Le service réanimation du CHU de Limoges nous a ouvert ses portes pendant toute une journée.
Il fait souvent plutôt peur, à cause des cas très graves qui sont pris en charge. Pourtant, derrière les machines et les médicaments, c’est aussi un service particulièrement humain.
Deux défaillances d’organes
L’entrée est plutôt discrète, juste à côté des urgences du CHU de Limoges.
Les patients arrivent toujours ici dans un état critique, après une infection grave, un accident, ou une importante chirurgie.
Philippe Vignon, chef du service, explique :
« Le patient entre en réanimation parce qu’il a deux défaillances d’organes : le cœur et la circulation, le poumon, le rein, le foie… Plus le nombre d’organes touchés est important, plus le pronostic vital est engagé. »
Cocon
Ce qui frappe, au-delà des machines et des techniques pour suppléer les organes, c’est un véritable cocon autour des patients.
On leur parle, même s’ils sont inconscients. Et on soigne aussi leur entourage.
Marie-Agnès Vignaud, infirmière, témoigne :
« On sait quelle est la souffrance des gens, quels mots utiliser ; pas forcément pour réconforter ce qui n’est pas consolable. On est proche d’eux. »
« Je me suis sentie humaine »
Nous avons rencontré Alice, une ancienne patiente.
Il y a deux ans, elle a été victime d’une méningite. Entre la vie et la mort, elle a été hospitalisée dans le service de réanimation du CHU de Limoges pendant plusieurs semaines.
L’expérience fut marquante. Elle se souvient de ses hallucinations à cause des médicaments, de son réveil avec un tuyau dans la bouche pour respirer :
« Ne pas pouvoir communiquer ni poser de questions, c’est très difficile. Après, on a mis en place une petite ardoise pour communiquer. C’était plus facile, même si mes propos étaient un peu confus… Je ne me suis pas sentie « objet », et simple patiente. Je me suis sentie humaine. On m’a considérée tout au long de mon hospitalisation. »
Son père aussi a apprécié le soutien des équipes du service dans un moment particulièrement difficile :
« Pour un papa, avoir son enfant dans un service de réanimation, c’est une douleur incroyable. Ne pas pouvoir être actif pour son gosse, c’est insupportable. »
Recherche
Comme de nombreux patients, Alice a participé à un essai thérapeutique.
Des équipes de recherche opèrent au cœur du service. Les situations critiques prises en charge représentent un terrain idéal pour étudier de nouveaux médicaments.
Séverine Laleu travaille pour le centre d’investigation clinique :
« Depuis quelques années, nous faisons face à des bactéries résistantes aux antibiotiques. C’est important de trouver de nouvelles molécules pour proposer des antibiotiques plus adaptés aux patients. »
A l’heure des visites
A 16h, le service ouvre ses portes aux visiteurs.
Les proches des patients doivent s’habituer au lieu, et aussi à porter une blouse blanche… Souvent, ils trouvent du réconfort auprès des autres familles qui traversent la même épreuve.
La fille d’un patient nous raconte le départ d’un homme hospitalisé dans une chambre voisine :
« On s’est dit « ah, ça arrive que quelqu’un sorte un jour »… Dans la salle d’attente, on était tous contents, on disait bravo… C’est important qu’on se parle dehors. On voit toujours les mêmes visages, alors on finit forcément par se parler. »
Si certains patients restent plusieurs semaines en réanimation, la durée moyenne d’hospitalisation dans le service est de 7 jours ; les malades peuvent sortir quand ils sont capables de vivre de façon autonome.
Ils partent alors vers des soins moins lourds. Souvent avec reconnaissance ; c’est le moteur le plus important pour les équipes de réanimation…