02 Oct

Un contrat de rivière pour le Doubs signé en 2014 : Agir et se résigner.

conférence

C’était un comble ! La rivière la plus importante de Franche-Comté ne bénéficiait pas de contrat de rivière. Une lacune qui est entrain d’être comblée (mis à part le Doubs franco-suisse qui reste … à part ! ). L’idée remonte à 2008 et c’est aujourd’hui, que le comité de rivière « Vallée du Doubs et territoires associés » vient de se réunir pour la première fois à Besançon. Ce comité regroupe 80 personnes (élus, services de l’Etat, usagers) et c’est lui qui  devrait signer en juin prochain ce contrat de rivière avec les financeurs (Agence de l’Eau, collectivités).  C’est l’élu régional EELV Eric Durand qui préside ce comité de rivière. L’écologiste est déjà vice-président de l’EPTB Saône et Doubs, l’Etablissement Public qui va porter au quotidien ce contrat.

A quoi sert ce contrat ? C’est un gage d’action, plus ou moins rapide, mais d’action tout de même !

 

Trois axes ont été définis et des actions concrètes devront être contractualisées d’ici juin.

Tout d’abord, le rétablissement de la continuité écologique. Ce sont les actions les plus « faciles » et les plus « visibles » pour améliorer la qualité des rivières. Si l’on peut dire qu’il est facile d’agir pour les rivières…

Je ne vais pas trop vous assommer de chiffres mais 77 ouvrages (barrages ou seuils) ont été recensés sur le Doubs. Sur ces 77 ouvrages, 63 sont peu ou pas franchissables  par les poissons. Des obstacles à la continuité écologique nécessaire à la bonne santé de la rivière et de ses petits habitants. Des travaux devraient être programmés sur 28 ouvrages. Parmi eux, les travaux de mises aux normes sont obligatoires sur 12 d’entre eux.

A savoir, l’Agence de l’eau peut financer jusqu’à 80 % des études et des travaux. Mais attention, ce  taux risque de baisser en 2018…

Ces financements existaient avant la mise en place de ce contrat alors pourquoi signer un contrat ? «  Cela nous permet d’augmenter les taux d’intervention et d’aider certains projets qui n’auraient pas été éligibles » précise Laurent Tessier, directeur de l’Agence de l’eau sur notre secteur.

Mais ce contrat ne va pas tout résoudre. On l’a vu sur la Loue, les riverains des barrages sont parfois très attachés aux ouvrages qui ont une valeur patrimoniale ou même culturelle. A Saint-Hippolyte, la résistance est manifeste, admet Eric Durand. Le conseil municipal s’oppose à ces travaux d’arasement du barrage du Moulin Neuf.

Pragmatique, le comité de rivière va donc commencer les études aux endroits où il n’y a pas de problème !

Les microplolluants : un problème  insoluble ?

Le deuxième axe est plus épineux voir désespérant. Il s’agit de l’amélioration de la qualité physico-chimique des eaux. Désespérant car, dans certains cas, il n’y aucune solution. Prenons l’exemple des HAP. En mars 2013, l’Agence de l’eau publiait son rapport sur l’etat des eaux des bassins Rhône, Méditerranée et Corse. Les HAP viennent de la pollution de l’air. Ce sont micropolluants que nous développons en nous chauffant, en nous déplaçant en voiture, en faisant des barbecues… Dans ces bassins, 99% des sites de surveillance sont contaminés par les HAP. Parmi ces HAP, il y en a un qui est particulièrement cancérogène : le fluoranthène. « Il est retrouvé avec des niveaux  de concentration très élevés sur un large secteur du Doubs. » peut-on lire dans le rapport. A Audincourt, à Thoraise, à Morteau… les concentrations sont jusqu’à 3800 fois supérieures aux concentrations considérées comme sans effet sur l’environnement ! Le pire est le constat d’impuissance. Peu d’études sur le sujet et surtout pas de solutions pour s’en débarrasser.

Les PCB sont aussi présents dans le Doubs. « Un scandale, une honte ! » s’emporte Eric Durand. La consommation de poissons de fond est toujours interdite sur certains secteurs du Doubs.

Alors que faire ? «Agir à la source » répond Laurent Tessier. C’est ce qui est fait actuellement auprès des industriels et des agriculteurs. Les résultats sont là; la qualité des eaux du Doubs s’est nettement améliorée depuis ces vingt dernières années comme l’a montré le documentaire «Doubs, Loue, destins croisés» de Jean-Philippe Macchioni. Mais, pour ce qui est ancré dans les sédiments, c’est trop tard.

Reste le troisième axe : animer sur l’ensemble du secteur ( 293 communes ! ) , informer, sensibiliser le grand Public. Vaste programme. Très prochainement, vous trouverez le détails de ces actions sur le blog.

 

Isabelle Brunnarius

isabelle.brunnarius@francetv.fr