29 Avr

Cow-boys, version française

Un documentaire de Bruno Evenou
Durée 52′

Depuis quelques années, la mode « western » explose en France. Un peu partout, dans des festivals ou des associations de quartier, les Français dansent en ligne sur du folk texan, campent sous des tipis. Juchés sur des chevaux américains, les Quarter Horses, ils regroupent du bétail sur les hauts-plateaux des grands Causses ou poursuivent des bisons sauvages.
Un hobby, ou plutôt une passion née il y a une quarantaine d’années en France mais qui explose depuis la reconnaissance par la Fédération Française d’Equitation et la Fédération Française de Danse, de l’équitation western et de la danse country.
Mais qui sont-ils ces cowboys à l’accent provençal ? ces danseuses aux santiags et stetson authentiques ? eux qui ne parlent pas un mot d’anglais ?
Du mythe du cowboy libre au début du XIXe siècle aux festivals westerns en Auvergne, plongée dans les cœurs de passionnés du western français.
Mais au fait, de la danse western à la monte western, il n’y a qu’un pas que définissent très bien les cavaliers pour lesquels la danse n’est qu’une mode alors que la monte est une technique qui répond à des codes très sérieux.


Cowboys version française par france3provencealpes

Bruno Evenou, qui a tout appris sur ce monde à l’occasion du tournage, revient ci-dessous, sur son expérience, dans un entretien qu’il nous a accordé.

Entretien avec Bruno Evenou, réalisateur

PZ – Est-ce un goût personnel pour l’univers « Cowboy » qui vous a incité à mener l’enquête ?

BE – Pas du tout, je ne connais même rien à l’équitation. C’est une rencontre que j’ai faite lors d’un « shooting » de mode où on avait fait appel à un cavalier d’expression western et son cheval. C’est donc ce cavalier qui m’a expliqué qu’il y avait tout un monde du western et que cela représentait beaucoup de monde en France. Donc, voilà le sujet m’a intéressé mais c’est le hasard qui m’a mis sur cette voie.
En commençant mes recherches, j’ai découvert que l’équitation western est la seule qui pèse vraiment puisqu’aujourd’hui, d’après la fédération française d’équitation, cela représente 1/3 des cavaliers en France. J’en veux d’ailleurs pour preuve, la représentation importante de cette discipline au Salon du Cheval de Lyon qui est le salon, de loin, le plus important dans ce domaine.

PZ – Quel rapport faites-vous entre l’équitation et la danse western que l’on pourrait logiquement apparenter ?
BE – C’est tout à fait différent. Les gens qui font de l’équitation western ne sont pas des « fondus » d’Amérique ou du moins pas de celle d’aujourd’hui mais plutôt d’une Amérique rêvée. Ce sont avant tout des cavaliers. Ils viennent tous d’une équitation classique, Camargue ou Espagnole et ont appris la technique de monte Western. Le vêtement fait partie du sport de la même façon qu’un judoka porte le kimono. Alors, il est vrai qu’ils se retrouvent dans des décors de ranchs reconstitués etc. ils s’amusent à cela car cela fait partie du folklore mais ils ne sont pas du tout dans la mouvance des danses en ligne. D’ailleurs, pour la petite histoire, ils disent des danseurs qu’ils se déguisent et d’eux-mêmes qu’ils travaillent…

PZ – Nous connaissons l’Amérique western par la littérature, le cinéma, la bande dessinée mais en quoi ces récits reflètent-t-il une réalité historique ?
Et bien en fait, pour reprendre les mots de Sylvain Poche, « le mythe a bien souvent dépassé la réalité » et tout amateur que l’on soit de Lucky Luke, on est à 100 000 lieues de percevoir ce qu’était la réalité western.
Dans nos têtes, on mélange allègrement la conquête de l’Ouest et les cowboys, alors que ce sont deux époques et deux situations totalement différentes. Les cowboys étaient de piètres tireurs. Leur job c’était de faire remonter le bétail vers les gares du centre des Etats-Unis pour alimenter le pays en viande. En fait, leur existence ne dure que 15 ans, jusqu’à l’avènement du fil de fer barbelé, vers 1870, qui permettra aux propriétaires terriens de clôturer leurs ranchs. Une fois les grandes transhumances abandonnées au profit des enclos, les propriétaires trouveront d’autres moyens de faire circuler la viande et les cowboys trouveront naturellement leur place dans les fermes. Ils contribueront à perpétuer leur technique de monte en tant que technique et non plus en tant que cow-boy.

PZ – Qu’est-ce qui vous a le plus surpris au cours de ce tournage ?
Tout d’abord, ce qui m’a étonné en filmant cette tribu – car c’est vraiment une tribu, au même titre que tout autre groupe qui partage un même engouement –la pétanque, le rockabilly ou la techno – c’est de voir à quel point cette passion est dévorante. Ils y consacrent tout leur temps libre, toutes leurs économies, hypothèquent des biens pour mener à terme leurs projets. La passion est leur vie-même.

Ensuite, le tournage m’a amené à sillonner la Camargue et y rencontrer des Camarguais. Parmi eux, Pierre Aubanel, petit-fils du marquis de Baroncelli, personnalité emblématique du pays. C’est en sa compagnie que j’ai découvert, bien rangée dans la vitrine d’une cabane camarguaise, la parure complète d’un chef Sioux offerte en cadeau au Marquis lors du dernier passage en France en 1905 du Wild West Show. Une relique d’une telle valeur dans une maisonnette si simple m’a semblé tout à fait irréelle. Depuis, la parure a eu son heure de gloire puisqu’elle a été présentée lors d’une exposition thématique au Musée du Nouveau Monde de La Rochelle.

Entretien réalisé par Pernette Zumthor-Masson

Cowboys, version française sera diffusé samedi 4 mai à 15:20
Durée 52′
Une co-production Les Films du Lagon // France 3 Provence-Alpes

Les images du film