Avec sa proposition choc de lier impôt et nationalité, Nicolas Sarkozy a provoqué un véritable bouillonnement. Sur la mesure en elle même, sa pertinence et sa faisabilité (voir billet précédent) mais aussi sur la notion même d’expatriation.
En tentant d’établir la distinction entre bons et mauvais expatriés, entre ambassadeurs et déserteurs, la proposition a provoqué quelques réactions plutôt intéressantes. J’en ai retenu deux particulièrement. Antagonistes.
Le blogueur INSIDE AMERICA n’a pas d’identité claire mais un style incisif. Sous le titre, « les bons, la brute et les méchants », l’auteur se livre à un exercice assez réjouissant de bonneteau sémantique sur les bons expatriés, cocardes tricolore en bandoulière, qui font de mauvais immigrés et ces déserteurs fiscaux qui se comportent comme des immigrés modèles dans leur pays d’adoption.
Un peu compliqué ? Lisez le billet intégralement vous comprendrez mieux.
Le second polémiste se nomme Ruben Mohedano-Brèthes. Il est candidat « indépendant centriste humaniste » (si, si !) dans la 4ème circonscription, des législatives de l’étranger, à savoir le Benelux. Lui aussi est un adepte de la sémantique. Mais d’une sémantique plus.. patriotique. « Non, nous ne sommes pas des Français »de » l’étranger » assène-t-il avec force. Car cette petite locution, à l’apparence de particule, n’aurait, selon lui, rien de noble en la circonstance :
D’où cette préférence affichée pour l’expression « Français « à » l’étranger », revendiquée comme un label, une sorte d’Appellation d’Origine Contrôlée..
Pas sûr qu’ « INSIDE AMERICA » partage cette vision un peu messianique de l’expatriation, mais c’est clairement une partie du raisonnement qui a prévalu à la création des circonscriptions des Français de l’étranger.
« Expat ou immigré ? »
Quoiqu’il en soit, le débat n’est pas près d’être clos. Le questionnement identitaire, qu’il soit sociologique, sémantique ou philosophique est dans la nature même de l’expatriation. Vous en trouverez d’autres échos dans la rubrique éponyme de ce blog (expats ou immigrés ?). Parmi l’ensemble des liens, je vous en recommande deux en particulier :
- – « Il y a d’autres motifs au départ comme le gout pour l’aventure, l’éducation ou l’exil politique, mais la majorité des étrangers sont à là pour l’argent. Ce ne sont ni des expatriés, ni des immigrés, car le choix de rester ou partir dépend de la réalité économique. Ce qu’ils sont – ce que nous sommes – c’est des migrants économiques. » Un point de vue décalé et inversé développé par Néo, expat/immigré africain en Occident
- – « Plus profondément, c’est l’identité même de celui, celle, qui part à l’étranger qui est posée. Pourquoi part-on ? Qu’y recherche t-on ? Veux -t-on voir du pays, c’est à dire beaucoup de pays différents ? Ou s’installer dans un pays? Vivant en couple mixte ? Avec des enfants qui peut-être devront choisir entre deux passeports à leur majorité? Et quand cesse t-on d’être un expatrié et devient-on un immigré? ». Le premier commentaire enregistré dans ce blog, signé @Mpouy, installé depuis 10 ans à Berlin et engagé dans la campagne du PS