11 Mar

Pontarlier : Gustave Courbet inspire des artistes contemporains

Gravure, peinture acrylique ou a tempera, technique mixte, photographie et même pointe fine de stylo bille.. L’exposition « Courbet & Pontarlier » est aussi variée qu’intéressante. A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Gustave Courbet, le café littéraire de Pontarlier a demandé aux artistes, habitués de ses cimaises, d’exposer des oeuvres inspirées par Courbet.

Certains artistes avaient déjà travaillé à partir de l’oeuvre du maître d’Ornans, d’autres ont créé spécifiquement pour cette exposition. C’est le cas du jeune Ciryl Prost. Le jeune homme de Pontarlier qui n’a pas encore commencé ses études supérieures, ne connaissait pas vraiment l’oeuvre de Gustave Courbet. Il savait qu’il était un enfant du pays, que son Origine du monde avait suscité les foudres de Facebook mais guère plus. Cette commande, cela a été l’occasion pour lui de se rendre au musée d’Ornans et de découvrir la vie du peintre. « J’ai aimé son implication politique et, en tant que Franco-suisse, j’ai été touché par son exil en Suisse. En particulier, avec l’histoire de la sculpture Helvetia ». Courbet l’a réalisée pour remercier les Suisses de leur accueil.

Ciryl Prost

A l’Esperluète, la jeunesse côtoie l’expérience. Les visiteurs ont le privilège d’observer une rareté : la gravure sur cuivre de Dominique Sosolic. Le célèbre graveur est né à Ornans, à deux pas du premier atelier de Gustave Courbet. Dominique Sosolic ne laisse pas de place au hasard dans son travail, tout a un sens particulièrement réfléchi. L’artiste qui réside à Dole s’inspire des lois de la physique relativiste. Trous noirs, monde infini… Le plus célèbre tableau de Gustave Courbet s’est vite imposé comme une évidence.

Mais quelle réponse donner aujourd’hui ? Dominique Sosolic a choisi la virtuosité. Dans le monde de la gravure, il y a une oeuvre connue de tous : la Sainte Face du Christ sur le voile de Véronqiue de Claude Mellan. L’artiste du XVIIe siècle a réalisé le visage de Jesus en un seul trait de gravure : une spirale.

La Sainte face de Claude Mellan. 1649

Même virtuosité rarissisme mais contrepoint total : Sosolic donne du sens à sa démarche. Sa spirale représentera une composition profane en référence l’anti-cléricalisme de Courbet, un corps sans tête et non plus une tête sans corps. La spirale part du sexe « Un trou noir d’où sort la vie » m’explique Dominique Sosolic. Magistrale.

Dominique Sosolic

Autre gravure, cette fois-ci sur bois, une évocation de la rencontre de Courbet et de son bienfaiteur Bruyas. En 1977, à l’occasion du centenaire de la mort du maître d’Ornans, Dominique Sosolic construit une autre rencontre : celle de Courbet et de lui même. « Courbet me salue comme un passage de relais » précise le graveur. Observer le jeu des regards entre l’enfant, le peintre et le coq. Et puis, il y a cette mystérieuse diagonale… En fait, l’artiste avait prévu de se représenter face à Courbet mais admet-il en riant « J’ai commencé à me graver et je me suis raté ! « . Seule solution : se faire disparaître en coupant la plaque de cuivre.

Dominique Sosolic

Difficile de présenter tous les artistes qui ont accepté le principe de l’exposition de l’Esperluète. Plus d’une quinzaine d’artistes présente leur hommage à Courbet. Vous pourrez admirer les tableaux du Franc-Comtois Pascal Lombard, réputé pour son travail A tempera. Une pure merveille exposée régulièrement dans des galeries françaises et suisses. L’artiste représente la vallée de la Loue d’une façon tout aussi douce que rude. Il utilise la technique A tempera, les pigments sont liés à l’oeuf et sont posés sur une préparation crayeuse recouvrant une toile de jute dont la trame est plus ou moins épaisse. Sur le site internet de l’une des galeries qui l’exposent, cette méthode est expliquée et vous pouvez admirez ces tableaux. Voici l’un d’entre eux. Comme pour Courbet, la vallée de la Loue est une source d’inspiration inépuisable !

Pascal Lombard

Le travail du Bisontin David Graux est aussi saisissant. L’artiste dessine au stylo a bille.  » Avec le stylo à bille, on a une telle finesse que tout est permis, c’est illimité, dit-il. Le corps féminin est toujours présent, mais révélé, par le vêtement qui l’habille. Plusieurs textures sont représentées : cuir, jean, laine. La peau se fait invisible sous des tatouages colorés. Baignée par mes émotions, ma peinture est l’expression de ce que je vis  » explique David Graux sur la page facebook du café littéraire.  

David Graux

Gustave Courbet a séjourné plusieurs fois à Pontarlier en raison de ses liens amicaux avec la famille Joliclerc. Au moment de l’exil du peintre, ce sont les Joliclerc qui l’aideront à passer la frontière suisse. Le musée de Pontarlier conserve un tout petit autoportrait de Courbet, une oeuvre de jeunesse de 1842.

L’expostion est prévue jusqu’au 30 mars. Et si vous souhaitez mieux connaître la vie de Gustave Courbet, ne manquez pas le rendez-vous du café littéraire dans le cadre des Lecturbulences : Le 22 mars, vous pourrez écouter des textes des amis de Courbet comme Castagnary mais aussi de ses détracteurs comme Alexandre Dumas fils ou Théophile Gautier. Et bien sûr, des lettres du peintre. Son style est inimitable et attachant.

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr