Murs, murgers, affleurements rocheux des paysages du Haut-Doubs sont au coeur d’un débat de société. La conférence « Quand nos paysages disparaissent… Murs, murgers, affleurements rocheux… » est organisée ce vendredi 10 novembre à la salle du foyer à Orchamps-Vennes à 20 heures par plusieurs associations de défense de l’environnement. Objectif : informer, débattre et amorcer le dialogue.
Bien avant la récente polémique autour de l’usage du casse-cailloux, des Francs-comtois, investis dans des associations environnementalistes, ont alerté l‘association Murs et Murgers sur les modifications des paysages de notre région. Des agriculteurs modifient leurs parcelles à l’aide d’un casse-cailloux pour les rendre plus accessibles en tracteur et pour gagner du terrain, nécessaire à l’autonomie fourragère des exploitations. La terre agricole devient une denrée rare en particulier en zone frontalière. Il y a un an, l’association a invité l’élu en charge de la biodiversité au conseil régional de Bourgogne Franche-Comté, Stéphane Woynaroski (PS), à venir se rendre compte par lui-même de l’évolution des paysages. Pour l’association Murs et murgers, il était urgent que les élus prennent conscience de cette évolution des paysages et de ses conséquences sur la biodiversité du secteur. Il sera présent au débat et rappellera la position de la présidente Marie-Guite Dufay sur ce dossier. Dans un courrier adressé aux présidents d’associations environnementales, Marie-Guite Dufay précise qu’elle est
opposée à ces pratiques radicales d’aménagement dont les conséquences nuisent gravement à la biodiversité de notre patrimoine naturel et paysager
tout en rappelant que l’agriculture est une « grande cause régionale ». La Région met en avant les « valeurs » d’une agriculture « performante et respectueuse de l’environnement ». L’un des rôles du conseil régional est justement de « valoriser et de protéger la biodiversité et le patrimoine naturel de la région »
Cette conférence s’annonce particulièrement intéressante : Vincent Bichet, géologue, et Eric Lucot, pédologue, deux des chercheurs du laboratoire Chrono Environnement de l’université de Franche-Comté qui avaient signé, le 21 juin dernier, une lettre ouverte pour alerter la préfète de Région de cette problématique, font partie des intervenants. Depuis, Christiane Barret, la préfète de Région a répondu dans un courrier daté du 29 septembre :
Les services de l’Etat constatent avec vous et déplorent le développement de cette pratique, ancienne, mais que les évolutions techniques facilitent par le développement de machines plus puissantes.
Plus loin dans le courrier, la représentante de l’Etat précise qu’il n’y a pas eu d’infraction lors des récentes utilisations de casse-cailloux, y compris en site Natura 2000. « Les interventions ont concerné des espaces ne bénéficiant pas de protection, même si les effets de ces projets sont indéniablement très marquants sur les paysages et les milieux naturels ».
L’Etat comme la Région incitent au dialogue. C’est aussi l’objectif des organisateurs de cette conférence. Mathieu Cassez, agronome, François Dehondt, écologue et Jérémy Roussel doivent également prendre la parole. Des interventions brèves pour laisser toute la place au débat. Toujours dans son courrier, la préfète de Région indique la possibilité d’organiser une réunion avec les agriculteurs et les signataires de la lettre ouverte. Cette question des paysages du massif jurassien est particulièrement intéressante car elle symbolise, comme le combat pour les rivières comtoises, le difficile et impérieux équilibre entre économie et environnement.
Isabelle.brunnarius(a)francetv.fr
ORGANISATEURS DE LA CONFERENCE : Murs et Murgers, Conservatoire d’espace naturels Franche-Comté, France Nature Environnement, Les Gazouillis du Plateau et l’association de protection du Val du Drugeon. Entrée libre.