Primark, l’enseigne irlandaise de prêt-à-porter et accessoires de maison, vient d’ouvrir dans la Ville rose son 14ème magasin de l’Hexagone. Un événement hors norme qui a rassemblé —au moment de l’inauguration— plusieurs milliers de clients. Une ouverture également marquée par une manifestation d’opposants de la multinationale.
C’est l’événement fashionistas de cette fin d’année pour les toulousains. Dès 7h du matin —soit trois heures avant l’ouverture—, déjà plusieurs dizaines de clients font le pied de grue dans la file d’attente pour être les premiers à participer à l’ouverture. Pour l’occasion, la rue Rémusat est fermée à la circulation avec le concours de la police municipale puis de «la nationale». Une situation qui agace des travailleurs, qu’ils soient à pied, à vélo ou en voiture. «Mais quelle connerie!» ou «Pppppppffffff!», entend-t-on à 08h10. En parallèle, une société de sécurité privée gère le flux de consommateurs impatients. Il faut dire qu’après plus de quatre années de travaux et de nombreux retards, la multinationale irlandaise de prêt-à-porter à bas prix avait hâte de pouvoir ouvrir ce mercredi 17 octobre 2018 les portes de son 14ème magasin français.
Une inauguration précédée par une visite d’invités composés d’élus de la ville, de riverains directs, d’influenceurs locaux spécialisés dans la mode, de commerçants mais aussi de journalistes. Parmi l’un de ces groupes, Christine Loizy, la directrice générale de Primark, orchestre une déambulation au pas de course dans tous les department (ou rayons) du magasin à l’attention de Jean-Luc Moudenc, maire (LR) de Toulouse et de son adjoint en charge du commerce, Jean-Jacques Bolzan. Pour l’arrivée de ces VIP, l’enseigne organise une haie d’honneur festive où tous les «vendeurs polyvalent» en t-shirt bleu —couleur de la marque— bougent au rythme de chansons pop ou encore avec du disco/funk Le Freak du groupe Chic. Une énergie matinale qui frise le surréalisme et ressemble en tout point à ces scènes de liesse qu’on peut voir dans les Apple store.
Les salariés toulousains seront épaulés par 120 de leurs collègues venus de toute la France, pendant un mois.
Vêtements pour femme, homme, enfants, accessoires beauté ou encore objets de décoration pour la maison. Il y a des produits pour toute la famille, d’ailleurs, l’enseigne mise sur des licences à succès pour séduire les fans de la saga Harry Potter ou les inconditionnel(le)s de Mickey Mouse à l’occasion de ses 90 ans d’existence. On trouve aussi les super-héros de Marvel, les célèbres Minion des films Moi, moche et méchant et des bonbons Pez pour les plus nostalgiques d’entre-nous.
L’irlandais Primark a vu les choses en grand pour son magasin toulousain et sa puissance de frappe financière lui a permis de s’offrir un bâtiment de style Haussmannien à la quasi-extrémité de la rue Rémusat, auparavant occupé par Lafayettes maison (filiale du groupe Galeries Lafayette). Ainsi, quand les célèbres «Galeries» regroupent plusieurs dizaines de stands appartenant à des marques de luxe sur 8.800 m2, Primark, elle, dispose près de 7.500 m2 répartis sur quatre niveaux pour la vente uniquement de ses produits.
Contrairement à d’autres multinationales, Primark ne fait aucune publicité mais s’assure d’une communication quasi-gratuite en retour, histoire d’entretenir le bouche à oreille (numérique). A la veille de l’inauguration, plusieurs influenceurs toulousains ont été invité à visiter «en avant-première» le magasin. Ainsi, Laura D., du blog La Petite frenchie, a pu arpenter «pendant deux heures» les différents department de Primark. L’enseigne a d’ailleurs offert à cette blogueuse locale un «bon d’achat de 200€». «Toutefois, cet article n’est pas sponsorisé ou en collaboration avec la marque. Je le fais de mon plein gré car j’aime vous partager un maximum de choses sur le blog!», précise la jeune fashionista toulousaine dans son article, après avoir fait son haul (sorte de présentation, généralement en vidéo, après des achats en boutique).
J’ai vraiment du mal à saisir pourquoi des influenceuses pro local/mieux consommer font des stories à l’intérieur du Primark de Toulouse qui ouvre officiellement demain. Je trouve ça quand même pas mal hypocrite en fait. pic.twitter.com/sUy1g3g0um
— Marie (@Beyondzewords) October 16, 2018
@Primark hey je peux être invité à l’inauguration du magasin de Toulouse ce soir? #toulouse #primark
— Alex (@AlxTHT) October 12, 2018
Installé en France depuis bientôt cinq ans, le géant du textile est régulièrement décrié pour les conditions de travail des ouvriers qui fabriquent les vêtements mais aussi sur le management de ses salariés hexagonaux victimes du syndrome d’épuisement professionnel. Quelque soit le rayon, vous voyez un ou deux employés, plier, réajuster, ranger le moindre vêtements. Malheureusement, hormis un « bonjour » il est impossible aux journalistes de pouvoir poser des questions aux vendeurs polyvalents. Toutes les critiques sont balayées d’un revers de main par la directrice générale de Primark qui affirme, sans qu’il puisse être vérifié, que la multinationale du textile est «le leader mondiale en terme d’éthique». Christine Loizy assure également que le coton utilisé dans les vêtements est «garanti sans pesticide».
Tout est étudié pour garder le client en magasin, des prises USB, placées sous le sièges, permettent de recharger le smartphone.
À l’extérieur, pendant le discours inaugural, plusieurs dizaines de manifestants appartenant au collectif Basta effectuent un die-in avec l’aide d’une bâche à l’inscription «Primark assassiné, Toulouse complice» en référence au drame du Rana Plaza survenu en 2013 qui a fait 1.200 morts au Bangladesh. Quant aux salariés toulousains, les responsables français donnent le chiffre de 300 personnes avec majoritairement des vendeurs polyvalents (et une trentaine de managers) qui seront épaulés «par 120 collègues qui viennent de toute la France pendant un mois et 80 CDD jusqu’à noël», précise encore Christine Loizy. En aparté, la directrice générale a voulu montrer aux médias la «salle de repos» où bar, wifi, chaises hautes et prises d’alimentation sont à disposition pour «les filles et les garçons».
Pour éviter les évanouissements, des salariés distribuent des bouteilles d’eau aux clients intéressés.
LE moment de l’ouverture officielle du magasin.
Avec des prix cassés, Primark souhaite à Toulouse concurrencer H&M ou Zara. Et si l’entreprise irlandaise cultive le culte du secret quand on parle argent, plusieurs personnes s’accordent pour dire qu’un bon magasin réaliserait un chiffre d’affaires annuel de 50 millions d’euros. Aujourd’hui, Primark surfe sur un succès commercial en vendant du textile à bas prix. In fine, cette situation peut légitimement alimenter le débat public. Ses clients viennent pour trouver une bonne affaire ou par nécessité?