«Pour peindre un pays, il faut le connaître. moi je connais mon pays, je le peins.» Cette célèbre citation de Gustave Courbet est en couverture du tout nouvel ouvrage publié par le conseil général du Doubs, «Les sentiers de Courbet, 8 parcours de randonnée». Jusqu’à présent ces propositions de randonnée au pays de Courbet, conçues par Pascal Reilé étaient chacune disponible sous forme de dépliants gratuits ou sur le site internet du conseil général du Doubs, désormais elles sont rassemblées dans un petit livre en vente (5,50 euros) à l’accueil du musée Courbet d’Ornans et à la ferme familiale du peintre à Flagey.
Plusieurs Franc-comtois m’ont confié une anecdote révélatrice. C’est en voyageant au loin qu’ils ont découvert la force des peintures de paysage du maître d’Ornans. En visitant des musées, en particulier, aux Etats-Unis, ils sont tombés en arrêt sur des toiles qui leur évoquaient un sentiment de connivence. Ces sous-bois, ces sources, ces grottes, c’était chez eux… Et celui qui avait su rendre universel leur vallée de la Loue, c’était Gustave Courbet. Il a fallu qu’ils traversent l’Atlantique pour qu’ils prennent conscience de la force du peintre.
Randonner dans la vallée de la Loue en suivant les parcours de Gustave Courbet, procède de la même démarche. Je vis en Franche-Comté depuis bientôt trente ans et jusqu’à la découverte de ces sentiers, j’étais plutôt indifférente à la peinture de Courbet. Je l’avoue ! Au musée des Beaux arts de Besançon, je passais régulièrement devant «L’Hallali du cerf» et, à chaque fois, je me demandais pourquoi l’oeuvre de ce peintre franc-comtois suscitait tant de passion. Le déclic est venu en marchant dans les pas de Courbet lors du tournage d’un reportage pour le Jt de France 3 Franche-Comté l’été 2012. Pascal Reilé, fin connaisseur de Courbet et de la vallée de la Loue avait mis au point les premiers sentiers de Courbet à l’occasion de la réouverture du musée Courbet l’année précédente et nous les faisait découvrir.
Anecdotes, citations, photos d’époque, reproductions de tableaux en vis à vis des paysages d’aujourd’hui, tout est réuni dans une agréable mise en page pour vous inciter à mieux comprendre l’oeuvre de Courbet, peintre plus complexe que l’on ne l’imagine de prime abord. Tout récemment, Jean-Jacques Fernier, un des experts de Courbet, m’a éclairé en me présentant deux tableaux l’un après l’autre. Le même paysage peint par Courbet et par son élève Pata. Effectivement, l’oeuvre de Courbet se distinguait par une force singulière, une richesse de la matière et un jeu anthropomorphique et symbolique. « Pata peint ce qu’il voit, m’explique Jean-Jacques Fernier, Courbet, peint ce qu’il imagine.» C’est cette complexité que vous découvrirez en marchant dans les pas de Courbet tout en lisant les indications de ce livre.
Côté pratique, si vous ne connaissez pas la vallée comme votre poche, munissez-vous d’une carte pour vous repérer un peu plus précisément que sur celles du livre ou des dépliants. Des sentiers sont à arpenter à pied, d’autres à vélo.Pascal Reilé et le conseil général du Doubs prévoient de publier d’autres parcours au delà de la vallée : dans le Haut-Doubs, sur les routes de l’exil en Suisse, à Paris, à Saintonge, à Montpellier et même en Allemagne. Des itinéraires pour découvrir toute les étapes de la vie du peintre d’Ornans.
Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius@francetv.fr
PS : Les éditions Cêtre viennent également de publier «Gustave Courbet sur les chemins de sa vie, 9 randonnées biographiques » de Marcel et Marie-Christine Truche. Prochainement, un article sur le blog.