09 Oct

Le Haut-Doubs de nouveau victime de la sécheresse

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Le Haut-Doubs est de nouveau confronté au manque d’eau. Les faibles précipitations de ces 18 derniers mois n’ont pas permis de recharger suffisamment les nappes phréatiques qui alimentent Pontarlier et les communes environnantes. Le niveau de la nappe de la plaine de l’Arlier est plus bas qu’en 2003, année de son niveau record. L’arrêté de la préfecture du Doubs concernant les restrictions d’eau publié en juillet a été prolongé uniquement sur ce secteur. Le maire de Pontarlier et des élus de la communauté de communes de Pontarlier appellent à la plus grande vigilance et encouragent les administrés à aller plus loin en matière d’économie d’usage de l’eau.

Avec Cécile Pernin, Chargée du service Réseaux et Stations, communauté de communes du Grand Pontarlier, Gérard Voinnet Conseiller municipal, groupe Pontarlier Ecologie, Frédéric Lonchampt, Direction de l’Ingénierie et de la Transition Energétique, ville de Pontarlier, Patrick Genre Maire de Pontarlier DVD.

Reportage L.Thiery, E. Proenca Pina et M.Bensmaïl
Une situation critique prévisible. Depuis plusieurs années, les différentes instances chargées de la gestion de l’eau mettent en avant ce talon d’Achille du Haut-Doubs. La Commission locale de l’eau, CLE, présidée par le vice-président du conseil départemental du Doubs, Philippe Alpy, est le « parlement de l’eau » pour le SAGE (Schéma d’aménagement et de Gestion des Eaux) du Haut-Doubs, Haute-Loue. En novembre 2015, un Plan de Gestion de la Ressource en Eau pour le Haut-Doubs a été adopté à l’unanimité par la CLE. C’est l’EPTB Saône&Doubs qui est chargé de son application. Concrètement, il est clairement dit que le Haut-Doubs est classé comme « en équilibre fragile à préserver ». 80% des habitants du Haut-Doubs sont alimentées par  quatre ressources principales : le Lac Saint-Point, la nappe du Drugeon,la nappe de l’Arlier  et la nappe du Doubs vers Morteau. Des petites sources alimentent les 20% restant.

Quatre grandes orientations ont été retenues dans ce plan de gestion.

-Faire des économies d’eau et chercher des ressources alternatives
-Réhabiliter les zones humides
-Réduire les pollutions
-Amélioration de la gestion du barrage du lac Saint-Point

En novembre 2016, la Commission Locale de l’eau s’est réunie. Il a été souligné qu’il fallait lutter « contre les fuites dans les réseaux d’eau potable » . Il y a toujours des pertes lors de l’acheminement de l’eau chez les particuliers. Sur quelques petits réseaux les fuites sont trop importantes : entre 30 et 40% de l’eau prélevée est perdue. D’où la nécessité de réaliser des travaux pour améliorer les rendements de distribution et lutter contre les « pollutions éventuelles » dues à des conduites vétustes. Autre question préoccupante pour les élus, la protection des captages. Dans le Grand Pontarlier, 6 des 8 puits sont en zone non protégeable car proches de zones d’activités économiques. Michel Marmet, vice-président de la CLE et représentant de la Commission de protection des eaux CPEPESC, souligne que

l’imperméabilisation des sols peut engendrer dans certains cas des problèmes de saturation des réseaux d’assainissement et qu’il est nécessaire d’évoquer la question du développement économique et urbain du Haut-Doubs.

Le blog Haut-Doubs Ecologie souligne aussi que « le développement des activités économiques et des zones d’habitation a rendu très problématique la sécurisation de l’approvisionnement en eau de Pontarlier et d’une trentaine d’autres communes. »  Face à ce développement économique, les élus savent désormais que les travaux de restauration des zones humides sont indispensables pour sécuriser les ressources en eau. Autre solution,  mieux gérer le barrage du lac Saint Point. D’après le président Philippe Alpy, la « construction d’un nouvel ouvrage s’impose ». Lors de cette réunion de novembre dernier, des élus ont fait remarquer « qu’il y avait de plus en plus de forages et de pompages sauvages dans les nappes et cours d’eau ». Un problème à étudier par le SAGE.

Reste à trouver des ressources alternatives. Philippe Alpy souhaite qu’une réflexion soit menée pour résoudre un vieux problème : Depuis la construction du tunnel sous le Mont d’Or, une partie de la ressource en eau du bassin versant français est déviée sur le territoire suisse. Comment récupérer ce « manque à gagner »?

Enfin, comme vous l’avez entendu dans le reportage tourné par Lucie Thiery et Eric Proenca-Pina, des forages sont en train d’être réalisés à Houtaud. Des études ont lieu également sur la communauté de communes de Montbenoit. Quant au département du Doubs, en octobre 2016, la collectivité a présenté les forces et les faiblesses de chaque territoire dans le cadre du schéma départemental d’alimentation en eau potable dans le département. Pour le Haut-Doubs, les mêmes conclusions étaient présentées dans le diagnostic. Préserver la ressource en eau, on le voit, est particulièrement coûteux mais indispensable. Une lourde responsabilité pour les communautés de communes : à partir du 1er janvier 2020, ces collectivités devront exercer les compétences « eau » et « assainissement ».

isabelle brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr