06 Nov

Bilan positif pour le plan national (2012-2016) en faveur de l’Apron du Rhône

L'Apron du Rhône dans la Loue.

L’Apron du Rhône dans la Loue.

La Loue est l’une des quatre rivières françaises où l’Apron est encore présent. Ce petit poisson discret est l’espèce animale la plus menacée de France. Il n’est présent que dans le bassin du Rhône ( Loue, Bassin de l’Ardèche, de la Durance et la Drôme). Quelques spécimens ont aussi été repérés sur le Doubs suisse et franco-suisse.  Il y a une centaine d’années, celui que l’on a surnommé le « Roi du Doubs » était présent sur 2 200 kilomètres de rivières.  Aujourd’hui, seulement sur 361 kilomètres. D’où la mise en place d’un plan national de sauvegarde : plus d’une trentaine d’actions ont été entreprises entre 2012 et 2016 pour sauver ce poisson. Le bilan de ce plan est  présenté les 7 et 8 novembre à Eurre dans la Drôme.

Pourquoi autant prendre soin de l’Apron ? L’Apron est exigeant et balourd et c’est ce qui plaît aux défenseurs des cours d’eau. L’Apron est un bon indicateur de la qualité des cours d’eau. Monsieur l’Apron aime son confort en matière d’habitat. Son côté balourd joue aussi en sa faveur. Là où l’Apron passe, tous les poissons passent ! En résumé, agir pour sauvegarder l’Apron peut être bénéfique pour d’autres poissons et les cours d’eau en général. C’est pourquoi un plan national d’actions a été mis en place entre 2012 et 2016 pour prendre le relais du programme européen Life. Et, à l’occasion de ce bilan de la trentaine d’actions entreprises ces quatre dernières années, le ministère de la Transition écologique doit confirmer, lors de ces rencontres dans la Drôme, la préparation d’un second plan. Malgré les bons résultats de ces actions, l’Apron demeure l’une des espèces animales les plus menacées de disparition en France.

presence apron

Difficile de chiffrer le montant global de ce plan de sauvegarde car de nombreuses actions font partie d’autres programmes. C’est le cas des passes à poissons. Six barrages et seuils ont été équipés de passes à poissons, sur la Durance, la Loue, la Drôme et sur l’Ardèche.
Ces ouvrages sont construits dans le cadre des lois instituées pour le rétablissement de la continuité écologique. Apron ou pas, il faut rétablir cette continuité écologique. La présence de cette espèce protégée est un « levier » supplémentaire pour réaliser des aménagements. Vous verrez dans notre reportage une des dernières réalisations commandées par le syndicat mixte de la Loue. Il s’agit de la passe à poissons de Lavans-Quingey. Celle de Quingey, construite en 2010, ayant bien fonctionné, un dispositif identique a été construit à côté du barrage de Lavans-Quingey près du Moulin de Bellerive. Pour vous donner un ordre d’idée, cet ouvrage a coûté 350 000 euros, financé à 80% par l’Agence de l’eau, du département du Doubs et de la Région. Le syndicat mixte de la Loue prend à sa charge 20% du financement. Entre Arc-et-Senans et Rurey, il reste neuf barrages ou seuils à aménager ou supprimer pour restaurer la continuité écologique de la Loue. Autant d’actions utiles pour la « libre circulation » de l’Apron dans la Loue.

Avec François Hugé et Patrick Gindre, Agence française pour la biodiversité, Thomas Daudey, ingénieur Eaux Continentales, Denis Monmarché, technicien syndicat mixte de la Loue, Mickaël Bejean, responsable aquariologie, Museum de la citadelle de Besançon.
Reportage : I.Brunnarius, L.Brocard, S.Linozzi et P.Gomez

 

Pourquoi ce bilan de ce premier plan national d’actions est considéré comme « positif » par le Conservatoire des espaces naturels Rhône Alpes ? En 2010, l’Apron n’était présent que 239 km. Six ans plus tard, le poisson a été repéré sur 361 km !

 

bilanapron

Les moyens mis à disposition de ce plan ont permis d’utiliser la technique de l’ADN environnemental. Pour faire court, il est possible de détecter la présence de l’Apron grâce à l’analyse d’échantillons d’eau où l’Apron a séjourné. Cette technique a permis de confirmer cet été  la présence d’Aprons sur le Doubs franco-suisse et suisse sur 3 stations. Une bonne nouvelle ! A noter qu’en Suisse, des associations ont déposé plainte devant le conseil de l’Europe pour non respect de la convention de Berne au sujet de l’Apron. 

L’autre point fort de ces quatre années de travail est la réintroduction d’Aprons dans la rivière Drôme. Une opération inédite pilotée par le muséum de la Citadelle de Besançon. Des mâles et des femelles ont été prélevés dans la Durance. A force d’expérimentations et d’observation, Mickaël Bejean a pu reproduire en milieu artificiel les conditions idéales de reproduction de l’Apron. Pour que 80% de réussite du taux d’éclosion soit possible, il faut que les poissons soient 120 jours dans de l’eau entre 2 et 7 degrés. La température de l’eau est donc cruciale pour assurer la reproduction de l’espèce. Et c’est ainsi que 26 000 juvéniles ont été relâchés dans la Drôme, un cours d’eau choisi pour son bon état écologique.

Cette prouesse a été filmée pour un documentaire commandé dans le cadre de ce plan national. Un site internet est aussi précieux pour tout savoir sur ce petit poisson qui ne se laisse voir que la nuit.

 

Isabelle Brunnarius
Isabelle.brunnarius@francetv.fr