02 Jan

#Faistoncourbet : les voeux de Doubs tourisme lancent le Bicentenaire de la naissance de Courbet

 

Qu’on se le dise ! Dans le Doubs, l’année 2019 sera l’année Courbet. Le département a décidé de célébrer le bicentenaire du maître d’Ornans tout au long de l’année. Et rien de tel que la tradition des voeux pour l’affirmer haut et fort. Comme à son accoutumée, Doubs tourisme fait de sa carte de vœux un vecteur de communication. Sur une idée de l’agence The Superb Agency, basée près de Besançon, Doubs tourisme propose aux internautes et à ses contacts de « faire son Courbet » !

Le principe est simple. Il suffit d’un ordinateur, d’une imprimante couleur, d’une paire de ciseaux et d’un appareil photo. Puis de publier sa photo sur les réseaux sociaux avec le #Faistoncourbet. Dans sa carte de voeux video, Doubs tourisme l’annonce : « En 2019, on se donne tous des airs de Courbet »… Et ce n’est pas une mince affaire quand on connaît un tant soit peu le caractère du peintre.

A la rédaction de France 3 Franche-Comté nous nous sommes pris au jeu et nous avons voulu tester cette injonction #faistoncourbet ! Côté pratique, je suis allée sur la page facebook de Doubs tourisme pour trouver  » l’évantail » puis l’imprimer. En fait, c’est un masque pour le bas du visage qu’il faut imprimer puis découper. Vous pouvez aussi le demander en écrivant à l’adresse courbet2019@doubs.com. Après, il faut un peu de temps pour trouver le bon cadrage mais cela marche !

Si les internautes se prennent au jeu, c’est un petit coup de com pour le Doubs et le musée Fabre de Montpellier qui expose actuellement ce tableau dont les droits sont gérés par la Fondation BNP Paribas.Et pour les plus curieux, cela peut être l’occasion de s’interroger sur le sens de ce tableau. C’est l’un des plus célèbres de Gustave Courbet et s’agit d’un autoportrait réalisé en 1844 ou 1845 soit six ans après son installation à Paris. Courbet a 26 ans et rien n’est acquis.

« Le Désespéré est probablement le tableau le plus singulier et le plus mystérieux de la série des autoportraits de jeunesse de Gustave Courbet »

écrit Sylvain Amic, conservateur au musée Fabre dans la notice du catalogue de l’exposition Courbet de 2007. Une des pistes possibles est de se rappeler que Gustave Courbet était bipolaire. Les travaux des psychiatres Yves Sarfati et Arnaud Portier l’ont démontré. Sylvain Amic cite une célèbre lettre du peintre décrivant en 1854 ses tourments intérieurs.

« Avec ce masque riant que vous ne connaissez, je cache à l’intérieur le chagrin, l’amertume, et une tristesse qui s’attache au coeur comme un vampire. »

Dans sa correspondance, Gustave Courbet n’a pas évoqué les conditions de réalisations de ce tableau. Pour Sylvain Amic, il faut « remonter aux premières émotions d’une jeunesse placée sous le signe d’un romantisme triomphant » pour tenter d’interpréter cette toile. Et de citer Castagnary, un proche de Courbet :

« Vers l’âge de 25 ans, Courbet, fit une révolution dans sa propre cervelle. Il oublia la double éducation classique et romantique qu’il avait reçue et qu’il s’était donnée, mit Flageoulot (un de ses professeurs) au rancart et ferma ses livres de Poésie. »

« Le Désespéré, explique Sylvain Amic, apparaît comme une oeuvre-clé; le choix de représenter le paroxysme de la crise, le moment où se révèle la vacuité d’une jeunesse perdue, marque la volonté de produire un signe à la hauteur du traumatisme vécu par l’artiste. »

Le Désespéré de Gustave Courbet @Fondation Bnp Paribas

En nous proposant de nous cacher derrière ce masque exprimant le doute et les effrois de l’inconnu, Doubs tourisme nous souhaite une belle année 2019. Une légèreté qui nous éloigne un temps des affres du monde. Et de l’autre côté du masque, c’est tout une oeuvre complexe qu’il nous reste à explorer. Celle de Gustave Courbet, un peintre aussi mystérieux que jovial. A pied dans la vallée de la Loue sur les pas de Courbet, comme le proposera Doubs tourisme au printemps, ou en participant aux multiples propositions culturelles de ce Bicentenaire 2019.

 

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr