23 Avr

Macadam toro, avril. Chapitre 3

Vendredi 22 avril 2016, Soto Del Real, hotel Prado, 8h30. 9 degrés.

Je demande des nouvelles du caniche albinos. Le temps que la patronne me dise qu’il dort encore, apparaît un molosse Mâtin Espagnol de 87 kg, tenu en laisse par une frêle jeune fille. Le surréalisme se poursuit.

mayoral BI

Domingo, mayoral depuis 26 ans chez Baltasar Ibán!

 

09h30, arrivée chez Baltasar Iban en longeant un camping où s’entassent caravanes et petits chalets en bois. A gauche, sur le chemin de terre, trente vaches astifinas, deux lapins devant la voiture. Domingo, mayoral depuis 26 ans nous embarque sur le pick-up et un à un nous présente les sept toros de la première corrida de Vic-Fezensac 2016. Du beau monde au balcon…

13h30 : Colmenar Del Arroyo, 1532 habitants et un consensus dans le village : des dizaines de citations, de vers, de phrases poétiques écrites à la main sur les murs blancs des maisonnettes.

 

On déjeune à la casa Mariano où Michel a mangé l’avant-veille quand il est venu repérer la ganaderia des frères Quintas. A 15h00, « Goyo » le patron, nous rejoint pour le café et nous embarque (nouveau pick-up) vers ses champs, filmer le toro de la corrida-concours vicoise. Un tío… Sur ses trois fincas, 1500 bêtes de combat, trois lignées, Domecq, Santa Coloma et Martínez. Il vend des novilladas avec où sans picadors et des toros pour les encierros de rue, juteux négoce, à 5000 euros par frontal. En le quittant devant un café crème, « Goyo » nous avoue qu’il aurait aimé posséder les ascenseurs de la Tour Eiffel. De la France, il ne connait que Paris. Dix euros, quatre ascenseurs, 60 personnes par ascenseur, il a vite calculé le velours…

19h43, par la rocade M50, nous contournons Madrid pour parvenir à Alcala de Henares. Je somnole. Soudain, à cent mètres devant nous une garde civile nous fait signe de nous garer. Michel à franchi une ligne blanche pour éviter de bifurquer à droite vers Torrejón de Ardoz. Il n’est pas le seul, trois voitures attendent leurs P.V.

-C’est 100 euros d’amende. Papiers, permis de conduire, por favor ordonne la fliquette. Et-là, le surréalisme, mis de côté depuis le Patou matinal, revient plein galop. L’autre policier, la trentaine, ramène les papiers à Michel et nous dit texto à travers la portière : « Moi je suis aficionado, mordu de corrida. Je vais vous sortir un mouchoir blanc pour vous gracier ».

Eberlués on se regarde avec Michel. On lui dit où on ne lui dit pas ?

Ensemble, d’une même voix et quitte à le vexer nous lui répondons que pour la grâce, c’est le mouchoir orange. Il se tape le front : « bien-sûr, suis-je bête, c’est le « naranja » !

Après le Victorino de Séville, le second « indulto » en neuf jours, c’est pour Michel.

Macadam Toro,Zocato.

P.S. : Parole d’honneur, jamais, avant qu’il ne nous gracie nous n’avons évoqué notre métier taurin.