16 Juin

Avec Minecraft, on s’évade à la maison d’arrêt de Rennes

Minecraft à la maison d'arrêt

Minecraft à la maison d’arrêt

La maison d’arrêt des mineurs de Vezin, près de Rennes, a fait entrer le jeu vidéo Minecraft dans ses murs. Ce jeu de construction de paysages et de plateforme, en mode individuel ou collaboratif, est à la fois un outil d’évasion et d’éducation.

On connaissait l’usage de Minecraft dans la médiation urbaine. Avec Rennescraft par exemple, l’association 3 Hits Combo propose de ré-inventer la ville et « apporte des points de vues différents en terme d’urbanisme, de territoire, de vivre ensemble ». Avec le lycée Emile Zola, les animateurs ont imaginé qu’une grande caserne devienne la propriété de la ville. Il s’agissait alors de reconstruire le lieu dans le jeu Minecraft – pour faire simple une sorte de Légo dans un univers persistant – en intégrant des objectifs de mixité sociale. Un bilan a ensuite été exposé aux élus de la Ville de Rennes et de Rennes Metropole.

La puissance de ce jeu de construction collaboratif continue son chemin inédit dans la médiation. Cette fois, l’association a proposé aux éducateurs de la maison d’arrêt de Vezin-le-Coquet, aux portes de Rennes, de faire jouer des détenus. Minecraft met en oeuvre des principes de collaboration tout simples. « C’est aussi mieux se parler, mieux communiquer, c’est tu es où ?, tu fais quoi ?, est-ce qu’on peut faire ça ou ça ensemble?  » explique Thomas François, le coordinateurs de Rennescraft, « au final ça peut servir à tous« .

Musique assistée par ordinateur, dessin, retouche photo… depuis de nombreuses années, les nouvelles technologies ont fait leur apparition dans le milieu carcéral. Un enjeu d’éducation mais aussi une manière d’éviter le décrochage, de réduire une fracture numérique qui accompagne la privation de liberté.

Avec cette initiative de 3 Hit Combo et de l’administration pénitentiaire, c’est aussi la « dédiabolisation » du jeu vidéo qui est à l’oeuvre, et en terme d’éducation, une fenêtre ouverte sur l’outil collaboratif. « Ils passent un certain nombre d’années en prison, et la vie ne s’arrête pas » explique Catherine Gloaguen, éducatrice à la maison d’arrêt. « c’est important pour eux de savoir qu’il peut y avoir la fête de la musique en détention, l’école comme à l’extérieur, l’accès à la culture, l’accès à tout, moyennant bien sûr des règles sécuritaires. »

L’association 3 Hit Combo était également l’organisateur du récent Stunfest, qui a rempli durant deux jours le Liberté à Rennes. Un succès populaire, reposant ici sur le jeu vidéo indépendant et le phénomène du « vintage », qui sort le jeu vidéo de ses frontières. La dynamique du jeu, avec la fameuse gamification, touchant le secteur culturel, mais aussi le tourisme, l’urbanisme, l’éducation, et avec l’exemple de Rennes, l’insertion.

 

Reportage: Séverine Breton, Vincent Bars