15 Août

Le vigneron de la vallée de la Loue jette l’éponge.

Denis Pin, le vigneron de la vallée de la Loue

Denis Pin, le vigneron de la vallée de la Loue

« Je jette l’éponge, je suis usé. Je mets la clé sous la porte avec d’énormes regrets. Je tire un trait sur le vignoble avant que le vignoble ne tire un trait sur moi » Denis Pin n’en peut plus. Cet été pluvieux a fait fondre ses derniers espoirs de sortir de l’ornière. En redressement judiciaire depuis avril 2013, le seul vigneron de la  vallée de la Loue n’a pas attendu la prochaine échéance devant le tribunal de commerce de Besançon prévue en automne prochain. Denis Pin a pris sa décision, il arrête tout le 31 août, une annonce faite sur la page facebook de son agent commercial.

 

Cette année, il n’y aura donc pas de vendanges sur le domaine de la Haute-Loue . « J’ai perdu 90% de ma récolte à Pâques en raison du gèle. Et puis, je n’ai plus de trésorerie pour mettre le vin 2013 en bouteille. Peu de récolte, pas de stock, je filais droit vers une liquidation ». Depuis 2011, les difficultés s’accumulent pour le viticulteur de Vuillafans. En 2011, la production est en baisse par rapport à l’année précédente, 2012, pas de récolte en raison du gèle, 2013, la moitié de la récolte perdue toujours à cause du mauvais temps… Aucune année pour rattraper l’autre.
La procédure de redressement judiciaire devait permettre à Denis Pin d’étaler ses dettes et de repartir avec le soutien de l’agence de développement économique du Doubs.
Nous avions raconté cette épisode sur le blog de la Loue. Il y a un peu plus d’un an, tous les espoirs étaient permis, Denis Pin avait même le projet de travailler pour la commune d’Ornans. L’idée était de faire renaître la vigne sur les coteaux d’Ornans, un projet cohérent avec le développement touristique autour de Gustave Courbet. Le maire d’Ornans, Jean-François Longeot devait justement recevoir Denis Pin la semaine prochaine pour faire le point sur cette belle idée. Mais cet été calamiteux a eu raison des espoirs du vigneron. Très peu de touristes ont flâné dans les rues de Vuillafans ces semaines dernières. Denis Pin comptait sur les ventes de bouteilles de cet été pour améliorer sa trésorerie. Et puis, il y avait eu l‘appel aux dons lancés par médias interposés. Même TF1 avait fait un reportage ! Le vigneron a pu ainsi récolter 2500 euros mais cette somme est bien insuffisante pour le sortir de ce mauvais pas. Il s’engage à rembourser ses généreux donateurs.
Cette décision va avoir des conséquences pour l’association Ruranim, propriétaire du chai et des pieds de vignes sur un peu plus de 6 hectares à Vuillafans. Dans mon article précédent, j’expliquais les liens compliqués entre l’association et le vigneron. Ruranim a du également déposer tout récemment le bilan, l’association n’ayant plus assez de ressources. Une des raisons est l’ impossibilité pour son fermier, Denis Pin, de payer régulièrement le loyer.
Malgré toute ces difficultés, Ruranim veut poursuivre son activité et trouver un repreneur pour ses vignes. Son président, Gaëtan Madoz, est lui aussi surpris de la décision de Denis Pin. « Il n’a pas eu de chances avec les conditions climatiques, c’est certain ». Le président de Ruranim partage également l’avis de Denis Pin, sur les conséquences néfastes de l’enfrichement sur la vie de la vigne. Au fil des siècles, les coteaux de la vallée de la Loue ont perdu leurs pieds de vigne et cela peut jouer sur le gel. Alors, quelle avenir pour les vignes de Vuillafans et le projet d’Ornans ? « A long terme, la poursuite d’activité est possible, assure Gaêtan Madoz, il faudra sans doute prendre des mesures de protection ». La question qui reste en suspens est celle, cruciale, du financement.
Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius@francetv.fr