La venue de Jean-Marie Le Pen à Grenoble ce mercredi 7 mai au soir ne devait pas passer inaperçue, c’était écrit.
Qu’on le regrette ou non, qu’on partage leurs opinions ou pas, les « anti » Le Pen avaient prévu de manifester leur opposition au parti d’extrême-droite, ils en avaient le droit, même le maire de Grenoble avait publiquement affiché son hostilité à la tenue de cette réunion publique.
Qu’on le regrette ou non, qu’on partage leurs opinions ou pas, les « pro » Le Pen ont le droit de tenir meeting. Leur parti est autorisé, la campagne des européennes lancée, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel garantit un temps de parole en adéquation avec le « poids » politique.
France 3 Alpes avait prévu de couvrir les deux aspects de cette actualité :
1/ la manif des « anti meeting », en expliquant lors d’un direct dans le 19/20 la situation factuelle.
2/ la campagne politique du candidat Le Pen en faisant le choix de « couvrir » le meeting et de diffuser le reportage dans les JT du lendemain.
Mais le Front National en a décidé autrement. Le responsable communication de Jean-Marie Le Pen a interpellé l’équipe de France 3 Alpes qui préparait son direct dans le véhicule de transmission, pour lui demander si France 3 allait couvrir la conférence de presse prévue à 18h30. L’équipe a répondu par la négative, indiquant qu’elle devait se préparer pour le direct de 19 heures, mais qu’elle couvrirait le meeting après le direct, le meeting étant plus « télévisuel » que la conférence de presse.
Le « responsable de la communication » de Jean-Marie Le Pen n’a pas apprécié : « C’est toujours comme ça avec France 3, vous choisissez de ne parler que de la manif anti-Le Pen, et pas du meeting. Vous avez choisi votre camp, nous on choisit le notre, vous verrez bien à l’entrée du meeting ».
Après le direct, l’équipe s’est présentée à l’entrée de la réunion publique, pour continuer son travail d’information. Mais un agent de sécurité a bloqué l’entrée en déclarant à voix haute : « ce sont les enc… de France 3, on ne les laisse pas entrer ».
L’équipe de reportage a compris qu’elle ne devait surtout pas provoquer d’incident, et a dû se résoudre à rentrer bredouille sans pouvoir « couvrir » la réunion publique.
Il n’y aura donc pas de sujet détaillant le discours de Jean-Marie Le Pen dans les éditions de France 3 Alpes ce jeudi.
Les situations tendues, les propos indélicats, les moments de tension, les propos vifs à l’encontre des journalistes, la rédaction de France 3 Alpes, comme toutes les rédactions, y est quelques fois confrontée. Les journalistes sont souvent les premiers témoins des colères et des expressions virulentes, cela fait partie des risques inhérents au métier.
Dans ce cas précis, c’est la première fois qu’une équipe de France 3 Alpes est empêchée de couvrir une réunion publique dans le cadre d’une campagne électorale. Nous le regrettons. Les téléspectateurs, y compris ceux qui sont sensibles aux idées du Front National, devaient connaître le contexte de cette soirée.
André Faucon
Délégué Régional de France 3 Alpes