Une action passible d’une contravention selon la loi sur l’eau.
Elles font le tour des réseaux sociaux et des boîtes mail des pêcheurs et défenseurs de l’environnement… D’après leur expéditeur, le président de l AAPPMA les 2 vallées Gérard Mougin :
« Ce scandale s’est déroulé le 04/02 à 17 h 15 à Cour-St-Maurice à quelques centaines de mètres au-dessus du Dessoubre (…) Est-ce comme cela que les plans d’épandage sont prévus ? La personne témoin de la scène a tenté de prévenir la police de l’eau mais comme c’est souvent le cas il n’a trouvé personne ! Encore un qui passera entre les gouttes ! Et qui recommencera…»
Un courrier envoyé également aux élus et à la préfecture. Aujourd’hui, les services de l’Etat se sont rendus chez l’agriculteur de Cour Saint Maurice. Il a reconnu et expliqué son erreur. Le conseil général du Doubs a porté plainte pour atteinte à l’environnement.
La prudence semble être un mot clé pour les services de l’Etat. Un peu moins d’une semaine après l’alerte lancée par Stéphane Regazzoni, la préfecture a réagi à cette nouvelle mortalité de truites et d’ombres dans le Dessoubre. Dès le lendemain, l’ONEMA était certes sur le terrain. Mais, pour réagir l’Etat prend son temps !
« Les premières observations effectuées sur le Dessoubre jeudi 9 et lundi 13 janvier révèlent la présence de 104 cadavres de poissons mycosés, en grande majorité des truites et quelques ombres. La situation est jugée suffisamment préoccupante pour que des observations complémentaires et les prélèvements pour analyse soient réalisés dans les prochaines semaines. Les nouvelles prospections permettront de voir si le phénomène continue et s’il s’amplifie ou non.Le Préfet du Doubs rappelle qu’en cas de découverte de mortalités par des tiers les services de l’ONEMA et de la DDT doivent immédiatement être prévenus. »
La situation est effectivement préoccupante. Et le décalage de perception du temps entre les services de l’Etat et les défenseurs des rivières prend d’autant plus d’ampleur. Le collectif SOS Loue et rivières comtoises estime, lui, que l’Etat cherche « à gagner du temps en espérant que la Nature réparerait seule les agressions humaines. » Depuis sa création en 2010, le collectif réclame des actions urgentes pour sauver les rivières.
Triste brochette de truites du Dessoubre /S.Regazzoni
Ainsi va la vie des rivières comtoises… Les hommes ont beau dire, ont beau faire, la santé des poissons est toujours fragile et révèle le mauvais état écologique des rivières. Outre la tristesse de voir des poissons mycosés mourir, ce nouvel épisode doit saper le moral de tout ceux qui agissent pour l’amélioration de la qualité des eaux. Autant d’argent investi pour si peu de résultats probants…
ConsoFrance Franche-Comté organise un débat sur la qualité de l’eau en Franche-Comté ce vendredi 18 octobre à 18 heures au Foyer des Jeunes Travailleurs de la Cassotte à Besançon. Cette table-ronde, ouverte à tous, traitera de la pollution des rivières, des moyens pour l’enrayer, de la production de l’eau potable.
« Les Français donnent la priorité aux enjeux liés àla santé devant les enjeux liés àl’écologie ou à l’aménagement du territoire. «Eliminer les substances dangereuses dans l’eau » et « Garantir une eau potable en quantité et qualité suffisante, en particulier vis‐à‐vis des pollutions diffuses agricoles » sont les enjeux jugés les plus prioritaires à l’échelle nationale. «
Pour notre bassin Rhône‐Méditerranée,la priorité est également donnée à un enjeu similaire « Lutte contre les pollutions par les matières organiques, les fertilisants et les substances dangereuses » devant «Etat physique et fonctionnement biologique des cours d’eau, plans d’eau et du littoral ».
Un regard dans le rétroviseur permet parfois de mesurer le chemin parcouru. C’est le cas pour cette chronique « retour sur » diffusée sur France 3 Franche-Comté. 25 ans après, nous sommes retournés dans certains endroits de la vallée de la Loue victimes de pollutions tenaces. Nos confrères Michel Barthen et Louis Aubert avaient interviewé François Devaux de la Commission de protection des eaux. Ses propos de 1988 étaient prémonitoires. Depuis, des prises de conscience ont permis d’améliorer la situation même si globalement l’état de la Loue s’est dégradé.
Je vous propose de regarder notre archive dans son intégralité :
« La Loue racontée par vous et par nous » c’est bien l’objectif de ce blog. Michel Renaud m’a pris au pied de la lettre et m’a envoyé une video tourné en 2011 sur la Loue entre Montgesoye et Ornans.
Natif d’Ornans, Michel Renaud pêche depuis l’adolescence et connaît la Loue comme sa poche. Depuis la pollution de 2010, il ne sort plus ces cannes et c’est avec une caméra qu’il arpente les rives de la Loue. Une Loue malade.
Soyez indulgent sur les qualités techniques de ce petit film, c’est le témoignage qui est pertinent. Michel Renaud précise tout de suite qu’il n’est pas scientifique. Son savoir est tout autre. Il nous raconte la Loue de son enfance, celle de la pêche aux chabots, immortalisée par Courbet. Le manque d’entretien de la Loue est, selon lui, à l’origine de bien des problèmes. Et c’est avec bon sens qu’il conclut « La Loue ne pourra pas se remettre toute seule ».
Deux semaines avant l’ouverture de la pêche à la truite sur les rivières première catégorie, le collectif SOS Loue et rivières comtoises publie une video sur l’état des rivières de notre région. Pour que l’on oublie pas qu’il y a toujours des poissons malades. Cette fois-ci, le collectif publie également quelques images d’endroits préservés… C’est à la fin de la video. Une autre façon pour eux de dire que leur combat est encore utile à condition d’agir vite !
L’autre adresse que je vous recommande est la nouvelle page facebook du blog Hydrobioloblog tenu par Marie Mezière-Fortin. Une manière de se tenir informer des dernières publications de ce blog. Je vous recommande l’article du 18 février : c’est la troisième partie d’une publication intitulée « Restauration, renaturation, est-ce possible ? »
Un travail intéressant en particulier pour ceux qui s’intéressent au projet de restauration de la basse vallée de la Loue…
Daniel Berthet, le président de la société de pêche de Morez, prépare méticuleusement les truites mortes prélevées la semaine dernière dans la Bienne. Ces prélèvements vont partir ce jeudi dans un laboratoire d’analyse de Valence dans la Drôme. Ces analyses révéleront peut-être le nom du produit toxique à l’origine de la mort d’au moins 300 truites la semaine dernière à Morez. Mais il se peut que plus de poissons soient morts car les fortes pluies de ces jours là ont augmenter le débit de la Bienne; des poissons ont pu être entraînés loin rapidement. Avantage de cette météo, la pollution a été diluée.
Le président de cette AAPPMA souhaite déposer plainte à la gendarmerie, mais, pour l’instant, les gendarmes n’ont pas voulu prendre sa plainte en expliquant qu’ils attendaient le procès-verbal de la police de l’eau, l’Onema. Mais Daniel Berthet ne s’avoue pas vaincu, il retournera à la gendarmerie pour tenter de déposer plainte. Les enquêtes sur les pollutions aquatiques aboutissent difficilement car il est compliqué de prouver l’origine du déversement.
C’est le week-end ! Prenez le temps de regarder cette video de 1973. Sophie Guillin, directrice de France 3 Franche-Comté l’a dénichée sur le site de l’INA. Elle est éloquente.
Tout est dit en 20 minutes. En 1973, des pêcheurs dont le célèbre peintre Jean Messagier crééent l’ association APEDI (association pour la protection des eaux et des ressources naturelles du bassin inférieur du Doubs) et lance une pétition contre la pollution du Doubs réunissant 3 000 signatures. A cette époque, le Doubs est à l’agonie, victime essentiellement de pollutions industrielles et de non traitement des eaux usées.
Un plan de sauvegarde du Doubs est mise en place : 180 millions de francs sur 12 ans. Des « subventions à guichet ouvert » sont proposées aux pollueurs pour qu’ils aménagent leurs installations. Et cela semble avoir porté ses fruits.
Dans ce magazine de « La France défigurée », les papeteries de Novillars et Peugeot sont présentés comme de sérieux pollueurs. De « pollueur conscient », les papeteries (elles employaient à l’époque 400 ouvriers…) sont devenues un exemple de développement durable ( malheureusement l’entreprise aujourd’hui a été récemment mise en liquidation judiciaire). Depuis 2005, des rhizosphères traitent les eaux usées, cette végétation est même devenu un refuge agréé par la Ligue de Protection des Oiseaux. Et en plein centre ville de Besançon, je vois régulièrement des pêcheurs taquiner le brochet. Enfin, le réalisateur Jean-Philippe Macchioni m’a dernièrement assuré que le Doubs avait retrouvé une bonne santé dans sa partie basse : « C’est un bonheur! »
C’est intéressant de regarder ce magazine avec le recul des années car on se prend à rêver. A se dire que l’enterrement de la Loue n’a pas encore sonné. En tout cas, la conclusion de Pierre Leherle, l’auteur de ce documentaire, est claire : sans la « pression de l’opinion publique » légitimée par les travaux des hydrobiologistes ( le fameux professeur Jean Verneaux est d’ailleurs interviewé), sans des services de l’Etat « sur la brèche », sans la prise de conscience des pollueurs, le Doubs aurait pu continuer d’agonir…
Les gammares sont très utiles pour mesurer la qualité des eaux.
Connaissez-vous les gammares ? Ce sont des invertébrés qui vivent tout le temps dans l’eau, ils sont donc de bons indicateurs pour la qualité de l’eau. Ils se nourrissent d’algues d’où leur rôle important pour l’équilibre des rivières. Deux agents de l’Onema, Michaël Prochazka (en retraite) et André Rousselet (bientôt en retraite) ont eu l’idée de faire une étude comparative pour montrer les dégâts des insecticides sur cette microfaune.
En avril dernier, à la demande du collectif Loue et rivières comtoises, ils ont publié sur Youtube cette video qu’ils avaient réalisée en mars 2011. La démonstration est implacable : en une heure, une simple sciure récupérée dans une scierie puis jetée dans une bassine d’eau suffit pour tuer tous les gammares. Les scieries sont de nouveau pointées du doigt. Pour conserver leur résineux, elles les plongent dans des bacs qui contiennent des insecticides et des fongicides en forte concentration.
Comme pour les autres activités humaines dans la vallée, des actions de prévention et des contrôles sont effectués mais il y a toujours un mais… L’Adib (Association régionale pour le développement de la forêt et des industries du bois en Franche-Comté ) a effectivement utilisé une première version de cette video sur ce thème pour alerter ses adhérents sur la toxicité des produits employés mais…toutes les scieries ne sont pas adhérentes à l’Adib et seules les installations soumises à autorisation sont soumises à contrôle. En 2009, cette opération de sensibilisation a concerné une quarantaine de scieries de résineux dans le Doubs et le Jura. La plupart de ces professionnels ne savaient que le traitement du bois pouvaient avoir un tel impact. Il y a un autre «mais» : Si des précautions sont bien prises par les grosses scieries, le traitement directement en forêt n’est absolument pas contrôlé… sans parler de tous les particuliers qui traitent leurs volets ou même leurs rosiers ( ce sont les mêmes matières actives m’a-t-on expliqué).
Dans son rapport, le groupe d’expert du comité des sages s’appuie sur l’étude de l’hydrobiologiste Olivier Adam (2008). Cette «étude démontre que les communautés aquatiques sont susceptibles d’être exposées de façon chronique aux produits de préservation du bois, y compris les organismes vivant plusieurs kilomètres en aval de l’aire de traitement.» et dans leurs recommandations, les experts concluent : «les données disponibles sur les polluants toxiques susceptibles d’être présents dans l’écosystème sont incomplètes. Notamment, aucune information n’est disponible concernant, par exemple, les herbicides ou les micropolluants résultant des activités de traitement du bois.»
Olivier Adam a justement mis au point un indicateur pour alerter de la présence de micropolluants dans l’eau des rivières. Cet outil qu’il a développé pour sa thèse utilise les gammares, il ne «permet pas de quantifier les micropolluants mais les détecte à des concentrations que l’on ne peut pas mesurer chimiquement» et d’après Olivier Adam, il a l’avantage d’être «simple et peu coûteux». Un outil existe mais…il n’est pas encore utilisé.
Enfin, un de mes nombreux interlocuteurs (j’ai mis un temps fou pour écrire cet article !) m’explique qu’il existe un projet de recensement de toutes les activités industrielles sur le bassin versant de la Loue. Un travail qui pourrait être réalisé par les Chambres de Commerce et d’Industrie du Doubs et du Jura. Mais…renseignement pris, cette action n’est pas du tout financée donc pas du tout à l’ordre du jour dans le Doubs. Dommage, c’était un bon début mais…