On le sait, le mot irrationnel est un de ceux qui s’appliquent le mieux à cet étrange monde des toros. Est irrationnel ce qui est en dehors de la raison, comme par exemple s’habiller en lampion avec des bas roses pour affronter un toro de cinq cent kilos. Ou certaines superstitions, qui ne s’expliquent pas.
Mercredi matin à Mont de Marsan, lors du tirage au sort de la corrida de Fuente Ymbro, les cuadrillas unanimes mirent tout de suite de côté un des toros : « Non, celui-là, non. On le garde comme remplaçant, mais il n’est pas dans les six de départ… » Dans ces cas-là, inutile d’aller savoir pourquoi…
Or, ce paria, ce recalé du matin, il a bien fallu que le Juli le torée, en remplacement du quatrième, qui s’était à moitié tué en tapant contre le montant d’un burladero. Le toro est donc finalement sorti, plutôt bien, magnifique de tête, de corps, de présence, et il a même laissé une de ses oreilles dans la besace du madrilène… Aussi a-t-on cherché à savoir pourquoi le matin les cuadrillas n’avaient pas voulu de lui. Et la réponse du callejon est venue, simple, désarmante :
« Il avait les larmes aux yeux !… »