David Bosc, l’auteur du roman « La claire fontaine » (Editions Verdier) sera présent à Besançon le vendredi 7 février à 19 heures à la librairie « Les sandales d’Empédocle puis à Dole le samedi 8 février à 15 heures à la librairie La Passerelle.
Dans son livre (Prix Marcel Aymé 2013, nominé pour le prix du public de la RTS, prix fédéral de littérature), il relate les quatre dernières années de la vie de Gustave Courbet lors de son exil en Suisse.
Pour écrire roman ou plutôt cette biographie légèrement romancée, David Bosc est venu dans la vallée de la Loue.
«L’eau de la Loue, au bleu de l’aube, a le renflement de l’huile. La maison ventrue du père y trempe de tout son long, miche dure mise à mollir pour les oies ou les coquecigrues (…) Au tournant, le vieux Pont de Nahin faisait les yeux ronds lorsqu’une cane et ses petits vinrent lui tirer des larmes. D’Ornans jusqu’au carrefour de la Main, la route allait être longue, plus de vingt kilomètres en remontant la Loue»
Dès la première page, le lecteur plonge au coeur du pays du maître d’Ornans. Une vallée arpentée par David Bosc lors de la préparation de son roman. « Je ne suis pas obsédé par les détails, mais je veux être précis dans les descriptions. Je vérifie même les distances avec google street view ! »
Vous ne lirez pas ici une critique de ce petit livre jaune, ce n’est pas le propos du blog. Les voici toutes rassemblées sur le site des Editions Verdier. Elles sont élogieuses ! Ce qui m’intéressait, c’était l’oeil de David Bosc sur la vallée de la Loue…
L’écrivain est tombé sous le charme de la vallée. « Je suis venu un week-end en ayant préparé un programme et puis je me suis laissé guider sur place. Je n’avais pas prévu de monter à Hautepierre, je me suis régalé ! » Décidément,la roche de Hautepierre inspire les écrivains. Carole Martinez a choisi de fixer son roman « Du domaine des Murmures » dans la vallée de la Loue après avoir repéré dans des guides de varappe les falaises des environs de Mouthier.
Si le titre du livre de David Bosc évoque l’eau c’est parce que l’auteur nous décrit un Courbet aimant se baigner dans les gorges de Nouailles, entre Lods et Mouthier-Hautepierre :
«L’exultation du corps, passé le premier froid, et un bonheur silencieux dont on serait la coupe, ce bonheur qui fait pousser un cri un peu américain, jeune et viril, pour jouir encore mieux du silence, passé l’écho, et sourire à hauteur de libellule. Là-haut sur la falaise de l’autre rive, il y a des branches comme des bras qui font signe»
L’eau, la rivière, la source… David Bosc s’est, bien sûr, rendu à la source de la Loue :
«Peignant les cours d’eau, Courbet regarde toujours vers l’amont, vers la source qui n’est pas la réponse mais le mystère consacré (le visage voilé du Grand tout). Peignant la source de la Loue, qui est un trou sombre, d’un bel arrondi, vaste autant qu’une grange, d’où sort sans heurts ni remous un flot puissant, il fait sur elle, un cadrage serré – on ne voit ni ne devine le grand corps de falaise qui domine, qui entoure et qui s’ouvre pourtant à la délivrance de l’eau».
« Courbet a fait ici une demi-douzaine de tableaux. Au premier abord, chacun d’entre eux oppose à qui les regarde une résistance de vitre blindée. Puis la béance vous aspire (dans l’un des plus beaux noirs qui fut jamais peint), et cela peut être pour vous précipiter en plein ciel, ou sous la mer, ou dans celle des chambres du monde qui vous est la plus intime.»
David Bosc a lu tout ce qu’il a trouvé sur Gustave Courbet. Sa vie à Ornans est bien documenté. En venant sur place, il a découvert les paysages peints par le maître d’Ornans. « On se retrouve là avec Courbet dans cet amour d’une nature simple et, si on regarde dans les détails, fabuleuse. Le Puits noir, c’est un résumé du pays de Courbet, c’est aussi le contraire de ce qui se peint à l’époque » m’explique David Bosc.
« A l’est d’Ornans, au lieu-dit le Puits-Noir, coule la Brême, un ruisseau de rien sur un lit de cailloux, bordé de hautes roches et d’arbres venus dans le plus grand désordre. C’est à cet endroit que Courbet a tiré le voile, qu’il a vu le grand corps à la renverse, alangui, épanoui, dormant peut être, de la nature. Le Puits-noir, il l’a peint du milieu de la rivière, non comme un pêcheur à la mouche, dont les cuissardes contrarient le courant, mais comme une libellule en vol stationnaire. Une libellule dont la vitesse a effacé les ailes. Un clou fiché dans la matière du temps».
Cette vallée de la Loue a été un véritable coup de foudre pour l’écrivain. A tel point qu’il aimerait bien y venir plus souvent… » J’avoue regarder les petites annonces pour une petite cabane. J’y viendrais avec mes enfants.. » Peut-une nouvelle source d’inspiration romanesque ?
isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius@francetv.fr