09 Juil

Carnet de bord # 3

RICHARD III. Loyauté me lie. Jean Lambert-wild, Stephanr Blanquet, Gerald Garutti, Jean-Luc Therminarias. Répétitions au Théâtre de l'Union. CDN Limousin. Limoges. 25 06 2015 ©Tristan Jeanne-Valès

RICHARD III. Loyauté me lie. Limoges. 25 06 2015 ©Tristan Jeanne-Valès

Les premières images du Richard III incarné par Jean Lambert-wild sont pour le moins atypiques.  On s’imagine habituellement le personnage de Richard comme physiquement difforme, ricanant, monstrueux et boitillant d’une scène à l’autre.  Shakespeare, en insistant sur la difformité du personnage, souligne le caractère repoussant de Richard, pour les autres et pour lui-même. Nombre d’interprètes – dont Laurence Olivier, magistralement – ont pourtant fait le choix de ne pas insister sur la monstruosité extérieure de Richard pour mieux la mettre à l’intérieur du roi fou. Cette option permet de faire évoluer le personnage avec une palette plus riche de nuances et ainsi éviter l’écueil d’une figure totalement repoussante dès le début de la pièce.

RICHARD III Jean Lambert-wild premières répétitions au Théâtre d'Hérouville 10 2014 ©Tristan Jeanne-Valès

RICHARD III Jean Lambert-wild premières répétitions au Théâtre d’Hérouville 10 2014 ©Tristan Jeanne-Valès

En adoptant la posture du clown – un clown étrange, inquiétant, formidablement drôle et imprévisible mais parfois aussi touchant et mélancolique – nous nous situons à la fois dans le jusqu’au-boutisme shakespearien, dans la nuance du personnage et dans une originalité qui nous éloigne de l’interprétation canonique de Richard III.

RICHARD III Jean Lambert-wild premières répétitions au Théâtre d'Hérouville 10 2014 ©Tristan Jeanne-Valès

RICHARD III Jean Lambert-wild premières répétitions au Théâtre d’Hérouville 10 2014 ©Tristan Jeanne-Valès

L’art du clown est l’exercice de la totalité et de la richesse des gammes de jeu. A l’image du personnage de Richard III qui se lance à corps perdu dans toutes les actions qu’il entreprend, le clown joue entièrement sa partition, sans demi-mesure mais avec une infinité de possibilités. Ce choix correspond donc à l’esprit même de l’écriture – elle-même fondée sur une vision plutôt appuyée du personnage réel.

RICHARD III Jean Lambert-wild premières répétitions au Théâtre d'Hérouville 10 2014 ©Tristan Jeanne-Valès

RICHARD III Jean Lambert-wild premières répétitions au Théâtre d’Hérouville 10 2014 ©Tristan Jeanne-Valès

Le clown de Jean Lambert-wild, qu’il a développé depuis près d’une quinzaine d’années, porte un pyjama rayé qui souligne le somnambulisme de Richard III, cette façon de conduire la réalité comme s’il s’agissait d’un cauchemar. Son maquillage est blanc, comme il se doit, seuls deux points noirs sur le front annoncent la naissance de cornes infernales. Tout à la fois monstrueux et précieux, drôle et tragique, mélancolique et volontaire, le clown Richard nous tend le miroir des paradoxes inhérents à tout être humain.

RICHARD III Jean Lambert-wild premières répétitions au Théâtre d'Hérouville 10 2014 ©Tristan Jeanne-Valès

RICHARD III premières répétitions au Théâtre d’Hérouville 10 2014 ©Tristan Jeanne-Valès