette » par Gustave Courbet grâce à une souscription de 155 000 euros lancée par « Les Nouveaux mécènes de Courbet » et une subvention de 55 000 euros versée par la DRAC (Direction Régional des affaires Culturelles) et le FRAM (Fonds régional d’acquisition des musées).
Il aura fallu de la patience et de la persévérance pour qu’ils parviennent à leur fin. C’était la première fois que les membres de l’association « Les nouveaux mécènes de Courbet » lançaient une souscription d’une telle ampleur. C’était en février 2019. A cette époque, la jeune association annonce que des propriétaires francs-comtois d’un petit portrait de l’une des soeurs de Gustave Courbet souhaitent s’en séparer tout en espérant que le tableau revienne dans la maison familiale du peintre d’Ornans . La vocation de cette association est justement de permettre au musée départemental d’enrichir sa collection permanente. Plus de 500 donateurs ont participé à cette souscription avec des sommes allant de 10 euros à 20 000 euros.
Le FRAM (Fonds régional d’acquisition des musées) a complété cette somme pour parvenir à 210 000 euros.
Au départ, les propriétaires estimaient pouvoir obtenir 250 000 euros pour cette oeuvre de jeunesse. Une famille franc-comtoise discrète qui a fait une bonne affaire ! L’histoire de ce portrait est savoureuse. Nous vous l’avions racontée lors d’un reportage tournée en février 2020. Cette petite oeuvre de jeunesse a été acquise en 1987 lors d’une vente aux enchères à Arbois en 1987. Le lot 28 de la vente était juste mentionné comme » école française du XIXe, femme de profil ».
Avec Pascal Pasquier, vice-président des nouveaux mécènes de Courbet Jean Michel Putod, ancien antiquaire Frédérique Thomas Maurin, conservateur en chef du musée Courbet Reportage : I. Brunnarius, L.Brocard, P.Mayayo, F.Pernet et M.Bensmaïl.
Le monogramme de Gustave Courbet n’a été repéré que plus tard lorsque le nouveau propriétaire a découvert une dédicace à l’arrière de la toile : « A ma soeur Juliette ».
Gustave Courbet a représenté plusieurs fois sa soeur, souvent présentée comme étant sa préférée. Au moment du lancement de la souscription en 2019, j’avais recherché les différents portraits de Juliette Courbet exposés dans des musées en France et à l’étranger. Le plus célèbre demeure celui du Petit Palais à Paris
Les relations entre Juliette et son frère ont été particulièrement étroites, surtout lorsque le peintre était en exil en Suisse. A la lecture de ses lettres, on sent une grande affection pour sa petite sœur. Juliette ne s’est pas mariée et elle était son exécutrice testamentaire.
Pour Christine Bouquin, la présidente du conseil départemental du Doubs, « c’est émouvant d’assister à l’entrée de cette figure tutélaire dans les collections du musée qu’elle a tant rêvé ». Et de rappeler que Juliette Courbet a toujours rêvé d’un musée à Ornans pour mettre en valeur de son frère. C’est ce que souligne aussi Benjamin Foudral, le nouveau conservateur du musée Courbet d’Ornans. « Ce portrait de Juliette a une place essentielle pour le musée. C’est tellement évident ! C’est avec des acquisitions comme celle-ci que l’on peut faire avancer la recherche. La collection des oeuvres de jeunesse de Courbet est un des points forts du musée « Et de rappeler que Juliette est née à l’Hôtel Hébert, la maison de famille de Courbet. Une précision qui fait dire à Pascal Pasquier, des Nouveaux Mécènes de Courbet, « Enfin, Juliette est rentrée à la maison ! ».
Ce portrait de Juliette a déjà été exposée à plusieurs reprises au musée Courbet. Il est actuellement présentée dans la salle Courbet du musée des Beaux-Arts de Besançon, le temps des travaux effectués actuellement au musée d’Ornans. Mais il faudra attendre la réouverture des musées pour aller rendre visite à Juliette et au célèbre Chêne de Flagey, autre tableau du musée d’Ornans acquis grâce à une souscription.
Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr