Seize hommes de nationalités différentes. Seize portraits. A l’église des Dominicains, l’exposition « Guantánamo » de Mathias Braschler et Monika Fischer interpelle.
D’anciens détenus du centre de détention militaire posent sobrement devant un fond gris. Sous chaque portrait, le nom, prénom et matricule de l’ancien prisonnier, ainsi que sa date d’arrestation et de libération. Des clichés décalés, bien loin des images terrifiantes des actes terroristes dont ils ont été un moment accusés.
« Ça jette un autre regard sur Guantánamo. On voit que ce ne sont pas des gangsters. Ces hommes ont une classe folle, une certaine noblesse », commente Nicole en quittant l’exposition. « C’est vrai que les portraits sont beaux et bien faits, mais le sujet m’aurait davantage intéressé si les photographes étaient entrés dans la prison de Guantánamo », dit Eric, un autre visiteur. Pour lui, cette série est trop éloignée du reportage, du photojournalisme.
« Nous avons voulu rendre leur humanité à ces gens, montrer les individus derrière l’étiquette « prisonniers de Guantánamo » », avait expliqué Monika Fischer au quotidien suisse « Le Temps ». Redonner une identité perdue, réhabiliter des hommes oubliés… L’intention des photographes a quelque chose qui tient du pardon. Le visiteur en ressort généralement perplexe, mais rarement indifférent.
Emilie Coudrais et Camille Peter