Les cendres du peintre de la vallée de la Loue pourraient, peut-être, être transférées au Panthéon. C’est en tout cas le rêve d’un grand admirateur du peintre, Yves Sarfati. Ce médecin parisien a même créé le «comité de soutien de l’entrée de Courbet au Panthéon». Auteur et initiateur de l’ouvrage collectif «Transferts de Courbet»* , il y pense depuis plusieurs années et là l’occasion se présente enfin !
En mai dernier, le président de la République confie à Philippe Bélaval, Président du Centre des monuments nationaux, une mission de réflexion sur le rôle du Panthéon dans la promotion des principes de la République. La mission consiste, en partie, à proposer des noms de personnages illustres à qui un hommage solennel pourrait être rendu.
Yves Sarfati rencontre justement aujourd’hui Philippe Bélaval une dernière fois avant la date fatidique du 30 septembre, date à laquelle le chargé de mission doit rendre son rapport à François Hollande.
Yves Sarfati sera également ce vendredi aux Mots Doubs* à Besançon pour participer à un café littéraire autour de l’oeuvre de Courbet sous l’oeil de la psychanalyse.
Un vote sur internet
Et comme souvent maintenant, une consultation par internet est organisée.Du 2 au 22 septembre, les internautes peuvent se rendre sur le site dédié à ce vote mais, comme toujours, «Les résultats de cette consultation n’ont valeur ni de référendum, ni de sondage au sens scientifique du terme, mais ont pour but d’éclairer les propositions que le président du CMN fera au chef de l’Etat à la fin du mois de septembre».
Mais pourquoi vouloir exhumer le corps de Gustave Courbet de son cimetière d’Ornans ? Un cimetière qu’il a fait connaître au monde entier au travers de sa toile «Un enterrement à Ornans»…
Dans une lettre destinée à tout ceux et celles qui voudraient soutenir cette initiative, Yves Sarfati insiste sur la dimension historique du peintre de la vallée de la Loue :
«Je vous demande très solennellement de considérer l’opportunité historique de faire entrer Gustave Courbet, immense artiste, grand démocrate et martyr de la République, au Panthéon. Oui, Courbet, l’auteur d’Un enterrement à Ornans et de L’Origine du Monde, le communard pacifiste appelant à une égalité véritable des peuples et à l’union des nations d’Europe, Courbet peintre de l’ouvrier, du paysan et du mendiant, Courbet défenseur infatigable de la République, oui ! Courbet doit reposer auprès de Zola, qui l’a défendu avec fièvre et de Victor Hugo, son compatriote et frère indocile.»
Un transfert sous le signe de la réhabilitation
Pour Yves Sarfati, ce transfert, c’est avant tout une réhabilitation. «On a enterré Courbet dans la honte, il faut l’exhumer dans la gloire !»
Le peintre n’a pas toujours été enterré sur sa terre natale. Condamné à l’exil, mort en Suisse à la Tour-de-Peilz au bord du lac Léman en 1877, ce n’est qu’en 1919, à la demande de sa soeur Juliette, que le peintre est enfin enterré chez lui mais … en catimini. Le maire de l’époque aurait craint d’éventuelles émeutes. «Seul le garde champêtre et le croquemort ont assisté à son enterrement à Ornans» déplore Yves Sarfati.
Faut-il laisser Courbet dans sa chère vallée ou bien lui offrir une place de prestige aux côtés de Victor Hugo, Emile Zola ou Jean-Jaurès ? La question est délicate. D’après Yves Sarfati, des familles se sont déjà opposées au transfert des corps de leurs illustres aïeuls. Courbet n’a pas de descendant, cela serait alors aux habitants et aux élus de la vallée de la Loue de s’interroger : Gustave Courbet, le peintre et l’élu de la Commune de Paris, aurait-il apprécié cet honneur de la République ?
Isabelle Brunnarius
*Aux Mots Doubs,vous pouvez écouter et rencontrer Yves Sarfati, psychanalyste, Paul Bizouard et Sylvie Nezelof, pédopsychiatres, et Pascal Reilé, hydrogéologue ce vendredi à 16H15 lors d’un débat animé par Marie-Ange Spinelli au Café littéraire.