La photo de Nilüfer Demir, de l’agence turque Dogan, a fait le tour du monde. Gisant inanimé sur une plage à Bodrum, il s’agit d’un réfugié syrien de 3 ans. Son nom : Aylan Kurdi.
Comme la photojournaliste Nilüfer Demir, sans aucune hésitation j’aurai mis mon doigt sur le déclencheur de mon appareil photo. Les sujets sur les réfugiés ont été récurrents dans les journaux français cet été. Ce n’est pas une photographie de plus qui s’ajoute aux images macabres existantes, c’est le cliché qui synthétise à lui seul des années de guerre en Syrie.
Cette image puissante est nécessaire. Elle n’arrêtera pas la guerre mais agira comme un électrochoc des consciences dans l’opinion. Elle a le mérite de susciter le débat, même de manière éphémère, sur la situation des réfugiés. Cette photo aussi violente et triste qui puisse paraitre a fait l’objet d’une controverse sur les réseaux sociaux, fallait la publier ou non ? Le photojournaliste que je suis vous répond qu’il faut publier cette photo. Si elle choque les âmes au motif qu’elle «ne respecte pas la dignité» du garçon, ne pas la publier aurait un crime supplémentaire aux personnes mortes noyées. Ne pas la publier, c’est cacher l’insoutenable réalité même si elle est à des milliers de kilomètres de la France.
Ce qui a permis de rendre cette photo puissante et virale repose aussi sur un critère simple : Elle est «publiable». Beaucoup d’images ont été réalisées sur les réfugiés dont certaines sont bien plus «trash», donc «non publiables» que la photo de Nilüfer Demir.
À chaque conflit a son cliché emblématique. Il ne s’agit pas là de faire du voyeurisme, ni du sensationnalisme mais de restituer une réalité qui peut choquer tout en étant compréhensible.
Kevin Figuier // @Keu20Figuier