Qui n’a jamais rêvé de voir un jour surgir la Vouivre de la Loue ? La légende de la Vouivre est une des plus vivaces de Franche-Comté. Le Musée comtois et l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon proposent jusqu’à la fin du mois de janvier l’exposition « Tentations ou l’art de Vouivre » à la Citadelle de Besançon.
Cette histoire remonte à la nuit des temps médiévaux et n’est pas seulement l’apanage de la vallée de la Loue. La carte présentée dans la salle d’exposition recense tous les endroits où la légende prend racine. Mouthier Haute-Pierre est un haut lieu de cette tradition.
Dans les grandes lignes, la Vouivre est un « grand serpent volant qui ne voit clair que d’un oeil ; encore cet oeil ne tient-il presque pas à sa tête: c’est une boule aussi brilante qu’une étoile qui s’appelle une escarboucle et qui va devant la bête comme une lanterne. Elle donne une si grande lumière que le serpent lui-même semble être tout en feu; et quand il vole d’une montagne à une autre, on croit voir un éclair. Mon arriere-grand’père, peut on lire dans l’un des documents retrouvés par le musée Comtois, le vit une nuit en descendant au moulin, s’échapper du Puits à l’Ermite, s’élancer de l’autre côté de la rivière, poser tranquillement son escarboucle sur une grosse pierre du rivage, et secouer longtemps ses ailes sur l’eau, comme font les oiseaux qui se baignent » (Le Moine de la Vallée, Excursion au pays des cerisiers : Mouthier-Haute-Pierre, 1885) .
La légende précise aussi que si un homme parvient à voler l’escarboucle, il sera riche à jamais mais si il se fait repérer par la Vouivre, elle le tue sans pitié ! Une histoire qui ne pouvait qu’inspirer poètes et romanciers. Des extraits sont proposés à lire sur place dans la salle d’exposition. La Vouivre a été popularisée par le roman de Marcel Aymé et la romancière Carole Martinez donne merveilleusement vie à la Vouivre dans ses romans « Du domaine des murmures » et « La terre qui penche ».
Pour faire vivre cette légende, le Musée Comtois a demandé à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon de lui proposer des oeuvres d’anciens élèves ou d’élèves. Le visiteur ( moyennant un ticket d’entrée de six euros, ce qui est assez cher pour les visiteurs qui ne souhaitent voir que l’expo) découvre ainsi 18 interprétations contemporaines de la Vouivre. La séduction, le mystère de la féminité, la proximité de la mort, ont inspiré ces artistes.
En cherchant d’autres informations sur la Vouivre, j’ai trouvé une légende qui m’était encore inconnue. Vous pouvez la lire sur le site Lejura.fr. D’autres légendes existent pour expliquer la naissance de la Loue mais celle-ci a tout pour me plaire ! Une louve vivait tranquillement dans la grotte de la source de la Loue avec ses louveteaux. Un jour, une Vouivre profita de son absence pour dévora les petits. Repue, elle s’endormit après avoir déposé son émeraude. Devenue ainsi vulnérable, la louve furieuse se vengea et tua le serpent-dragon-femme.
« Le sang de la vouivre se mit alors à jaillir à grands flots par une plaie béante. Activé par les soubresauts de son agonie, le débit alla croissant et devint un torrent. Celui-ci n’était pas rouge mais vert,de la même teinte que l’émeraude. La Loue venait de naître entre le combat d’une louve et d’une vouivre. » Un acte de naissance aussi turbulent que les remous de la Loue en crue.
Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius@francetv.fr
Voici le reportage de Michel Buzon, Laurent Brocard et Alexandre Baudrand . Avec Julien Cadoret, Commissaire de l’exposition et représentant de l’Institut Supérieur des Beaux Arts, Gérald Colomb, artiste plasticien et ancien élève, Lucie Ponçon, artiste plasticienne, élève en 3ème année.