Le covid-19 a bouleversé les habitudes de tout le monde, y compris celles des professionnels de l’image. De passage à Toulouse, le Premier ministre Jean Castex et trois de ses ministres ont signé avec la ville de Toulouse le premier «contrat de sécurité intégrée». Une visite éclair, millimétrée et largement axée sur la sécurité.
Il y a un avant et un après. Depuis fin août 2020, le port du masque est obligatoire dans tout l’espace public à Toulouse. L’une de ces contraintes sanitaires se heurte à l’idéal esthétique d’une bonne photo de presse et oblige les professionnels de l’image à faire autrement… quand il est possible ! À l’occasion de la signature du premier «contrat de sécurité intégrée» entre l’État et la ville de Toulouse, le Premier ministre Jean Castex et trois ministres : Gérald Darmanin (Intérieur), Éric Dupond-Moretti (Justice) et Jean-Michel Blanquer (Éducation) font le déplacement dans la Ville rose.Sur une demi-journée, la visite ministérielle divisée en quatre séquences doit permettre aux membres du gouvernement d’échanger avec «des forces de l’ordre et le procureur de la République», à participer à une table-ronde avec des «acteurs impliqués dans la vie» du quartier des Izards et ceux qui sont dans «la continuité éducative» mais aussi visiter le centre de supervision urbaine (CSU) de Toulouse. Un programme qui doit se conclure avec le discours de Jean Castex et la signature de la convention. Un ordre du jour dense qui n’échappe pas aux contraintes du Covid. «En raison du contexte sanitaire et de la présence de la métropole de Toulouse parmi les zones d’alerte renforcée, les trois premières séquences seront ‘poolées’», prévenait la note destinée aux rédactions. Autrement dit, seulement un ou deux photographes peuvent suivre les trois premières visites. Un pool permet d’éviter la nuée (ou mêlée) de photographes et de caméras. Pour les communicants, il présente également l’avantage de mieux canaliser les attentes des journalistes.
Si vous avez l’impression en regardant les journaux de toujours retrouver les mêmes images, sachez que les visites ministérielles respectent un protocole. Réaliser des photos est difficile mais pas impossible. Les médias sont placés et ne doivent pas s’affranchir de l’espace délimité. De fait, il est compliqué de varier les images. Dans la salle des Illustres, un petit espace à droite du pupitre est réservé aux photojournalistes. La zone est tellement exiguë que la distanciation sanitaire n’est pas du tout respectée. Qu’importe, il faut s’extraire de l’espace et prendre du recul pour diversifier les clichés.
Et puis, il y a ce masque. Un masque qui cache les sourires et les expressions du visage qui parfois valent une réponse. Dans cette séquence au Capitole, seuls le maire de Toulouse et le Premier ministre parlent. Les ministres sont assis, attentifs, de profils et en contre-jour par rapport aux photographes. Alors on s’interroge sur leur présence tant ils restent muets. Après les discours, Jean Castex et Jean-Luc Moudenc signent en deux exemplaires la convention puis vient l’heure de la photo de groupe. Une image qu’il faut faire mais qui, sincèrement, ne devrait pas permettre de décrocher un prix photographique. Dans notre travail de journaliste, nous devons documenter ce qu’il se passe dans notre ville et dans certaines occasions, on se demande : «franchement, est-ce que c’était vraiment intéressant d’un point de vue photo?»