Comme à chaque période de sécheresse, les professionnels des loisirs sur la Loue ont les yeux rivés sur l’évolution du débit de la rivière. Leur activité en dépend. L’arrêté préfectoral du 16 juin 2014 réglemente la pratique du canoë, du kayak, du raft et de baignade. Lorsque le débit est inférieur à 5 m3/s, ces sports sont fortement réglementés pour protéger le milieu naturel : interdiction de raft, de baignade et accès limités pour les canoës-kayak. Cette année, la donne change car la construction d’une passe à poissons et d’une passe à canoë-kayak est en cours au barrage Gervais à Ornans.
Dans un courrier du 10 juillet dernier, les services du préfet du Doubs écrivent aux maires, aux responsables des offices de tourisme, au centre de loisirs et au président du syndicat mixte de la Loue, Maurice Demesmay, pour leur rappeler que cet arrêté rentre automatiquement en vigueur lorsque le débit de la Loue passe en dessous de 5m3/s à Vuillafans. Aujourd’hui, j’ai téléphoné à la boîte vocale (03 81 65 62 58) mise en place par les services de l’Etat : le message est très clair :
Aujourd’hui « drapeau rouge » sur la Loue. En raison du faible niveau d’eau, il est interdit d’y nager, de faire du raft et la pratique du canoë n’est autorisée qu’à certains endroits ( voir l’arrêté). Le problème de cette année est que l’une des zones autorisées, celle entre le point d’embarquement de Montgesoye et le barrage Rivex d’Ornans, n’est pas vraiment top pour le canoë, selon le responsable de la base de loisirs Evolution 2. L’eau y est encore plus basse qu’ailleurs. C’est ce que nous expliquons dans ce reportage tourné avec Florence Petit, Rémy Bolard et Pascal Gomez :
Avec les interviews de Maurice Demesmay, pdt du syndicat mixte de la Loue, Annabelle Vida, directrice de l’office du tourisme Pays d’Ornans Loue Lison et Emmanuel Caillot, directeur de la base Evolution 2.
L’office du tourisme du pays d’Ornans Loue Lison et le sénateur maire d’Ornans, Jean-François Longeot demandent donc à l’Etat une « dérogation exceptionnelle » pour que les professionnels puissent exercer leurs activités « depuis Vuillafans jusqu’au barrage Rivex d’Ornans ». Ils souhaitent, eux, le maintien de la traversée d’Ornans et donc le passage du barrage Gervais pour que tous les professionnels puissent travailler.
Le préfet doit prendre en compte tous les acteurs du dossier et les attentes ne sont pas forcément les mêmes en fonction des zones d’embarcation et de débarquement. La base de loisirs Evolution 2 voudrait avoir accès à la zone actuellement interdite en cas de basses eaux entre Vuillafans et Montgesoye et s’arrêter avant le barrage Gervais, zone de travaux. Mais pour l’autre professionnel du secteur, Duo 2, pas question de ne pas pouvoir traverser Ornans car son seul point de débarquement est en aval d’Ornans. A chaque fois des emplois sont en jeu.
Vendredi 17 juillet, la prefecture du Doubs a pris un arrêté portant dérogation à celui en vigueur jusqu’au 31 août prochain.
Quoi qu’il en soit, la définition des quatre zones où l’on peut pratiquer les sports nautiques ne sont pas forcément comprises par les acteurs de ce dossier. Pourquoi ici plutôt qu’ailleurs, les points d’embarcation et de débarquement ne sont pas forcément prises en compte. Et pourtant, il y a eu de nombreuses réunions de concertations pour mettre au point cet arrêté qui, à chaque fois qu’il doit s’appliquer, fait parler de lui !
Déjà, l’été dernier, des pressions avaient fait annuler la réalisation de cette passe à poissons au barrage Gervais en raison de la désorganisation de la pratique du canoë. L’été 2014 avait été si pluvieux que la saison de canoë n’avait pas été excellente et les travaux de la passe à poissons difficilement réalisables d’où le report d’une année. Cette fois-ci, les conditions climatiques sont excellentes pour la réalisation de cet aménagement du barrage Gervais. Des travaux indispensables pour respecter la loi sur l’eau et le rétablissement de la continuité écologique. Entre la source de la Loue et Rennes/Loue, on compte pas moins de 50 barrages ou seuils. Une dizaine d’ouvrages ont été identifiés par le syndicat mixte de la Loue; parmi eux, le barrage Gervais, propriété du syndicat mixte.
Toujours à Ornans, le seuil de l’ Homlon doit être arasé à l’automne. Là aussi, comme pour le tourisme, les enjeux économiques sont importants. L’aménagement du barrage Gervais coûte 253 000 euros, financé à 50 % par l’Agence de l’eau, 30% le conseil départemental et 20% par le syndicat mixte de la Loue. Avec cette réalisation, ombres communs et truites vont pouvoir remonter la Loue sur 35 kilomètres et trouver une eau plus fraîche, nécessaire à leur survie. Un enjeu également important en ces temps de réchauffement climatique. C’est une des actions prioritaires du contrat de territoire signé en décembre 2014. 16 millions d’euros ont été débloqués pour l’avenir des rivières comtoises.
Isabelle Brunnarius
Isabelle.brunnarius@francetv.fr