06 Juin

Confluence Doubs-Loue : rivières et biodiversité font bon ménage

Confluence entre le Doubs et la Loue. Juin 2019.

Le soleil a eu la politesse de ne pas s’excuser. Tout au long de cette matinée à marquer d’une pierre blanche, il a inondé la réserve naturelle nationale de l’Ile du Girard, près de Dole. Elus, membres d’associations ou représentants de collectivités ont aussi répondu présents à l’invitation du syndicat mixte Doubs Loue. Signe de l’importance de cette matinée, Laurent Roy, directeur de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse est venu tout spécialement à cette cérémonie de fin de travaux autour de la confluence du Doubs et de la Loue.

Pour ceux qui aiment les rivières comtoises, l’histoire est connue. Il a fallu de longues années de concertation pour parvenir au résultat présenté officiellement ce 6 juin 2019. Les oppositions ont  même été fortes mais avec le temps, le projet porté par le syndicat mixte Doubs Loue a fini par être admis et compris.

Comme le dit Laurent Roy, il s’agit d’un « dossier emblématique ». Il fallait concilier deux enjeux : protéger les populations des inondations fréquentes dans ce secteur et restaurer la « dynamique fluviale » à la confluence Doubs-Loue. Cerise sur le gâteau, ce retour au naturel pourrait aussi diminuer l’impact du réchauffement climatique.

Dans les années 60, pour lutter contre les inondations, l’homme a voulu dompter la rivière. Des digues ont été construites, des rochers ont été posés sur les rives pour éviter qu’elles s’érodent. Résultat, le lit des rivières s’est enfoncé, les zones humides se sont asséchées … Le milieu est devenu beaucoup moins attractif pour la faune et la flore.

En ces temps d’incertitude climatique, il devenait urgent de restaurer ce milieu, une vraie éponge dans une zone naturelle nationale, classée Natura 2000.

Le plus impressionnant a été la rapidité avec laquelle la nature a repris ses droits une fois la dernière phase de travaux terminée. Denis Chaize, le directeur du syndicat mixte Doubs Loue a tenu une sorte de journal de bord de ces travaux impressionnants sur facebook.


J’avoue ! Je ne savais pas qu’une telle érosion des berges étaient bénéfiques . Aujourd’hui, Frédéric Topin, le directeur de la réserve naturelle de l’Ile du Girard, m’a expliqué pourquoi le retour de ces berges abruptes était recherché. Pour les hirondelles des berges, ce sont des logements 4 étoiles. Du coup, pour la première fois, une quarantaine de couples d’hirondelles des berges ont élu domicile prés de la confluence ! Le Bruan Proyer a aussi choisi de s’installer dans les parages, le vaneau huppé a fait une halte dans la réserve au cours de sa migration. Bref, la réserve a la côte ! Mais attention, mieux vaut attendre fin juillet pour venir observer ces nouveaux occupants. Avant, cela peut perturber le développement des oisillons.

C’est grâce à cette nouvelle visite sur l’Ile du Girard que j’ai compris que libérer les rivières préserve la biodiversité. C’est même devenu une des priorités de l’Agence de l’eau RMC.

Pour son 11e programme (2019-2024), l’Agence de l’eau a un budget en baisse de 11%. Il a fallu faire des choix. « favoriser le retour de la biodiversité » est l’une des trois priorités de l’Agence de l’eau RMC. Un appel à projet est lancé pour ce nouveau programme. Les projets de reconquête de la biodiversité des milieux aquatiques pourront être financés jusqu’à 70%. 

Isabelle Brunnarius
Isabelle.brunnarius(a)francetv.fr