La photo du jour : « Un groupe de rock tahitien » ?

Toscane, juillet 2010 : la "Fête Hawaïenne" des skinheads italiens. (Crédit : Paolo Marchetti)

Chaque jour, des festivaliers découvrent et commentent une des photographies de Visa pour l’image. Devant une boutique de vêtements, quai Vauban, Véronique, Thérèse, Cindy et Joëlle fument une cigarette. Valérie n’est pas très inspirée par la photo de Paolo Marchetti. Ses amies, elles, n’hésitent pas : « C’est un groupe de rock ! ».

« Ah, oui, ils sont tous habillés pareil », acquiesce Valérie. « Et ils ont des tatouages », ajoutent les autres. Cindy tente sa chance : « C’est des bad boys de Tahiti, un groupe de rock tahitien ! ». Bon, d’accord pour les chemises, mais les tatouages ne font pas vraiment tribal…

« C’est des mecs un peu rock qui se la jouent cubain », précise Thérèse. Observatrice…. Thérèse a remarqué le cigare dans la main du personnage au premier plan. Et le drapeau dans le fond : « Ils sont italiens ». Bien vu. Continuer la lecture

Guantánamo : prisonniers de leur image

Pour réaliser seize portraits d’anciens prisonniers de Guantánamo, les deux photographes ont parcouru plusieurs pays. (Crédit photo : Camille Peter)

Seize hommes de nationalités différentes. Seize portraits. A l’église des Dominicains, l’exposition « Guantánamo » de Mathias Braschler et Monika Fischer interpelle.

D’anciens détenus du centre de détention militaire posent sobrement devant un fond gris. Sous chaque portrait, le nom, prénom et matricule de l’ancien prisonnier,  ainsi que sa date d’arrestation et de libération.  Des clichés décalés, bien loin des images terrifiantes des actes terroristes dont ils ont été un moment accusés.

« Ça jette un autre regard sur Guantánamo. On voit que ce ne sont pas des gangsters. Ces hommes ont une classe folle, une certaine noblesse », commente Nicole en quittant l’exposition. « C’est vrai que les portraits sont beaux et bien faits, mais le sujet m’aurait davantage intéressé si les photographes étaient entrés dans la prison de Guantánamo », dit Eric, un autre visiteur. Pour lui,  cette série est trop éloignée du reportage, du photojournalisme.

« Nous avons voulu rendre leur humanité à ces gens, montrer les individus derrière l’étiquette « prisonniers de Guantánamo » », avait expliqué Monika Fischer au quotidien suisse « Le Temps ». Redonner une identité perdue, réhabiliter des hommes oubliés… L’intention des photographes a quelque chose qui tient du pardon. Le visiteur en ressort généralement perplexe, mais rarement indifférent.

Emilie Coudrais et Camille Peter

La guerre, les journalistes n’en sortent pas indemnes

Le documentaire de Martyn Burke, Under fire : journalists in combat, projeté jeudi à Visa pour l’image, traite des traumas dont souffrent certains journalistes de retour d’un pays en guerre. Ce syndrome est reconnu par les médecins sous le sigle de PTSD (post traumatic stress disorder).

Le psychiatre Anthony Feinstein, et producteur du documentaire, a lui-même suivi des reporters pendant et après un conflit. Ces derniers montrent des signes de colère, d’irritabilité, font des cauchemars, dépriment, se sentent coupables et n’ont plus goût à la vie quotidienne. Le photographe Paul Watson en témoigne dans le documentaire. Il fait des cauchemars : « Je ne peux pas m’empêcher de penser à cette image ». Il parle de la photo qui lui a valu le prix Pulitzer en 1994. Couvrant la guerre civile en Somalie, il avait photographié le corps d’un soldat américain traîné par des Somaliens dans les rues de Mogadiscio. Continuer la lecture

Valérie Baeriswyl : « Avoir le sens de la débrouille »

Valérie Baesriswyl, 28 ans, a reçu le prix de photojournalisme Paris Match 2012.

Elle est la lauréate du prix de photojournaliste étudiant Paris-Match 2012. A 28 ans, quelques semaines seulement après avoir quitté les bancs de son école, Valérie Baeriswyl fait son entrée dans le monde des photoreporters. Son travail sur la conversion religieuse lui a valu, en juillet, une publication dans « Match ».

A Visa, la jeune Suisse est venue écumer les expositions et rencontrer du monde. Parce qu’elle sait qu’il faut avoir le sens de la « débrouille ». Alors celle qui s’est acheté son premier appareil photo à dix ans et a publié ses premiers clichés dès 12 ans dans le journal de son village d’origine Saint-Aubin, enchaîne les photos de mariage et les « corpos » – à savoir les commandes des entreprises. Avec un objectif en tête : amasser suffisamment d’argent pour autofinancer des « sujets au long cours ». Continuer la lecture

En marge de Visa, les collectifs cultivent leur différence


Picture Tank, une société coopérative de diffusion de photographie organisait hier un colloque "le facteur collectif" à la Casa Musicale avec 14 collectifs de photographes, rédacteurs, éditeurs, cinéastes... (crédit photo : Aurélia Dumté)

Ils ne sont pas sur le plan officiel du festival mais ils pourraient être le numéro 12 sur la carte des expo de Visa, en face de l’Arsenal des Carmes. Même pas un petit drapeau rose du « Off ».  A la Casa musicale, il y a pourtant des expositions photos. Le Off du Off ? Surtout, ne pas dire ça ! « Nous participons au festival ! On paye notre accréditation, alors on contribue financièrement au festival. Nous profitons de l’émulation, du dynamisme, et nous y participons », assure Bastien Defives, du collectif de photographes Transit.

Leur semaine professionnelle, ils l’appellent « Noves Convivències » (le « Nouveau Vivre ensemble »). Deux expositions sont présentées dans cette ancienne caserne. Celle des dix ans de Transit avec la sortie d’un livre, « La France de 2012- la conspiration des instants », et celle du magazine Zmâla, une revue annuelle dédiée au travail des collectifs de photographes. Continuer la lecture

Mani : « Le reportage de guerre n’est pas une fin en soi »

Bien que conservant son pseudonyme, Mani témoigne devant les médias (Crédit photo : Camille Peter)

Mani a reçu le Visa d’or humanitaire de la Croix-Rouge pour avoir été l’un des rares photographes à partager le quotidien des opposants à Bachar al-Assad.

Etiez-vous en Syrie au moment où le conflit s’est déclenché ?

Non, j’étais au Pakistan pour un reportage sur les communautés transgenres et les communautés soufies. Je n’ai pas couvert ce qu’on a appelé le printemps arabe. Mais j’ai un lien fort avec la Syrie. Ça s’est imposé à moi. Il fallait que je fasse quelque chose là-bas. J’y ai vécu plusieurs années entre les années 1990 et 2000. La situation étant ce qu’elle était, en novembre 2011, aucun photographe n’était parvenu à rentrer dans les zones d’opposition et à documenter la répression. Etant donné les liens que j’avais avec la Syrie, le fait que je parle arabe, je me suis dit qu’il y avait une possibilité. Je me suis dit qu’il fallait essayer.

Comment expliquer que vous y soyez parvenu ?

J’ai des contacts déjà, des amis sur place qui pouvaient assurer aux responsables de la rébellion que j’étais quelqu’un de confiance. Ils étaient très méfiants vis à vis des journalistes étrangers. Ils avaient peur des infiltrations. Je pense que pour quelqu’un qui ne connaissait pas le pays, qui ne parlait pas la langue, c’était difficile d’établir cette confiance. Aujourd’hui, c’est différent. Continuer la lecture

La photo du jour : « C’est pour tromper l’ennemi »

"Football en Palestine", de l'exposition "Surface de réparation" d'Amélie Debray.

Chaque jour pendant une semaine, les festivaliers de Visa pour l’image à Perpignan se prêtent à un petit jeu : commenter et tenter de légender la photo du jour, sélectionnée parmi les nombreuses photographies de cette 24e édition du festival international du photojournalisme.

« Pour moi, c’est clair, net et précis, c’est du volley ! »

11 heures. Au bar-restaurant « Le Lisboa », place Rigaud à Perpignan. A l’intérieur, sous un drapeau portugais, le patron feuillette le journal et dicte les plats du jour à inscrire sur l’ardoise. « Ici, on soutient tous les clubs de football », lance Victor. Il jette un œil à la photo. Continuer la lecture

06 Sep

La photo du jour : « C’est la Pompadour ! »

May, journaliste, Beyrouth, Liban, Palais de l'UNESCO (Crédit photo : Hady Sy / 2e Bureau)

Chaque jour à Visa, des passants découvrent et commentent une des photographies exposées. Aujourd’hui, des Perpignanais qui attendaient le bus au pied du Castillet, se sont prêtés au jeu.

« C’est une femme de pouvoir », lance Audrey. Un avis que partage également Jean-Claude. « C’est la pose qui me fait penser à ça », précise la jeune femme. « Peut-être fait-elle partie d’un gouvernement. Ou alors d’une association… En tout cas, elle a un rôle important »« Elle n’a pas l’air de rigoler », souligne de son côté Jean-Claude, avant de demander : « Mais est-ce qu’elle serait autant maquillée si elle occupait un poste à responsabilité ? ».

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