07 Mar

Pas de pêche cette année sur le Dessoubre et ses affluents

Le Dessoubre

La préfecture du Doubs a publié son communiqué cet après-midi, à quelques heures de l’ouverture :

« En réponse aux mortalités piscicoles observées depuis le début de l’année 2014 sur le cours du Dessoubre, des mesures appropriées doivent être mises en oeuvre pour protéger la ressource halieutique des cours d’eau du bassin versant fragilisée par une dégradation multifactorielle de leur état écologique. (…) Si toutefois, dans les prochains mois, la situation venait à évoluer favorablement un nouvel arrêté préfectoral pourra adapter le cadre réglementaire en conséquence. »

« Une mesure courageuse » selon Gérard Mougin , président de l’AAPPMA Les deux vallées.Les deux associations de pêche du Dessoubre, les AAPPMA des deux vallées et de la Truite de la Reverotte avaient voté lors de leurs assemblées générales la fermeture cette année de la pêche sur leur secteur pour préserver leur cheptel décimé par la saprolégniose, mais seul l’arrêté préfectoral a une valeur juridique. La pêche des truites et des ombres sera donc impossible sur le Dessoubre même pas en no-kill (le poisson doit pris avec un ardillon écrasé ou sans puis être remis à l’eau). La fédération de pêche du Doubs, elle, oeuvrait pour une ouverture en no-kill.  Elle souhaitait avoir la même attitude que celle prise lors de la crise de la Loue. Depuis les mortalités de 2010, seul le no-kill est autorisé sur la Loue et ses affluents de sa source à la confluence avec la Furieuse. Mais l’ONEMA (Office Nationale de l’Eau et des Milieux Aquatiques) pronait, semble-t-il, cette fois-ci, la fermeture totale. Une position différente de  celle prise pour la Loue il y a quelques années. Les agents de l’ONEMA, précise la préfecture du Doubs devront continuer de surveiller le Dessoubre.

Les associations de pêche du Dessoubre ont donc pris la même positions que les pêcheurs de Montgesoye, dans la haute vallée de la Loue. Alors que le no-kill est la règle pour la Loue, l’AAPPMA de Montgesoye maintient la pêche fermée depuis 5 ans. Une fermeture qui, selon la fédération n’est pas réglementaire. Depuis la mise en place de nouveaux statuts, les décisions de la fédération s’impose aux sociétés de pêche  Mais pour le président de la société de Montgesoye, Jean-Marie Conche, il ne fait que respecter les articles 1 et 2 des statuts de son AAPPMA : protéger le milieu aquatique et les poissons. « On ne se sent pas du tout hors la loi ! Je ne vois pas pourquoi on ne peut pas être plus restrictif que le préfet. Il y a si peu de poissons qu’il faut les laisser tranquilles ». Les sociétaires de cette AAPPMA ne sont pas favorables au no kill.  Ils auraient préféré, cette année, ouvrir avec une restriction de un poisson par jour et par pêcheur. Une solution qui n’a pas été retenue par la préfecture.

La fédération de pêche privilégie le no kill car, selon elle, il est préférable que les pêcheurs viennent toujours au bord des rivières pour observer ce qui s’y passe. Autre raison invoquée, l’égalité de traitement entre les pêcheurs de la Loue et ceux du Dessoubre.  Et puis, il y a l’argument financier. Pour financer ses actions, la fédération a besoin de vendre des cartes de pêche. Au milieu des années 80, 40.000 cartes de pêche annuelles étaient vendues dans le Doubs, contre environ 12.000 aujourd’hui. A Montgesoye,  même si la pêche est fermée,  27 cartes ont été vendues l’an dernier. Des riverains non pêcheurs et des pêcheurs ont payé 20 euros par solidarité pour maintenir des rentrées financières à l’association de pêche. Pour le Dessoubre, une trentaine de pêcheurs avaient pris leur carte sans attendre la décision préfectorale, ils seront remboursés. « On va perdre beaucoup d’argent » déclare Gérard Mougin mais la protection du cheptel est prioritaire cette année. Moins de recettes pour la fédération du Doubs qui touche une partie de la vente des cartes de pêche, et plus de dépenses… Cet été, la fédération et les services de l’Etat vont cofinancer une enquête piscicole ( pêches électriques) pour quantifier les pertes de cette hiver. La pêche est aussi une affaire d’argent. Cette fermeture aura des répercussions financières pour les commerçants de la vallée du Dessoubre.

Isabelle Brunnarius

isabelle.brunnarius@francetv.fr

 

Arrete 2014066-0031 Dessoubre Peche (1) by France 3 Franche-Comté

VOS COMMENTAIRES :

 » …. comme si les pêcheurs étaient responsables de la mort des truites et des ombres dans le Dessoubre et dans la LOUE  !! les voila sanctionnés alors que ce sont eux les premières victimes du désastre. Le Préfet sous réserve de préserver une faune en grande partie déjà disparue alors que la pêche est fermée, interdit la pratique mais ce n’est pas surprenant; en fait, comme sur la LOUE, il se protège et il protège uniquement son administration désemparée, inutile et incapable de faire face au problème de pollution insidieuse car c’est bien ce de quoi il s’agit. 
Il pense qu’il faut mieux se mettre à dos une poignée d’irréductibles plutôt qu’un empoisonnement survenant à la suite de l’hypothétique consommation d’une truite malade ?? Je ne suis pas dupe de cette couardise.
J’ai déjà dit que nos rivières étaient empoisonnées par les produits de la société moderne qu’on retrouve dans les rejets de STEP et dans les épandages (produits médicamenteux et autres produits industriels d’usage courant). mais le préfet ne peut rien faire face à ce problème car il n’est pas là pour aménager des Lois ou règlements mais les faire appliquer. Or il n’y a pas de Lois sur ce sujet et je parie qu’il n’y en aura jamais.
Pêcheurs, votre art agonise : profitez de vos derniers instants avant de finir à pêcher des carpes obèses dans les gravières….. » JF Bonvallot

AUTRE COMMENTAIRE

Lla Saprolegnia ferax ( ou parasitica ) est  un hôte normal des rivières ,où son rôle est de « digérer » , »recycler »   les cadavres de toutes sortes et de toutes tailles ( en Grec , »Sapros »   = « pourriture » ). Elle se fixe de préférence sur les poissons affaiblis (pollution?) ou blessés ;  Un poisson pris en no kill  est donc  
blessé par un hameçon barbelé souillé par les multiples prises précédentes, JAMAIS désinfecté et donc porteur de germes plus ou moins  pathogènes; puis ce poisson ,pris dans les mailles d’une épuisette jamais lavée qui enlève une partie de son mucus protecteur ,et  probablement quelques écailles… Décroché ensuite par des mains plus ou moins propres et plus ou moins patientes ,ce poisson est remis à  l’eau (après avoir été photographié si il en vaut la peine…)
Des poissons qui subissent ce traitement 5 à 6 fois par an ont toutes les chances d’être infectés par Saprolegnia . Je pêche mon vieux Dessoubre depuis 58 ans ,et presque chaque année ,quelques poissons égratignés lors de la fraie meurent de  Saprolegniose. La seule épidémie comparable à celle de cette année  
date de 1971. Heureusement ,le Préfet de l’époque avait eu ,lui, l’intelligence de NE PAS FERMER la pêche ,évitant ainsi de détruire la rivière en la confiant aux bons soins des braconniers . Mais je  conçois bien qu’il est plus facile de fermer la pêche que de veiller au respect des lois réglementant les rejets des effluents agricoles ou industriels…