Samedi 25 octobre, Saint Martin de Crau.
J’ai pris le temps de flâner pour arriver jusqu’à Farinon, le mas des frères Granier à deux pas de l’autoroute qui file d’Arles à Salon, le long de ce qui fut la nationale 113.
J’ai longé le Vaccarès. La route était déserte. Mon auto a levé quelques oiseaux qui roupillaient dans les talus.
J’ai traversé Arles où le marché hebdomadaire déborde de chrysanthèmes, c’est la période.
Puis Raphèle où les réclames vantent alternativement le saucisson d’Arles véritable (à droite de la route) et le vrai saucisson d’Arles (à gauche). Inutile de choisir, il y a belle lurette que cette spécialité n’est plus fabriquée dans le coin. Au point qu’on peut se demander si elle a jamais vraiment existé. Arles, après tout, excelle à faire vivre ce qu’on ne voit jamais.
Philippe Lapeyre « San Gilén » m’avait convié à une fête intime où on célèbrerait la fin de la saison de l’école taurine de Béziers en compagnie de quelques uns de ses élèves, de leur famille et de Juan Bautista. « On sera entre nous », m’avait-il précisé.
Au fond de la solennelle allée de platanes, le mas Farinon est encerclé de bagnoles. Il y a 100 personnes au bas mot, 150 peut-être. Comme il n’y a que cinq élèves de l’école taurine, il faut croire qu’ils ont chacun une très nombreuse famille.
Le troupeau des vaches grises a l’air de se régaler dans la luzerne.
Juan Bautista arrive pile à l’heure du rendez-vous. Pendant que les gardians trient les vaches qui devront être tientées, je constate qu’il est le seul à s’étirer. Longuement. Scrupuleusement. Les élèves de Philippe, magnifiquement vêtus « de campo » attendent, debout à l’ombre d’un arbre. Les familles s’esquichent sur une remorque posée en plein champ.
La seconde vache porte le numéro 246. Juan Bautista la torée à merveille.