C’était un souhait de l’Etat dès 2013: rendre publiques toutes les données concernant les marchés publics en France. En Bretagne, c’est une réalité depuis quelques semaines: un portail dans lequel on trouve toutes les données relatives aux marchés publics attribués en Bretagne. Un atout pour les entreprises comme pour les donneurs d’ordres.
C’est l’association Breizh Small Business Act qui est à l’origine de ce « prototype », développé à partir des informations du Conseil régional sur 2013, 2014 et 2015. La Bretagne le premier donneur d’ordre public, et de fait la première région, à faire cet exercice de transparence. La présence de Céline Faivre, fondatrice de l’association, au secrétariat général pour la modernisation de l’action publique (SGMAP), n’est sans doute pas étrangère à cette primauté. Et ce n’est pas fini, My Breizh Data est un prototype, destiné à se développer en associant d’autre donneurs d’ordres publics.
Lire l’épisode 1, quand à Rennes, les données transport se libèrent.
« C’est un choix politique, ce n’est pas forcément évident parce qu’il y a une forme de mise en danger de montrer clairement le montant des marchés attribués aux entreprises bretonnes, et non bretonnes d’ailleurs » explique Céline Faivre dans une interview donnée à RCF Alpha. Cette dernière a œuvré au développement de la plate-forme de services liés aux haut-débit, Mégalis Bretagne. Elle connait donc bien la Région et ses arcanes. Ce qui a plaider à convaincre le président de la Région, Pierrick Massiot, s’il ne l’était pas déjà.
Sur @radiorcf – Céline Faivre @breizhSBA présente « My Breizh Open Data -Marchés Publics » http://t.co/HfYrib2CYZ pic.twitter.com/l1L9eKDvPu
— Véronique Massé (@ComIsee) March 22, 2015
Il faut désormais savoir comment exploiter ces données. Les quelques deux milliards d’euros versés chaque année, en majorité en direction du BTP, en Bretagne, restent en effet à détailler. « En France, on sait qu’il y a 71 milliards d’euros attribués par des marchés publics, mais secteur par secteur, il est intéressant d’obtenir des statistiques claires par secteurs d’activité, par filière, en fonction de la taille de l’entreprise » explique Céline Faivre.
Le but étant d’aider les chefs d’entreprise à mieux se positionner sur ces marchés. Avec My Breizh Open Data, « une filière bien développée en Bretagne pourrait s’apercevoir qu’elle n’obtient que 30% des marchés publics, parce que les entreprises ne candidatent pas, ou que ces dernières se voient attribuer très peu de marchés » explique Céline Faivre.
Et pour la collectivité à avoir du recul sur sa politique d’attribution des marchés. « L’acheteur public aura une image plus claire de ce que la commande publique peut engendrer en matière d’économie » souligne Céline Faivre. Autre exemple, le pourcentage, de marchés attribués aux entreprises du tiers-secteur, peut-être un bon indicateur du soutien à l’économie sociale et solidaire.
A quand des datas-consultants ?
A l’heure où l’on se pose la question, il est bien possible que cette nouvelle compétence fasse son apparition sur les cartes de visites. Celle de « data-scientist », experts en donnée, existe déjà. A Etalab, qui dépend du Secrétariat général à la modernisation de l’action publique, ils aident à définir des pistes d’utilisation des données ouvertes, dans le cadre de la citoyenneté par exemple, ou de l’aménagement du territoire. Ils sont, en quelques sorte, des détectives de la donnée. Et à coup sûr, vont peupler les cabinets de consultants, aux côtés des communiquants et des cost-killers.