21 Juil

Sécheresse et pollution : un duo néfaste pour les rivières

Le manque d'eau dans le Drugeon

Le manque d’eau dans le Drugeon

Rien ne va plus  sur le bas Drugeon. En début de semaine, 300 kilos de poissons morts ont été retrouvés par les pêcheurs de la Truite Pontissalienne. Le cocktail sécheresse et pollutions diverses est particulièrement néfastes pour les rivières.

Autre signe d’inquiétude pour le Drugeon : cette mortalité met en évidence la chute de la présence de poissons dans cette rivière. Sur les 700 mètres de rivière, seulement 5 truites ont été retrouvées, c’est peu d’autant plus qu’elles ne mesuraient que 30 cm, les beaux specimens de 60 cm semblent avoir disparu de la rivière dans ce secteur. Comme vous pouvez l’écouter dans le reportage de Thierry Chauffour, Louis Duménil et Jean-Pascal Maujard, les origines de la pollution sont identiques à celles rencontrées sur les autres cours d’eau de Franche-Comté.

Ce jour-là, mes confrères ont assisté aux mesures de la DREAL qui permettent de dresser un état des lieux des niveaux d’eau et de la température de l’eau :

« Sur les dernières 24h, la température maxi était de 24 °C à 10h. La température moyenne sur 24h d’hier était de 19 °C. Cette année, la température maxi journalière était de 23°C le 22 juin 2017 soit la même valeur que la maxi de l’année 2016 atteinte le 22 juillet 2016. En 2015, la température journalière maxi était de 24.5 °C le 5 juillet 2015. »

Impossible pour les salmonidés de vivre dans une telle fournaise. Voici un graphique qui permet de comparer les débits du Drugeon entre cette année et l’année 2015 dernière année de sécheresse importante en Franche-Comté. Pas rassurant !

 

drugeon

Le Drugeon victime de la sécheresse et des pollutions

 

En raison de ce manque d’eau, il a été décidé de placer trois des quatre départements de Franche-Comté ( l’exception étant le Jura) en état d’alerte 1. Le site Propluvia, précise les conséquences de ce classement :

Réduction des prélèvements à des fins agricoles inférieure à 50% (ou interdiction jusqu’à 3 jours par semaine), mesures d’interdiction de manœuvre de vanne, d’activité nautique, interdiction à certaines heures d’arroser les jardins, espaces verts, golfs, de laver sa voiture. 

Cette situation sur le Drugeon est particulière préoccupante car cette rivière a bénéficié en amont d’un aménagement particulièrement ambitieux. Le site EauDoubsLoue rappelle :

 La vallée du Drugeon a connu de lourds travaux d’aménagement hydraulique entre la fin des années 50 et le début des années 70. Les marais et les tourbières ont ainsi été asséchés par la rectification et le curage du Drugeon et de ses affluents ainsi que par le drainage des parcelles riveraines.

Ces travaux avaient pour objectif de transformer plus de 2000 hectares de zones humides en terres arables. Au final, ils n’ont permis de gagner que 200 ha de terres alors que le linéaire du cours d’eau a été réduit de 8 km sur une totalité de 35 km.

Ces modifications du milieu ont conduit à l’incision du lit et à la dégradation des habitats aquatiques, l’étalement et le réchauffement de la lame d’eau favorisant de fait le développement des algues et la réduction des biocénoses. Les effectifs de poissons se sont effondrés, les grands plécoptères et les écrevisses à pieds blancs ont totalement disparu.

A partir de 1997, des travaux portés par la Communauté de communes Frasne Drugeon puis par le Syndicat mixte des milieux aquatiques du Haut-Doubs dans le cadre du programme LIFE Sauvegarde du bassin du Drugeon ont permis de regagner 7 kilomètres de méandres. Environ 300 hectares de zones humides et de pelouses sèches ont été reconquis. Les suivis montrent une forte amélioration de la qualité des habitats du cours d’eau.

D’où le label« rivière en bon état » décerné en 2016 par L’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse à la partie amont du Drugeon entre Vaux et Bonnevaux. Reste à reconquérir l’aval. 

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr