Bonjour à tous !
Ici Manon, la stagiaire com’ de France 3 Provence-Alpes aux côtés de Pernette !
Je suis étudiante en Info/Com à Avignon.
Quoi de mieux qu’une interview pour entrer dans le bain ? Alors pour satisfaire la curiosité de tous à propos du festival des SUDS à Arles qui se déroule du 8 au 14 juillet prochains, je suis allée à la rencontre de Marie-José Justamond qui a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à mes questions… En espérant que mes premières armes sauront vous satisfaire.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Marie-José Justamond, je suis la directrice et fondatrice du festival des SUDS à Arles.
Pourquoi avoir choisi la ville d’Arles pour les SUDS ?
C’est la cité d’Arles qui a inspiré les SUDS, carrément. J’ai fait le choix de vivre dans cette ville car j’y ai trouvé exactement ma dimension, un environnement esthétique et patrimonial qui me convient parfaitement. J’ai fait en sorte, pendant plusieurs années, de travailler dans le secteur de la culture tout en vivant dans la ville d’Arles. Et à un moment donné, les circonstances ont fait que c’était le moment de créer ce festival.
Il est souvent écrit « les SUDS à Arles », pourquoi préciser ?
En existe-t-il dans d’autres villes ?
Pour l’instant il n’en existe pas à proprement parler dans d’autres villes, mais il est vrai que nous avons des collaborations qui sont des formes de partenariats. C’est aussi une façon d’identifier. Dire « les SUDS à Arles » c’est comme dire le festival de Cannes, c’est-à-dire en même temps donner une ville et une atmosphère.
Où « dénichez-vous » les artistes dits « en découverte » qui sont programmés en premières parties des concerts ?
Nos métiers sont très structurés. Nous nous fréquentons énormément d’un point de vue international. Donc je vois souvent mes collègues producteurs et autres directeurs du festival, et les artistes. Nous sommes vraiment au cœur de tout ce qu’il se passe dans les musiques du monde. Il est donc normal que j’entende parler très rapidement de beaux artistes, et à partir de là je choisis d’en faire venir certains pour les donner à découvrir au plus grand nombre au festival des SUDS. Mais ce n’est pas tellement « dénicher », ce sont vraiment des réseaux professionnels qui fonctionnent bien.
Est-ce plus souvent vous qui allez voir les artistes ou bien c’est eux qui viennent vous voir ?
Nous recevons énormément de propositions bien sûr. Et si cela ne leur est pas venu à l’idée avant, quand c’est nous qui allons les voir, nous sommes très bien reçus puisque le festival a une belle image. Il met en valeur les artistes par les lieux, par le suivi des médias, par la fréquentation professionnelle. Le plus souvent c’est eux qui nous font des propositions, nous en recevons des milliers puisque nous en recevons du monde entier. Mais il est vrai que cela m’arrive de contacter moi-même un producteur ou un artiste directement, ce qui est plus rare puisque je préfère qu’il soit déjà accompagné professionnellement, ce qui est souvent plus simple.
Comment sont ces artistes dans l’intimité ?
C’est vraiment comme dans la vie, il y a des artistes qui sont aussi différents que n’importe qui. Il y en a des supers, il y en a des merveilleux, il y en a des moins drôles. Dans l’ensemble, dans les musiques du monde il est vrai que c’est plutôt un milieu chaleureux, ouvert, curieux et généreux. On ne peut pas généraliser, je pense que c’est vraiment comme dans la vie car on a des individus très différents même si nous avons tous souvent des valeurs communes.
Quelle organisation cela demande de faire déplacer autant d’artistes ? Comment réussissez-vous à tout gérer à la fois ?
La spécificité des SUDS c’est que nous recevons beaucoup d’artistes certes, mais que nous proposons au public. Car le cœur du festival et du projet c’est le public avant d’être les artistes, c’est être médiateur entre ce public et les artistes. Et comme nous proposons beaucoup de choses au public aussi dans la journée, il y a donc une énorme logistique, et particulièrement cette année avec le projet MP13 qui est très lourd aussi. C’est un gros travail pour toute l’équipe qui grossit au fil des mois. Nous sommes cinq permanents dans l’hiver, dès le mois de Février les stagiaires commencent à arriver, ensuite ce sont les intermittents qui viennent régulièrement dans l’année et de plus en plus souvent, et pendant la semaine du festival nous sommes plus de 200. C’est compliqué à gérer, il faut accueillir du public, accueillir des artistes aussi, toute la technique, les voyages, etc. C’est très lourd.
Comment réussissez-vous à faire privatiser des grands lieux de la ville d’Arles, comme le Théâtre antique, pour pouvoir y faire des concerts ?
Ce sont des lieux municipaux gérés par la ville qui les met à notre disposition à ce moment-là, et nous avons une convention. Il y a une difficulté pour le Théâtre antique qui est quand même grand, il fait 2500 places, c’est que dans notre secteur il n’y a pas assez de têtes d’affiche susceptibles de le remplir à notre goût. Donc, chaque année c’est un challenge pour trouver ces noms-là susceptibles de remplir ces 2500 places, ou alors ce sont des associations d’artistes. Ce n’est pas simple.
Comment se remarque l’évolution du festival depuis sa création en 1996 ?
Il y a quelques années nous pouvions nous permettre de remplir le Théâtre antique sans têtes d’affiche. Le public était curieux et même avec des inconnus nous pouvions le remplir. C’est plus dur en ce moment parce que c’est la crise, parce que les gens ont moins de moyens, ils investissent plutôt dans des spectacles où il y a des artistes qu’ils connaissent déjà. Cela fait partie des choses que j’ai vu se transformer au fil des années. Il y a moins de curiosité, c’est pour cela que nous proposons aussi beaucoup de possibilités de concerts gratuits dans la journée et même en soirée, à l’occasion de la fameuse « Nuit » cette année.
Un dernier mot sur l’ambiance à Arles pendant les SUDS ?
C’est très chaleureux. Mais bon, c’est normal que je le vive comme ça, ce sont des artistes que j’aime et tous mes collègues professionnels que j’aime également, que je retrouve à ce moment-là. C’est aussi l’avis des arlésiens qui disent que la ville se transforme, qu’elle devient très sympathique, très chaleureuse à ce moment-là. On peut déambuler de place en place, de rues en rues et découvrir, au gré du cheminement, ces superbes musiques.
Les arlésiens sont donc en accord avec toute cette musique ?
Je n’ai jamais eu de plaintes à ce niveau-là, c’est plutôt de la musique harmonieuse, ce n’est pas violent du tout.
Merci Marie-José Justamond !