05 Avr

L’amoureuse de Courbet, Virginie Binet, héroïne du roman de Pierre Perrin

La sieste champêtre. Gustave Courbet. Musée des Beaux-arts de Besançon

L’ecrivain Pierre Perrin vient de publier aux éditions Robert Laffont le roman « Le modèle oublié ». Basée sur des faits rééls, l’écrivain nous livre sa vision d’une des plus belles histoires d’amour de Gustave Courbet, celle qu’il a vécue avec Virginie Binet. Ce samedi 6 avril, Pierre Perrin est en séance de dédicace au café littéraire L’Esperluette de Pontarlier.

Les paradoxes sont sources de réflexion. L’écrivain Pierre Perrin soulève une question tout aussi pertinente que passionnante : Comment se fait-il que les amours de l’artiste qui a peint L’origine du Monde soient si peu connues ? Gustave Courbet a laissé une abondante correspondance mais les lettres d’amour sont rarissimes. Il se pourrait que sa petite soeur Juliette les ait brûlées.

Depuis son enfance, Pierre Perrin vit au pays de Gustave Courbet, à Chassagne Saint-Denis. Poète, romancier, critique littéraire, directeur de la revue Possibles, Pierre Perrin, comme Courbet, est un Franc-Comtois qui n’a jamais coupé avec ses racines.

Pierre Perrin lors des « Rendez-vous de Jeanne » du 17 décembre 2018.

Autant attaché à l’homme qu’au peintre, l’écrivain a choisi de nous raconter une histoire délaissée par les spécialistes de la peinture de Courbet :

La plupart de ses biographes séparent l’œuvre de la vie du peintre. Or c’est rendre unijambiste cet être passionné que de ne pas lui reconnaître d’avoir aimé d’autres femmes que les sempiternelles lorettes. Virginie Binet l’accompagne onze ans de sa vie jusqu’à la gloire ; elle lui donne un fils, qu’il peint au demeurant. Tout le monde dit reconnaître ce fils, Émile, dans Les Cribleuses de blé. Pourquoi cacher ou ignorer cette part vive de Courbet ? Le peintre écrit pourtant à plusieurs reprises combien il a souffert l’arrachement. J’ai voulu rendre avec Le Modèle oublié un hymne à la vérité et à Courbet les deux jambes qui lui ont permis de lever haut son existence.

L’histoire a déjà été racontée par Chantal Humbert dans le Bulletin de l’Institut Courbet de décembre 2017 mais, romancée par Pierre Perrin, cette histoire d’amour nous transporte dans la vie de Gustave Courbet. Pierre Perrin s’appuie sur la correspondance de Courbet, pour nous faire vivre « de l’intérieur » ses projets artistiques à travers sa relation avec Virginie Binet. Cette histoire d’amour intervient au tout début de la carrière du maître d’Ornans. Au fil des pages, le lecteur voit le couple se décomposer et le peintre s’imposer sur la scène artistique française.

Le grand amour de Gustave Courbet restera à jamais la peinture. Les femmes ne parviendront pas à le distraire de son obsession.  Dans sa correspondance, rassemblée par l’historienne de l’art Petra Chu, Gustave Courbet évoque Virginie Binet seulement à deux reprises. Dans une lettre de 1852 à son ami Champfleury qui lui apprend que Virginie a décidé de retourner vivre à Dieppe avec leur fils Emile, Courbet écrit :

Que la vie lui soit légère, puisqu’elle croit mieux faire. Je regrette beaucoup mon petit garçon, mais j’ai suffisamment à faire avec l’art sans m’occuper de ménage, et puis, un homme marié pour moi est un réactionnaire.

Deux ans plus tard, Courbet, dans ses mauvais jours, se confie à Champfleury :

A Ornans, je fréquente un café de braconniers et de gens du gai savoir. Je baise une servante, tout cela ne m’égaye pas. Vous savez que ma femme est mariée, je n’ai plus ni femme ni enfant. Il paraît que la misère l’a forcée à cette extrémité. C’est ainsi que la société avale son monde. Il y avait 14 ans que nous étions ensemble.

Ces quelques lignes inspirent à Pierre Perrin une histoire de plus de deux cents pages. C’est tout le talent de Pierre Perrin. D’une mince réalité, il tisse un imaginaire propice à nous faire découvrir la personnalité de Gustave Courbet. Autre force de ce roman, renouveller notre regard sur les oeuvres de Gustave Courbet.Prenons juste, L’homme blessé et La sieste champêtre.. Ces oeuvres nous racontent en creux une histoire d’amour qui finit par faire mal.

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr

Dates de présentation-signature de l’ouvrage

  • Samedi 6 avril, 15 heures, L’Esperluète, 5 rue Vannolles, pour la librairie Rousseau, 25300 Pontarlier
  • Mercredi 10 avril, 19 heures, présentation-signature à la Librairie Gallimard, 15 bd Raspail, 75007 Paris
  • Samedi 13 avril, 15 heures, Librairie Guivelle, 7 place de la liberté, 39000 Lons-le-Saunier
  • Samedi 20 avril, Librairie polinoise [Corinne Dalloz, sous réserve], 3 rue Travot, 39800 Poligny
  • Samedi 27 avril, 16 heures, librairie La Passerelle [avec D. Sosoli¢, graveur], 16 bis rue de la Sous Préfecture, 39100 Dole
  • Samedi 11 mai, 15 heures, Librairie L’Intranquille, 25000 Besançon
  • Dimanche 19 mai, [dans le cadre de la nuit des Musées] Musée Courbet, 25290 Ornans
  • Vendredi 24 mai, 14 heures, Le Café littéraire luxovien, Centre Social Saint Exupéry, 5 bis av. de Lattre de Tassigny 70300 Luxeuil-les-Bains
  • […]
  • Samedi 12 octobre, Maison de la Poésie, 86000 Poitiers [dans la Vienne]