Toulouse se dote, pour 1,1M€, d’un stand de tir dédié à sa police municipale. Les fonctionnaires s’entrainaient dans des lieux privés et parfois au-delà du département.
Jean-Luc Moudenc, maire (LR) de Toulouse, est fier de sa police municipale. Déjà en février 2o18, le premier édile et son adjoint en charge de la sécurité, Olivier Arsac, rendaient hommage à ses femmes et hommes en uniforme bleu-nuit sur la place du Capitole avec une opération de communication tournée vers le grand public. Juin 2o19, les mêmes élus inaugurent un stand de tir à l’usage de la police municipale où chaque fonctionnaire devra s’entrainer trois fois par an en tirant, à chaque session, cinquante cartouches. Cette infrastructure de 44om2 représente un «investissement» de plus de 1,1M€, fait savoir la mairie. Elle permettra aux policiers municipaux de s’entrainer à Toulouse et non, jusqu’à aujourd’hui, dans des lieux privés parfois situés à Castres ou à Albi.
Coincé entre le périphérique toulousain et un magasin allemand de discount, rien ne laisse paraitre qu’il s’agisse d’un équipement dédié à la police. Seule une caméra de vidéosurveillance installée de l’autre côté du trottoir suggère le caractère protégé du lieu. Sur le parking, plus d’une trentaine de policiers municipaux patientent sous deux barnums avec, en fond sonore, de la sage musique électro. Chaque arrivant est dévisagé de la tête au pied. Les rares reporters présents attendent l’arrivée des élus et en profitent pour faire des images d’illustration. Cette inauguration, qui est un non-événement journalistique mais plutôt une opération de communication, rassemble du monde. Il y a la gendarmerie, les douanes et même le directeur départemental de la sécurité publique.
Aujourd’hui, en France, c’est le maire qui décide si les policiers municipaux sont armés et avec quel type de matériel. À Toulouse, suite à une promesse électorale de Jean-Luc Moudenc, tous les agents disposent depuis novembre 2o14 d’une arme de poing. D’abord équipée avec des revolvers possédés et transmis par la «nationale», cette police municipale dispose d’une nouvelle arme: le semi-automatique CZ P-O7.
150dB
Au dessus d’une première porte qui donne sur un sas, une consigne lumineuse indique des «tirs en cours». Pour entrer, le port d’un gilet pare-balle, d’un casque auditif et de lunettes de protections sont indispensables. Au sol, six couloirs délimités par de la peinture rouge indiquent également la distance entre le tireur et la cible. Quinze, dix et cinq mètres. La salve de tirs engendre de très fortes détonations (environ 150dB par arme) qui peuvent surprendre le commun des mortels. «Il ne faut pas que la salade dépasse de l’assiette», explique l’un des moniteurs à un jeune journaliste visiblement déboussolé par le bruit et qui doit réajuster sa protection auditive. Pour des raisons évidentes de sécurité, il est impossible en situation de tir de prendre des images au-delà des plots au sol. Ainsi, sur toutes les images, les policiers apparaissent de dos. Une situation qui encourage le photojournaliste d’un quotidien régional connu à demander aux agents de reproduire les gestes.«Ayez le visage sérieux!», lance le photographe aux policiers dont certains peinent à masquer leurs sourires, sans doute amusés par la simulation.